Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Wolf of Wall Street
Père : Martin Scorsese
Livret de famille : Leonardo DiCaprio (Jordan Belfort), Jonah Hill (Donnie), Margot Robbie (Naomi), Matthew McConaughey (Hanna), Kyle Chandler (Denham), Rob Reiner (Max Belfort), Jon Favreau (Manny), Jon Bernthal (Brad), Jean Dujardin (Saurel), Joanna Lumley (Tante Emma)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 25 décembre 2013 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 2h59
Poids : 2 millions €
Signes particuliers (+) : C’est un Scorsese au meilleur de sa forme qui nous balance là un biopic hallucinant et halluciné, véritable fresque épique « gangstérisée » convoquant autant Attrape-moi si tu peux, Casino que le Wall Street d’Olivier Stone. Drôle et tragique à la fois, en plus d’être virtuose et créatif, cette nouvelle incursion dans l’univers des hors-la-loi est l’une des baffes de cette fin d’année, histoire de dire « au revoir » à 2013 en beauté et avec panache devant une oeuvre grandiose et géniale, portée par un DiCaprio absolument E-NOR-ME !
Signes particuliers (-) : Un léger relâchement dans le dernier tiers mais sans réelle conséquence sur le film puisque le niveau est tellement haut, que même un ralentissement l’abaisse du « excellent » au « sacrément bon » !
ATTRAPE-MOI DANS WALL STREET SI TU PEUX !
Résumé : L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…
Difficile à croire que derrière sa tenue de gala clinquante, ses allures de fresque monumentale et son casting prestigieux, Le Loup de Wall Street est un film qui revient de loin. Et pourtant… Sorti en 2005, le livre de Jordan Belfort, véritable courtier-star des années 90 qui épousera l’illégalité pour monter au sommet avant de redescendre en prison, commença par faire l’objet d’une bataille acharnée pour les droits d’adaptation entre Leonardo DiCaprio et Brad Pitt. Surenchère sur surenchère, le premier l’emporta pour la vision du projet qu’il imaginait déjà. Initiée en 2007, cette adaptation a pourtant bien failli ne jamais voir le jour. Convaincu par la force du sujet et par la motivation de l’acteur, Scorsese entama la pré-production sous la bannière Warner. Mais une grève des scénaristes qui ébranla Hollywood pendant un an poussa le studio à se retirer et laissa le film à l’abandon. Ridley Scott s’y intéressa ensuite pour le compte de la Fox en 2010. Nouvel abandon. Entretemps, Scorsese s’en est allé vers d’autres horizons, enchaînant le sous-estimé Shutter Island ou le féériquement somptueux Hugo Cabret, tout en gardant dans un coin de sa tête, ce projet qui lui tenait à cœur. Pas étonnant, lui le cinéaste italo-américain qui aura de tout temps été fasciné par l’univers des truands et des gangsters, par ces récits d’ascension et de chute, de grandeur et décadence.
En 2012, Martin Scorsese voit enfin son bébé renaître, monté en dehors du circuit des studios pour un budget réuni de 100 millions de dollars. De quoi cajoler et nourrir un beau bébé. Le cinéaste recrute alors sa galerie de comédiens, le rôle-titre de l’anti-héros Belfort étant déjà dévolu à son fidèle et ami producteur DiCaprio avec lequel il collabore pour la cinquième fois. Jonah Hill, Matthew McConaughey, Jon Bernthal (le Shane de Walking Dead), Jon Favreau, Margot Robbie, Kyle Chandler, Spike Jonze ou encore notre Jean Dujardin national, du beau monde embarque à bord de l’aventure The Wolf of Wall Street, acide et sulfureux projet montrant les dents envers le système financier boursicoteur. Le roman de Jordan Belfort écrit à sa sortie de prison était en effet comme une sorte de mea culpa couché sur papier où le courtier se mettait à nu, racontant son parcours depuis son arrivée à Wall Street en tant que minable assistant jusqu’à sa déchéance après une étourdissante réussite. Scorsese à la tête d’une grande fresque de trois heures relevant typiquement du cinéma qu’il affectionne, comment dire qu’on band***, jubilait d’avance pardon…
Claque monumentale à la fois attendue et redoutée, Le Loup de Wall Street marque bien le retour du metteur en scène au cinéma qu’il affectionne le plus. Et à 71 ans, il n’a pas perdu la main le Marty, qu’on se rassure. Le metteur en scène signe un film grandiose, construit comme un Casino rencontrant Attrape moi si tu peux dans l’univers du Wall Street d’Oliver Stone. Un portrait sans fard et sans teint, peignant l’image hallucinée d’un homme qui a basculé du côté obscur du dollar, avec tout ce qu’il faut de force, de grandiloquence et de cynisme dans le bon sens du terme, pour en faire un monument épique incroyable. Particulièrement osé, presque amoral, bourré d’audace en tout genre et d’une aisance étourdissante, Le Loup de Wall Street est un film puissant, intense, sulfureux, à la fois complètement fou, hilarant (oui, oui, hilarant) et dans le même temps très sombre et cruel envers la plongée dans la décadence tapageuse qu’il illustre.
Scorsese gangstérise son biopic, en faisant un clinquant drame aux allures de thriller haletant surchargé visuellement et narrative pour au mieux coller à la folie démesurée de son personnage qui a perdu pied à se fricoter de trop près avec le diable. La réussite de l’entreprise n’aurait pu être ce qu’elle est sans la performance énooooorme d’un DiCaprio des très grands soirs, explosif et démentiellement habité, qui mériterait plus que largement cette statuette qui lui est injustement déniée depuis des lustres. L’acteur vedette qui incarne littéralement son personnage et le film tout entier par un jeu habité et dans lequel il donne tout ce qu’il a, est solidement appuyé par une distribution formidable qui donne l’impression de jouer par et pour lui, telle une équipée autour de son leader. Jonah Hill en tête, loin des comédies trash de la bande Apatow, est impressionnant et s’en donne à cœur joie. La belle blonde Margot Robbie aussi, admirable de dévouement notamment dans une poignée de scènes très difficiles. Et que dire de Matthew McConaughey, qui n’a qu’un second rôle au timing serré mais plus marquant en un quart d’heure que certains comédiens dans toute une carrière. On pourrait également s’arrêter sur un parfait Jon Bernthal ou sur un Jean Dujardin amusant de franco-française attitude. Le seul point noir au final, c’est que l’on regrettera juste le manque de présence de Kyle Chandler qui ne dispose que de bouts de scènes pour exprimer son talent.
La durée conséquente de trois heures aurait pu ressembler être une imposante montagne que l’on hésite à gravir mais Scorsese trouve toujours le moyen d’emmener son très long-métrage avec suffisamment de maestria virevoltante pour qu’elles passent sans peine même si, logique oblige, la dernière demi-heure paraîtra plus longuette. Mais c’est là l’effet « durée conséquente » car jusqu’au-bout, Le Loup de Wall Street est tout simplement exceptionnel. Brillant de virtuosité dans sa mise en scène (tout en mouvements, en classe, en fluidité et en créativité), généreux dans le spectacle épique qu’il propose en décuplant sans cesse la dimension de ses scènes et enfin alimentés par paquets de douze en moments instantanément cultes (la prise de Lemmon 714 est probablement l’une des séquences les plus mémorables de l’année 2013), Le Loup de Wall Street est un très grand cru scorsesien dans sa plus pure tradition.
Le cinéaste s’emploie à garder un recul et lucidité sur son anti-héros, véritable monstre (à tous les égards) de cupidité terrifiante. Un recul qui cela dit, finit par légèrement s’entrechoquer avec le degré évident de fascination récurrent dans le cinéma de Scorsese, pour ces hors-la-loi éclatants, tape-à-l’œil et charismatiques, amenant le film vers une troublante et insidieuse ambiguïté sur l’impression laissée, notamment par une fin très ambigüe sur le propos qu’elle tend à démontrer au détour d’un plan qui ne manquera pas d’être largement discuté en ce qu’il laisse pointer toute la fascination scorsesienne pour les héros de ces univers évoluant au-delà des lois.
Le Loup de Wall Street est un petit monument ressuscitant le Scorsese des années 90, celui des Affranchis, celui de Casino. Portrait tout en démesure (comme Scarface en son temps, où la réal s’adaptait au ton du film) nourri à l’avidité de l’argent qui transforme les hommes et les âmes, en drogués insatiables et enchaînés, ce biopic est explosif, ravageur, inventif et nous promène entre hilarité et horreur gangréneuse dans un univers terriblement noir et acide, derrière la drôlerie avec laquelle il repousse les limites de la décadence. L’année 2013 aura été un bon cru, elle s’achève carrément en fanfare ! Merci m’sieur Scorsese pour ce génial tourbillon frappadingue dont le tragique est d’être basée sur une histoire vraie.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux
Meerci Aly pour tout cela et bienvenu parmi nous !
bonjour
j’ai découvert ce site à la faveur du passage de l’un de ses créateurs à l’émission hebdomadaire « le cercle » diffusée sur Canal + cinéma et je m’en félicite;
Franchement pour moi qui vis à Alger, c’est une très bonne surprise, j’ai lu quelques articles dont celui consacré au « loup de wall street » et j’ai pu constater que le contenu est accessible pour des gens comme moi, c’est à dire profanes aimant le cinéma mais n’étant pas au fait des diverses techniques qui servent à le façonner;
les références fréquentes à des films passés est également un élément appréciable car permettant au lecteur de s’orienter
vivement que ce film soit disponible sur le marché DVD chez nous