
Nom : A House of Dynamite
Mère : Kathryn Bigelow
Date de naissance : 24 octobre 2025
Type : Disponible sur Netflix
Nationalité : USA
Taille : 1h52 / Poids : NC
Genre : Thriller
Livret de Famille : Rebecca Ferguson, Idris Elba, Greta Lee, Jared Harris, Gabriel Basso, Jason Clarke, Anthony Ramos…
Signes particuliers : Kathryn Bigelow est de retour et -comme toujours- c’est l’heure de prendre une leçon.
Synopsis : Lorsqu’un missile de provenance inconnue est lancé sur les États-Unis, une course s’engage pour déterminer qui est responsable et comment réagir.

LA CHUTE DE LA MAISON BLANCHE
NOTRE AVIS SUR A HOUSE OF DYNAMITE
Fraîchement débarqué sur Netflix, A House of Dynamite marque le retour de Kathryn Bigelow huit longues années après son excellent Detroit. Dans ce thriller atomique, le spectateur est plongé dans une situation d’extrême tension observée de différents points de vue. Un matin, un missile nucléaire est repéré au-dessus du Pacifique. Branle-bas de combat et cellule de crise en Amérique. Aucun radar ni satellite ne peut dire d’où il est parti. Les russes ? Les nord-coréens ? Les chinois ? Une chose est vite acquise, les craintes se confirment, sa trajectoire est en direction du sol américain. Le début d’une course contre la montre que l’on va suivre aux côtés de tous les partis impliqués, du Pentagone à la Maison Blanche, des agences de renseignements ou e sécurité nationale aux bases militaires. Et en quelques minutes seulement, le besoin impératif de trouver des réponses aux questions qui affluent. Quoi faire ? Quelle degré de riposte ? Contre qui ?
Emmené par un casting plutôt emballant (dont Rebecca Ferguson en officier supérieur, Idris Elba en Président de la première puissance mondiale ou Jason Clarke en responsable d’une cellule de crise), A House of Dynamite est un concentré d’angoisse, deux heures hyper tendues alors que le monde est à deux doigts de la guerre thermonucléaire. Kathryn Bigelow ausculte comment pourrait dégénérer une situation qui, au fond, ne relève pas vraiment de la science-fiction, au mieux de l’anticipation à la crédibilité effrayante. Un missile, les Etats-Unis en alerte maximale, et c’est le monde entier qui s’en retrouve déstabilisé avec l’avenir de l’humanité en jeu.

La première grande force du film de Bigelow est de rejouer son histoire étalée sur quelques dizaines de minutes seulement, en plusieurs temps observés selon plusieurs points de vue, tous quasi en temps réel. Et l’effet n’a rien d’un coup d’esbroufe narratif. Il est au contraire plus que payant car c’est à lui que l’on doit l’extrême intensité du film et la pertinence de sa radiographie d’une Amérique plus fragile qu’on ne le croit. Des militaires de la base qui repèrent le missile au Président lui-même, d’un chargé de la Sécurité Nationale à un Général de l’armée, d’une officier de la cellule de crise à son supérieur en passant par le chef du Pentagone (le segment le plus intelligent car il concentre toutes les ombres du récit), la démultiplication des points des vues permet de saisir comment les différentes strates de la hiérarchie américaine réagirait en cas de crise absolue, et les conséquences que cela pourrait avoir sur un monde entier qui s’est lui-même installé dans un pouvoir d’autodestruction. Tout cela en moins deux heures, c’est très fort. En plus d’être passionnant et palpitant, alors que pourtant Bigelow nous refuse le pur spectacle hollywoodien et joue toute son histoire quasi en huis-clos, A House of Dynamite est d’une intelligence exceptionnelle. Hyper sophistiqué dans sa structure et son déroulé où les points de vue des différents centres d’opération en présence complètent et enrichissent constamment le tableau général, le film, boosté par le sentiment d’urgence qu’il déploie avec sa temporalité très resserrée, alpague, impressionne, tend, interroge, terrifie et terrasse.

Avec A House of Dynamite, Kathryn Bigelow réinvente le thriller catastrophe en s’appuyant sur un hyper-réalisme suffocant. Dans la lignée artistique et idéologique de ses meilleurs films (Démineurs ou Zero Dark Thirty, qui questionnaient tous à leur manière le destin de l’Amérique), la cinéaste pulvérise le genre… à condition que d’adhérer à son parti pris radical d’une fin très audacieuse. On n’en dévoilera rien bien évidemment pour préserver le suspens, mais il y a une différence de taille entre une fin ouverte et pas de fin du tout. Et pour rester fidèle à son idée de ne pas tomber dans le cinéma spectacle classique, Kathryn Bigelow fait un choix osé qui risque d’en déstabiliser (et d’en frustrer) plus d’un. Et tandis que ceux-là crieront probablement à l’arnaque, les autres béniront une cinéaste qui a plus de couilles que bien des prétendus bonhommes qui font des films « de bonhommes ». Surtout qu’en s’attardant vraiment sur des micro détails, l’on peut deviner tout ce que le film ne dira ou ne montrera pas. C’est juste que Kathryn Bigelow préfère être subtile plutôt que bourrine et les non-dits s’incarnent dans des idées monstrueusement intelligentes. Bon sang, quel talent ! C’en est presque indécent.
Par Nicolas Rieux