Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Half a Yellow Sun
Père : Biyi Bandele
Date de naissance : 2013
Majorité : 28 septembre 2015
Type : Sortie VOD
Nationalité : USA
Taille : 1h41 / Poids : NC
Genre : Drame historique, Romance
Livret de famille : Chiwetel Ejiofor (Odenigbo), Thandie Newton (Olanna), Anika Noni Rose (Kainene), John Boyega (Ugwu), Joseph Mawle (Richard)…
Signes particuliers : Le réalisateur Biyi Bandele entraîne des comédiens concernés, dans un drame romanesque mettant en lumière une période troublée du Nigeria, la guerre civile qui a fait rage entre 1960 et 1970. Un film à découvrir sur les plateformes ITunes et GooglePlay.
UN AMOUR DANS LA TOURMENTE DE L’HISTOIRE
LA CRITIQUE
Résumé : Dans les années 60, deux sœurs, Olanna et Kainene, retournent au Nigéria où leurs chemins se séparent rapidement. Alors que la guerre civile éclate, la situation politique leur fait oublier leurs différences tandis qu’elles participent à la lutte pour la création d’une république indépendante.L’INTRO :
Sorti discrètement en VOD fin septembre dernier, Half a Yellow Sun est un drame historico-romanesque sur lequel il était intéressant de se pencher pour bien des raisons. D’abord, parce que cette coproduction anglo-nigérienne est l’adaptation d’un bestseller à la renommée mondiale (L’autre Moitié du Soleil en français). Ensuite, parce que le film s’est imposé comme le deuxième plus gros succès de tous les temps au box office nigérien. Troisièmement, parce que son alléchante distribution cumule les talents, d’un côté, la belle et talentueuse Thandie Newton que l’on prend toujours plaisir à retrouver, de l’autre, le multi-primé Chiwetel Ejiofor (12 Years a Slave). Enfin, parce qu’il était l’occasion de découvrir un peu ce que vaut le jeune John Boyega, futur premier rôle du prochain Star Wars Episode VII. Plongeant dans les affres de la guerre civile nigérienne qui a ravagé le pays entre les années 60 et 70 et causée près d’un million de morts, Half a Yellow Sun, premier long-métrage du réalisateur Biyi Bandele, se voulait être une histoire d’amour tumultueuse au cœur d’un contexte tragique, sur un continent africain sans cesse tiraillé entre beauté et douleur.L’AVIS :
Quand le personnage de Chiwetel Ejiofor déclare, non sans une pointe d’amertume, que « l’homme blanc a décidé qu’il était un « homme noir » pour le différencier de lui« , le film Half a Yellow Sun s’élève. Cette tirade à la fois forte et sociologiquement puissante, résume à elle-seule l’entreprise de Biyi Bandele. Half a Yellow Sun est un film d’amour, une vaste fresque romanesque sur fond de guerre civile à la Autant en Emporte le Vent (toutes proportions gardées, cela va de soi), mais c’est avant tout une œuvre personnelle et intimiste, qui entend proposer un regard sur l’histoire de l’Afrique et mener des réflexions pertinentes sur les tragédies qui s’y déroule à répétition, salissant la beauté d’un continent qui ne pourrait être que joie, splendeur, traditions, simplicité et amour. Si Half a Yellow Sun est une fenêtre ouverte sur le Nigéria et son histoire, le film de Bandele embrasse néanmoins une portée plus généraliste. En l’espace d’un film -et de quelques années dans le récit- de pauvres âmes passent du bonheur au malheur, un visage de beauté est défiguré pour sombrer dans l’horreur, un pays a le temps de se faire et se défaire (le Biafra, État sécessionniste qui n’aura existé que de 1967 à 1970). Une République éphémère symbole de l’instabilité non seulement du Nigeria, mais par extension de ces pays d’Afrique à la recherche d’une existence paisible que l’on croirait presque impossible tant le sort semble s’acharner. Pour le réalisateur, la guerre civile est un traumatisme, lui qui est né en plein milieu du conflit. Pareil pour l’acteur Chiwetel Ejiofor, dont les parents ont fui le pays en ces temps troublés. De même pour Thandie Newton, qui a dû quitter le Zimbabwe de son enfance pour Londres, en raison de la même insécurité, résultat des troubles politiques. Pas étonnant de voir ces artistes se donner cœur et âme à la réalisation de ce beau mélodrame poignant.Les intentions de Biyi Bandele étaient non seulement louables mais bonnes, et dans le fond, l’existence de ce Half a Yellow Sun est méritante. Malheureusement pour lui, des intentions n’ont jamais suffit à elles-seules, pour tenir un long-métrage tout entier et surtout le porter vers la destinée recherchée. S’il se suit avec intérêt, Half a Yellow Sun présente trop de carences pour convaincre, carences qui ont pour effet d’atténuer fortement son impact auprès du public. D’abord, son manque de moyens évident qui empêche le film de déployer toute la puissance et les ambitions de la fresque historique visée. Ensuite, sa narration souvent maladroite et confuse, multipliant les ellipses et égratignant non seulement la fluidité mais dans le même temps, la clarté du propos et du récit historique narrée. Enfin, la mise en scène de Bandele manque d’emprise sur son sujet, ne parvenant jamais à nous immerger pleinement avec intensité dans l’horreur de cette page de l’histoire de l’histoire du Nigéria. Ce n’est qu’avec trop de distance que l’on contemple ce portrait touchant mais rarement bouleversant, malgré ses scènes les plus fortes (le massacre dans l’aéroport, celui dans le village ou la scène du mariage brutalement bousculée par la guerre). Biyi Bandele ne parvient pas à rendre son œuvre significative et si l’on saluera au moins la volonté de la mettre en lumière, sa force sombre trop souvent dans le soap romantique, ne parvenant pas à trouver le bon équilibre entre son réel sujet dominateur (les enjeux politiques) et l’angle intimiste (l’histoire amoureuse) par lequel il est abordé.Un peu trop empêtré dans la sagesse d’un point de vue manquant de poigne et d’exigence, cherchant à être ludique au détriment du décryptage des tenants et des aboutissants d’une situation aux ramifications complexes, Half a Yellow Sun ne rend pas bien justice au roman éponyme de Chimamanda Ngozi Adichie et dévie trop grandement vers le mélodrame à la portée réductrice au lieu d’appuyer sur les points moteur de sa confection. On saluera néanmoins l’effort sincère, et les prestations d’Anika Noni Rose et d’une éblouissante Thandie Newton, étoile qui pourrait illuminer même le pire des navets par son éternelle fraîcheur et son talent délectable.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux