Carte d’identité :
Nom : It Comes at Night
Père : Trey Edward Schults
Date de naissance : 2017
Majorité : 21 juin 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h37 / Poids : NC
Genre : Drame, Horreur
Livret de famille : Joel Edgerton, Riley Keough, Christopher Abbott…
Signes particuliers : Un thriller de guerre concept qui vire à l’ennui.
L’HORREUR EST HUMAINE
LA CRITIQUE DE IT COMES AT NIGHT
Résumé : Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé.
Réalisateur de l’excellent Krisha, drame inédit en France qui nous avait fait forte impression au festival de Deauville il y a deux ans, Trey Edward Schults change de registre et enchaîne avec un film d’épouvante annoncé comme l’un des meilleurs du genre cette année, à la fois stressant et intelligent façon The Witch l’an passé. Curiosité piquée au vif, l’attente était énorme autour de cette soi-disant pépite portée par le charisme (ou non-charisme au choix) de Joel Edgerton. Alors qu’une mystérieuse pandémie mondiale sévit au dehors, un homme tente de survivre avec sa femme et son fils, confinés dans leur maison en lisière de forêt. Lorsqu’un désespéré vient frapper à leur porte, ils acceptent d’accueillir sa famille aux abois. Le fragile équilibre de leur survie va en être bouleversé.
Avec It Comes at Night, Trey Edward Schults manipule les codes du genre pour signer un film aux antipodes des séries B traditionnelles. Parce qu’on est plus dans le drame humain que dans l’horreur pure, parce qu’il y a un mystérieux virus là-dehors mais pas de zombies et autres infectés pour l’incarner, parce que les intentions vont davantage en direction de l’atmosphère et d’un regard intimiste que vers l’action et la terreur classique, parce que les thématiques de fond prévalent sur les effets sensationnalistes, et enfin parce que l’horreur qui teinte le film, se manifeste davantage chez l’homme qu’à travers la menace extérieure. Singulier, It Comes at Night déroute et prend l’amateur d’épouvante et de frissons à rebrousse-poil, lui déniant tout spectaculaire au profit d’une sorte de huis clos suffocant, dont les enjeux vont être davantage, de scruter la manière dont la peur et l’instinct de survie vont conduire à l’isolationnisme, au protectionnisme, et à se mettre dans une logique de guerre contre l’Autre. Surtout, comment la peur dans un contexte troublé ou chaotique, peut faire oublier l’humanité au profit d’une individualité sans concession. Sans jugement aucun vis à vis de ses personnages, It Comes at Night devient ainsi une terrifiante parabole sombre, froide et pessimiste, décryptant comment l’homme peut basculer quand il est menacé, et comment la cohésion dans l’adversité peut vite voler en éclats face au poids de la tentation du repli sur soi. Un vrai film social et politique caché derrière un huis-clos voulu terrifiant et claustrophobique, dont le récit fonctionne à l’économie et à l’épure narrative, porté par un nihilisme horrifiant à l’image de son final à la noirceur extrême. Le tout soutenu par une mise en scène et une photographie particulièrement travaillées. En somme, un très beau programme… sur le papier.
Mais dans l’exécution, Trey Edward Schults rate presque tout. Incapable de cristalliser la tension autour de son ambiance pourtant propice, incapable de jouer adroitement avec l’idée de la peur planquée dans le hors-visible, et incapable de bien articuler ses idées de fond à une forme excitante, le cinéaste livre un drame psychologique terriblement ennuyeux, distant et dénué d’émotions, en plus d’être pesant dans sa mécanique narrative. Le principal problème est finalement qu’en ayant voulu se détourner des codes du genre, Schults l’a finalement totalement oublié, pour signer un film qui ne propose pas ce qu’il vend, où l’inverse. L’intelligence et la subtilité du fond est bel et bien là, mais elle ne parvient pas à trouver sa plus belle expression avec la forme épousée par It Comes at Night, qui rate son virage vers le viscéral et se contente de développer ses idées dominantes à travers une pseudo-intelligence pas loin d’enfoncer des portes ouvertes. Car en définitive, ce que raconte le film, on l’a déjà vu ailleurs. On est loin de condamner le fait de le répéter via une nouvelle proposition, mais It Comes at Night aurait gagné à être moins soporifique pour mieux l’exposer, et à manipuler son sujet avec davantage de vigueur.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux