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LE CHASSEUR (critique)

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Carte d’identité :
Nom : The Hunter
Père : Daniel Nettheim
Livret de famille : Willem Dafoe (Martin David), Frances O’Connor (Lucy), Sam Neill (Jack Mindy), Morgana Davies (Sass)…
Date de naissance : 2011
Nationalité : Australie
Taille/Poids : 1h42 – Budget NC

Signes particuliers (+) : Un drame naturaliste somptueux et lunaire, hypnotisant par la puissance de ses images, bouleversant par la tendresse de sa peinture des relations humaines qui enrichissent un homme.

Signes particuliers (-) : La fin se laisse aller au théâtral sans pour autant être mauvaise. La petite Morgana Davies est sous-exploitée.

 

VOYAGE EN TAZ-MANIA

Résumé : Martin David, un mercenaire, est envoyé en Tasmanie par une firme biotechnologique qui aurait des éléments tendant à montrer qu’il existerait encore un ou plusieurs tigres de Tasmanie, une espèce éteinte depuis des décennies. Prêt à tout pour y mettre la main dessus, le chasseur doit se fondre dans le décor pour traquer l’animal. Des rencontres bouleverseront sa mission…

Le Tylacinus Cynocephalus… Kézako ? Non, il ne s’agit du nom savant d’un médicament contre la gastro mais de l’appellation latine d’une espèce animale aujourd’hui disparue depuis plusieurs décennie : le tigre de Tasmanie. On connaît bien les fameux diables de Tasmanie, ces marsupiaux de la petite île éponyme au large de l’Australie mais les tigres de Tasmanie, en revanche, sont eux plus méconnus et pour cause, on estime leur disparition aux alentours de 1936, victimes d’une chasse intensive. Parfois également appelée « loup de Tasmanie », cette variété de tigre locale est encore aujourd’hui l’objet d’un fantasme, la jungle tasmanienne étant si vaste, que certains estiment que l’animal y existerait encore, vivant caché, loin de l’homme, loin des regards, dans des contrées très reculées voire inexplorées. C’est tout l’enjeu du film The Hunter de l’australien David Nettheim, réalisateur qui a essentiellement officié pour la télévision ou sur des séries télé et qui signe là un petit budget naturaliste magnifique, Malheureusement inédit chez nous et qui devrait sortir directement en DVD début 2013. Une honte tant ce drame magnifique est de toute beauté, porté par un bouleversant Willem Dafoe qui poursuit sa carrière australienne après Daybreakers.

Prix de la Critique à Toronto en 2012, The Hunter raconte le séjour d’un mercenaire en Tasmanie, mandaté par une grosse firme occidentale pour y traquait un soi-disant dernier tigre de Tasmanie dont l’existence aurait été corroborée par quelques rares sources. Mais sur place, des rencontres, notamment avec une famille dont le père, un écologiste activiste, a disparu, et le caractère si singulier de cette région lointaine aux milles secrets, va remettre en question son travail, sa morale, perturber sa conscience et barrer la route à sa détermination. Autour de Willem Dafoe, un beau casting composé du désormais discret Sam Neill en autochtone trouble, de la touchante Frances O’Connor en mère de famille abattue et dépressive et de la petite et exceptionnelle Morgana Davies, mignonne petite blondinette toujours haute comme trois pommes, découverte dans le sublime L’Arbre de Julie Bertuccelli.

The Hunter est un film lent, un drame sensoriel tourné sur les relations humaines, sur les rencontres fortes qui ont ce pouvoir de tisser le destin des hommes, de bouleverser les donnes établies, de changer le cours des histoires. A travers la mission d’un homme, c’est un parcours presque initiatique qui se dessine où le choc culture/nature va transfigurer cette traque calme pour élever le film en un superbe pamphlet à la fois humaniste, écologique et naturaliste. David Nettheim, australien de naissance, parle de la beauté de son île, de sa richesse source de convoitise cupide, mais ne le fait pas avançant balourdement ses pions comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Au contraire, le cinéaste glisse son message avec grâce et discernement, avec subtilité et poésie en l’appliquant en toile de fond d’un drame sensible et étourdissant au rythme des paysages magiques qui se déploient sans facilité aucune. Car il est facile de livrer une belle œuvre enrobée de belles images, misant sur leur beauté intrinsèque pour émouvoir. Mais il est plus difficile de leur donner de la force, celle de se déployer autour d’une histoire forte qui passe au premier plan. Lent mais jamais ennuyeux, beau à en crever mais jamais facile et simpliste, The Hunter est une merveille épidermique, l’appréhension délicate d’un univers entièrement tournée du regard de son personnage principal dont nous partageons la découverte progressive de ces contrées et de ses mystères avec en pointe, cette quête, cette énigme du légendaire tigre de Tasmanie. Rêve fantasmagorique ? Réalité ? On se plaît à suivre cette trépidante traque entre un homme et un supposé animal, quête palpitante alors qu’il ne se passe pour ainsi dire pas grand-chose si ce n’est l’évolution d’un homme qui grandit de jour de jour. Et pourtant, il se dégage une telle intensité de cette œuvre bucolique sobre gonflée d’une belle satyre du monde moderne et d’une leçon de vie subtile et juste, déployée sans artifices ni trucs scénaristiques. Insaisissable, The Hunter se traverse comme une ballade dramatique hypnotique qui réussit à faire ressortir du beau dans la laideur de ce qu’il raconte sur la condition humaine. Magistral.

Bande-annonce :

2 thoughts on “LE CHASSEUR (critique)

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