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LA PROCHAINE FOIS, JE VISERAI LE COEUR de Cédric Anger [Critique – Sortie DVD/Blu-ray]

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459922.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre
note 7-10
Carte d’identité :
Nom : La prochaine fois, je viserai le coeur
Parents : Cédric Anger
Date de naissance : 2014
Majorité : 18 mars 2015
Type : Sortie en DVD/Blu-ray
(Édité chez TF1 Vidéo)
Nationalité : France
Taille : 1h51 / Poids : 4 M€
Genre : Drame, Policier

Livret de famille : Guillaume Canet (Franck), Ana Girardot (Sophie), Jean-Yves Berteloot (Lacombe), Patrick Azam (Locray), Arnaud Henriet (Nono), Douglas Attal (Carpentier), Pierick Tournier (Ossart)…

Signes particuliers : Cédric Anger se penche sur la personnalité d’un tueur tristement fascinant : le tueur de l’Oise. Un Dr Jekyll et Mr Hyde des temps modernes, à la fois gendarme et assassin.

50 NUANCES D’UN TUEUR

LA CRITIQUE

Résumé : Pendant plusieurs mois, entre 1978 et 1979, les habitants de l’Oise se retrouvent plongés dans l’angoisse et la terreur : un maniaque sévit prenant pour cibles des jeunes femmes. Après avoir tenté d’en renverser plusieurs au volant de sa voiture, il finit par blesser et tuer des auto-stoppeuses choisies au hasard. L’homme est partout et nulle part, échappant aux pièges des enquêteurs et aux barrages. Il en réchappe d’autant plus facilement qu’il est en réalité un jeune et timide gendarme qui mène une vie banale et sans histoires au sein de sa brigade. Gendarme modèle, il est chargé d’enquêter sur ses propres crimes jusqu’à ce que les cartes de son périple meurtrier lui échappent.la_prochaine_fois_je_viserai_le_coeurL’INTRO :

Probablement influencé par le succès des émissions et des séries criminelles, autant que par le potentiel né du mélange entre la chronique dramatique et l’enquête policière, les films basés sur des faits divers impliquant des tueurs en série connaissent une recrudescence depuis quelques années au cinéma, dans l’ombre de l’excellent magazine Faites entrer l’accusé qui fait les beaux jours de France 2 depuis quinze ans. Quelques semaines avant la très célèbre affaire Guy George, portée habilement à l’écran par Frédéric Tellier avec L’Affaire SK1, le cinéaste Cédric Anger s’était intéressé à autre un fait divers criminel plus méconnu, l’affaire Alain Lamare. Direction l’Oise des années 70, encore traumatisé par l’histoire de Marcel Barbeault, serial killer dont les ravages lui auront valu le sobriquet de « tueur de l’Ombre ». La particularité d’Alain Lamare (baptisé sobrement « le tueur de l’Oise) était d’être un gendarme enquêtant sur sa « propre affaire ». C’est le comédien Guillaume Canet qui prête ses traits à ce personnage déséquilibré et tristement fascinant.la_prochaine_fois_je_viserai_le_coeur_5L’AVIS :

L’adaptation de fait divers est un exercice cinématographique toujours délicat en cela qu’il présente le défi de devoir aller plus loin que la simple reconstitution d’une enquête policière pour s’éviter de verser dans une facture trop clinique donnant l’impression de se substituer à un effort de documentaire. L’angle choisi par Cédric Anger avec La Prochaine Fois, Je Viserai le Cœur fait la différence puisque le cinéaste ne s’est pas tant intéressé à l’enquête en elle-même mais plutôt à la personnalité du tueur, abordant le récit de son point de vue. En lieu et place du déroulé factuel d’une affaire criminelle comme tant de polars ou policiers à la mode, le metteur en scène dresse un vrai portrait en immersion dans le cerveau torturé d’un sociopathe. Et le résultat est brillant.la_prochaine_fois_je_viserai_le_coeur_3La force de La Prochaine Fois, Je Viserai le Cœur est de ne jamais juger son personnage, de ne jamais chercher à expliquer l’inexplicable, restant positionné à distance respectable entre empathie et horreur effrayante, l’un annulant l’autre et vice versa, à la recherche d’un équilibre difficile, ni compatissant, ni explicatif, ni rationnel. Car au fond, c’est toute l’essence même du film et du parti pris d’Anger, qui trouve là son point d’ancrage. Dans le fait que les actes d’Alain Lamare, reconnu atteint d’une rare forme de schizophrénie mentale, était dénués de sens et de motivations, pour le commun des mortels, pour la justice, voire pour lui-même. Et plutôt que de se risquer sur le sentier versatile du psychologique avec le danger de se planter, le metteur en scène privilégie la peinture énigmatique, qui règne en maître dans cet effort glaçant, inquiétant, et rudement tenu par une atmosphère permanente de malaise aux confins du troublant, à l’image du personnage et du ressenti que dégage cette œuvre lourde et chargée en tension. la_prochaine_fois_je_viserai_le_coeur_4Portrait d’un tueur au-dessus de tout soupçon par sa fonction masquant le côté sombre de son double-visage, La Prochaine Fois, Je Viserai le Cœur est une franche réussite, peut-être un peu incomplète en cela qu’elle ne se permet pas de gratter le vernis des démons qui obsèdent son personnage, mais qui ne rate pas sa cible et qui profite de l’époustouflante prestation d’un Guillaume Canet saisissant et auteur de l’une de ses meilleures interprétations à ce jour, à la fois sobre, explosive et terrifiante.067963

LES SUPPLÉMENTS

Malgré leur mauvaise qualité technique (compression de l’image catastrophique), les suppléments n’en sont pas pour autant inintéressants et offrent largement la parole à l’équipe du film qui revient en détail sur le projet. D’abord par un making of d’une quinzaine de minutes où interviennent Guillaume Canet, Anna Girardot, la productrice du film… L’occasion d’en apprendre un peu plus sur la venue de l’acteur à bord de l’aventure, sur l’envie et les motivations de Cédric Anger en se penchant sur ce fait divers, sur les difficultés et les contraintes d’un tournage d’époque… Le Faites entrer l’accusé sur Alain Lamare est évoqué, Guillaume Canet explique avoir voulu travailler avec Cédric Anger depuis longtemps, les choix artistiques sont mis en avant, à commencer par cette volonté de précision dans l’instantané d’une époque mais sans verser non plus dans l’esthétique documentaire. Des images du tournage s’intercalent entre ces interviews pertinentes. Suit un second supplément, une entrevue avec le réalisateur Cédric Anger d’une bonne trentaine de minutes, moins porté sur le projet en général, mais revenant davantage sur le personnage, sa psychologie, ce qu’il était, ce qui transparaît dans le film, le tout autour de quelques scènes décryptées. A défaut d’être quatitatif et variés (pas de scènes coupées etc…), ces bonus permettent d’en apprendre davantage sur un film qui vient se ranger parmi les meilleurs du genre.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

6 thoughts on “LA PROCHAINE FOIS, JE VISERAI LE COEUR de Cédric Anger [Critique – Sortie DVD/Blu-ray]

  1. Merci pour ton retour Julien.

    Le film n’explore pas les victimes car elles ne sont pas le sujet. Le film sortirait de ses intentions en allant dans leur histoire. Pour le reste, c’est du ressenti donc en effet, c’est à l’appréhension de chacun. Par contre, petit non-sens quand tu évoques le côté « prévisible »… Étant donné qu’il s’agit d’un fait divers réel, difficile de faire « original ». Anger ne pouvait pas raconter tout et n’importe quoi et était bien obligé de s’en tenir à l’histoire du tueur de l’Oise…

    1. Je pense que la manque d’exploration des victimes est mauvaise parce que quelque exploration aiderait le public a se sentir touché. Les femmes ne sont pas le sujet, c’est seulement Franck, mais ça laisse le film trop fatigant, incomplète.

      C’est basé dans un fait divers mais le scénario n’a aucun mystère, Franck est toujours étrange, il a un visage vide, aucune connection avec le spectateur. Et comme Canet n’est pas convaincant, il est seulement un acteur moyen, il n’a pas me touché pendant tout le film.

      Au-delà, le film n’a rien d’original, je l’ai dejà vu dans Faites entrer l’accusé. C’est mon avis, chacun avec le sien =P

        1. Ce ne sont pas des problèmes très sévères voire compréhensibles mais par exemple, la démarche voulue par Anger de s’en tenir au mystère (démarche qu’il détaille brillamment dans les bonus en expliquant que même la justice n’a pas su comprendre Lamare donc il ne voulait tenter de le faire derrière elle car il n’en avait pas la légitimité) a une contrepartie, c’est que le film lisse un certain sentiment de frustration autour du personnage. On ne sait pas grand-chose de son passé, du pourquoi du comment. Après globalement, le film aurait pu être meilleur, bien entendu. Et pourquoi 7 ? Parce que 7 c’est déjà une excellente note. Il faut bien garder une marge de progression. Le film a beau être réussi, ce n’est pas non plus un chef d’oeuvre ! Par contre, je te trouve dur avec Canet, qui d’oridinaire est un acteur franchement moyen et qui là, propose vraiment quelque-chose avec conviction.

          1. Oui, exactement! Le scénario manque aussi des quelques info sur le passé de Franck. Moi, je ne trouve pas 7 une bonne note (c’est moyen, 8 ou 9 c’est bon!), mais c’est ta note =P

            Je trouve Canet une version française de Ben Affleck, un acteur toujours moyen ou pire, sans expressions et forcé. Je ne suis pas dur, je seulement pense qu’il est mauvais et son visage vide m’énerve. Je connais des gens qui sont d’accord avec moi et autres qui sont d’accord avec toi, c’est une question d’opinion.

            Sincèrement, je trouve Benoît Magimel et Gilbert Melki meilleurs que Canet dans les films precedents d’Anger. Mais Canet est très populaire alors…

  2. Je n’aime aucun film d’Ánger, surtout « La Prochaine Fois… ». C’est un film ennuyant, qui explore très peu les victimes (une chose basique mais pas réussi au scénario), au-delà de une quantité excessive de scènes sans émotions avec Franck. Je n’ai rien senti pendant le film et la performance mauvaise, pas du tout convaincante, de Canet n’aide pas non plus. Un thriller prévisibile, que personne ne regardera dehors France. Desolé, mais c’est mon avis et je le partage avec plusieurs gens qui ont vu le film (à l’exception de la presse, qui voulait donner à Canet son premier César mais l’Académie n’a pas l’écouté LoL).

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