Parmi les looks les plus inoubliables de l’histoire du cinéma d’épouvante, on peut lister, entre autres, la tronche de grand brûlé de Freddy Krueger, le masque de Michael Myers dans Halloween, le costume-perruque de Norman Bates dans Psychose ou encore la ddégaine de garagiste-hockeyeur de Jason dans les Vendredi 13. Et bien sûr, dans les 90’s et 2000, le célébrissime masque de Ghostface dans la série des Scream. Avec sa tête en cire fondue rappelant Le Cri de Munch, le masque blanc s’est imposé comme un incontournable. Mais d’où vient-il ?
Quand Wes Craven a débarqué sur le projet Scary Movie (le titre d’origine de Scream) en 1994, le scénario signé Kevin Williamson était très vague quant au look du tueur masqué. Wes Craven et son équipe devaient donc imaginer à quoi il allait ressembler. Une tâche mine de rien pas facile tant on sait que tout bon boogeyman se doit d’avoir un look qui marque et imprègne afin de rester dans les annales. On a parfois attribué l’idée du masque à Craven lui-même, suite à une interview où il l’affirmait. Mais il s’agit là d’une erreur. Le mérite en revient vraiment à Marianne Maddalena, l’une des productrices du film. Maddalena était en voyage pour faire du « scouting location ». Comprenez par là, du repérage de décors. Elle cherchait notamment des maisons pouvant coller à ce qui était recherché pour le tournage. Alors du côté de Santa Rosa en Californie, elle tomba sur une maison abandonnée qui, pour l’anecdote, avait servi jadis de décor au L’Ombre d’un Doute d’Hitchcock en 1943. A l’intérieur, rien de bien convaincant pour Scream. Elle jettera d’ailleurs son dévolu sur une maison du voisinage, qui deviendra celle de Tatum et Dewey (Rose McGowan et David Arquette). Néanmoins, cette petite visite de ladite maison abandonnée n’aura pas servi à rien. Dedans, Marianne Maddalena tomba sur un vieux masque d’Halloween oublié dans un recoin, suspendu à un poteau. Plutôt flippant, elle ramena le masque à Wes Craven qui le trouva totalement à son goût. Seul souci, les droits.
Après quelques recherches, il s’est avéré que le masque était la propriété d’une société baptisée Fun World, spécialisée dans les costumes d’Halloween, et qui l’avait sorti aux alentours de 1991-1992. Son nom était « Le fantôme aux yeux d’arachide » en référence à la forme des yeux qui ressemblait… à des cacahuètes. Flairant le bon moyen de faire cracher un peu de pognon au puissant Hollywood, la société Fun World se montra dure en affaires pour céder les droits de leur « trésor ». Dimension Films demanda alors à Craven de trouver un autre masque. D’autant que Bob Weinstein (frère du paria Harvey) détestait cordialement ce masque, qu’il ne trouvait absolument pas terrifiant. Mais au lieu de s’exécuter, Craven demanda à Greg Nicotero et Howard Berger, les designers de chez KNB en charge des effets horrifiques, d’imaginer leur propre version du masque en question. Une version suffisamment proche pour rester dans l’esprit, mais suffisamment différente pour échapper au problème du copyright. Plusieurs masques furent créés et l’un d’entre eux sera même utilisé dans deux scènes (celle avec Drew Barrymore au début qui fut la première tournée et celle du meurtre du Proviseur Himbry).
Mais… Parce qu’il y a un « mais ». Au fond, l’idée finale n’était pas d’utiliser réellement ces ersatz du masque. Il s’agissait surtout pour Dimension Films de prouver à Fun World qu’ils pouvaient faire sans eux. Mais en coulisses, Wes Craven y tenait vraiment. A tel point que durant le tournage de la scène d’intro avec Drew Barrymore, il se glissa lui-même sous le costume de Ghostface pour certains plans. Bref, par ce subterfuge, le studio entendait surtout mettre la pression sur l’éditeur du masque. pour le faire plier dans les négociations. Et ça a marché. Très vite, elles ont repris entre les deux parties et, comme on pouvait s’y attendre, tout ce beau monde est tombé d’accord sur un deal moins onéreux. Wes Craven a obtenu de pouvoir utiliser le vrai masque d’origine de Fun World et il servira pour tout le reste du tournage. Bien évidemment, Fun World en tira un bénéfice considérable. Le succès planétaire de Scream permettra à la firme de ressortir le masque sous l’appellation « Ghostface » et il devînt un gigantesque hit d’Halloween. A noter que pour la série télé dérivée, les droits n’ont pu être obtenu faute de budget suffisamment pour se les payer. D’où le fait que le masque culte a été remplacé.