Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Imitation Game
Père : Morten Tyldum
Date de naissance : 2014
Majorité : 28 janvier 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA, Angleterre
Taille : 1h54 / Poids : 70 M$
Genre : Biopic, Drame
Livret de famille : Benedict Cumberbatch (Alan Turing), Keira Knightley (Joan), Matthew Goode (Hugh), Mark Strong (McKenzie), Rory Kinnear (Nock), Charles Dance (Denniston), Allen Leech (Caimcross), Matthew Beard (Peter)…
Signes particuliers : Un biopic passionnant, cousu avec soin, application et élégance par le réalisateur de l’excellent Headhunters.
SUR LA ROUTE DES OSCARS…
LA CRITIQUE
Résumé : 1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable. L’INTRO :
Les plus grands héros sont souvent les moins connus ou reconnus par l’Histoire. Alan Turing appartient à cette caste des grands hommes de l’ombre qui auront fait considérablement avancer la société et l’Histoire du monde, sans qu’il ne le sache vraiment. 1939. La Seconde Guerre Mondiale éclate en Europe. En un éclair, les Nazis font des ravages. En Angleterre, le Gouvernement britannique met sur pied une opération classée Top Secret, visant à cracker la terrible machine Enigma, outil codant toutes les transmissions allemandes pour les rendre indéchiffrables. Champions d’échec, linguistes, scientifiques, spécialistes de la cryptologies, des mots croisés ou des problèmes insolubles, le recrutement atteint un haut degré de sélectivité. Alan Turing, mathématicien aussi surdoué qu’arrogant, entre dans la danse. Ce qu’il s’apprête à faire dépassera de loin le seul cadre de la guerre. Il a changé nos vies à jamais et nous ne le connaissons même pas… À la tête de ce biopic éclairé par le talent charismatique du prodige Benedict Cumberbatch, le nordique Morten Tyldum, cinéaste norvégien révélé internationalement en 2011 avec son troisième et excellent thriller à humour noir, Headhunters.L’AVIS :
Grand gagnant des nominations aux prochains Oscars 2015 (présent dans toutes les catégories majeures avec huit nominations), Imitation Game est un film cousu avec talent, sous les meilleurs auspices. Un biopic requiert généralement deux ingrédients de base auxquels s’ajoutent les agents de saveur et de texture qui font varier sa qualité. En premier lieu, une histoire forte et captivante fondée sur un personnage (ou une situation) intéressant dont la vie nous accroche et nous donne envie d’en savoir davantage. Puis, un acteur hors norme magnifiant cette dite histoire. Car en règle générale, un biopic est porté à bout de bras par son comédien/ne central(e) incarnant à lui-seul le sujet du film. Imitation Game réunit ses deux conjonctures. Méconnue pour bien des raisons logiques que le film dévoile, la vie d’Alan Turing est passionnante, riche et mouvementée, digne des plus beaux mélodrames historiques en plus de brasser plusieurs thématiques allant du génie humain à l’héroïsme indirect et secret, en passant par l’abnégation et même, la condition des homosexuels de l’époque. Et comme s’il fallait un prodige pour en incarner un autre au cinéma, Benedict Cumberbatch est la touche finale qui éclaire l’édifice, le comédien livrant sans aucun doute sa plus grande prestation à ce jour. Morten Tyldum joue avec le style moderne (et à la mode) de la narration alternant plusieurs époques pour dessiner progressivement les facettes de son personnage, chaque couche du récit faisant évoluer les autres dans un tout progressant avec une précision mécanique aux cliquetis gracieux et séduisants. Portrait d’un homme condamné aux secrets (au pluriel), Imitation Game est une belle immersion dans les coulisses de l’Histoire, s’attachant à un homme qui résume à lui-seul une tirade au centre du film : « Parfois, ce sont ceux dont on n’attend rien qui font des choses auxquelles nul ne s’attend. » Pédagogue sans jamais tomber dans le didactisme poussiéreux, le film de Morten Tyldum est une belle œuvre manufacturée avec soin, noblesse et finesse. Derrière son récit historique, le cinéaste glisse intelligemment un discours sous-jacent sur la condition homosexuelle au milieu du XXème siècle, sans jamais se sentir obligé d’appuyer quoique ce soit pour faire rejaillir l’essentiel de son idée. Tragédie émouvante, instructive et parfois drôle, Imitation Game est une réussite qui témoigne une fois de plus du talent de son auteur, décidément promis à un bel avenir.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux