Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Revenant
Père : A.G. Iñarritu
Date de naissance : 2015
Majorité : 24 février 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h36 / Poids : 125 M$
Genre : Drame, Aventure
Livret de famille : Leonardo DiCaprio (Hugh Glass), Tom Hardy (Fitzgerald), Domhnall Gleeson (Henry), Will Poutler (Bridger), Paul Anderson (Anderson), Forrest Goodluck (Hawk)…
Signes particuliers : Un an après Birdman, Alejandro Gonzalez Iñarritu n’est manifestement toujours pas disposé à cesser d’impressionner !
LE PÉRIPLE FURIEUX ET VINDICATIF DE LEONARDO
LA CRITIQUE
Résumé : Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.
L’INTRO :
Alejandro Gonzalez Iñarritu est un réalisateur hors normes, à se demander s’il est tout simplement humain. À se demander même s’il existe vraiment dans notre réalité cinématographique. Le passif de l’artiste était déjà énorme. Amours Chiennes, 21 Grammes, Babel, voire même Biutiful, même si ce dernier est plus discuté (et d’ailleurs très discutable). Mais non content de s’être forgé une filmographie en or massif, le cinéaste mexicain n’avait pas encore atteint le summum de son art. Il le fera en 2015, lorsqu’il nous balançait à la figure son Birdman, chef-d’œuvre clinquant et fabuleux de richesse créative. D’ordinaire, nombreux sont ceux qui auraient accusé un contrecoup après un tel coup d’éclat. Pas lui. Un an plus tard, Iñarritu est (déjà) de retour avec The Revenant, énormité cinématographique au sens premier de l’expression. Car Oui, The Revenant est ENORME, assez pour justifier l’emploi de ces majuscules. Le fait de le voir s’entourer de la crème de la crème avec Leonardo DiCaprio, l’un des meilleurs acteurs de sa génération, et Tom Hardy, autre talent dont la réputation n’est plus à faire, avait de quoi faire saliver. D’autant qu’une fois de plus, Iñarritu ne porte pas n’importe quoi à l’écran en transposant le célèbre roman éponyme de Michael Purke, déjà plus ou moins adapté par Richard C. Sarafian en 1971, avec l’excellent et trop méconnu Le Convoi Sauvage.L’AVIS :
The Revenant, c’est l’incarnation absolue d’un cinéma sorti des tripes, d’un cinéma viscéral, rageur, aussi brillant à l’écran qu’il ne l’est dans ses intentions idéologiques et philosophiques. Comme à son habitude et suivant une ligne qui aura marqué son entière filmographie jusqu’à aujourd’hui, Iñarritu plonge au plus profond de l’être humain, dissèque, triture, extirpe, et fait remonter à la surface toute son essence dans ce qu’elle peut avoir de plus puissant mais aussi de plus terrifiant. The Revenant sonde l’âme humaine et ses pires penchants, avec une noirceur à donner des frissons face à cet horrifiant miroir tendu. De cet abandon sans concessions, jaillit une œuvre sombre, violente, rugueuse, charnelle, où sont incarnées à l’écran les pires visages de l’homme, sa vilenie, sa médiocrité, son arrogance, son esprit de destruction, ses faiblesses, mais aussi sa force indestructible quand il est mué par des sentiments dépassant même les notions de vie et de mort. Dans une nature sauvage et hostile, le cinéaste oppose des hommes en rappelant à quel point ils peuvent être encore plus redoutables et effrayants que le sol inquiétant qu’ils foulent.Mais toute cette substance faramineuse ne serait rien sans une illustration à la hauteur de ce cœur bouillonnant à l’expression vibrant d’intensité. Et c’est là que la magie d’Iñarritu opère, encore une fois. Gigantesque de virtuosité, le metteur en scène déploie une expérience sensorielle, somptueusement graphique pour les yeux, au moins autant qu’elle se montre envoûtante pour l’oreille. Les plans grandioses et les prouesses visuelles se bousculent au portillon d’un nouveau flot d’inspirations conférant souvent au génie, sans jamais que l’esbroufe ne prenne de trop le dessus sur l’intelligence dominant l’ensemble. Certains auront pu reprocher dans le passé à Iñarritu, de se regarder parfois filmer. Un argument pourtant déjà parable pour un Birdman, où aucun plan n’était superflu. Avec The Revenant, le son de cloche est légèrement nuancé. Se laissant parfois dériver du côté poseur d’un Terrence Malick, Iñarritu joue avec le feu. Heureusement, jamais bien longtemps, et sachant s’arrêter quand il le faut pour au pire/mieux s’aventurer du côté du Nouveau Monde, film honni par les uns et adulé par les autres. Mais qu’importe, le rapprochement entre les deux œuvres reste quand même lointain et superficiel. Malgré sa durée conséquente (près de 2h40), The Revenant n’ennuie jamais, ou très peu selon si l’on est du genre impatient, et se transforme vite en thriller d’aventure halluciné, doublé d’un survival hard-boiled à faire froid dans le dos. Comme si Le Territoire des Loups rencontrait Apocalypto.Dans une nature extrême captée avec un esprit d’authenticité sidérant repoussant sans cesse les limites humaines et techniques (tournage excessivement difficile en décors réels et étalé sur neuf mois, lumière entièrement naturelle, dépassement de soi permanent pour les comédiens), The Revenant nous plonge dans des contrées reculées dont la splendeur extraordinaire n’a d’égale que leur aura menaçant. Au milieu de cette immensité féroce truffée de dangers, une poignée d’hommes va animer un théâtre de l’horreur (au sens propre comme au sens figuré, âmes sensibles s’abstenir) jusqu’au-boutiste et dévastateur, dont l’impact sera décuplé par la volonté de réalisme permanent appliquée de façon presque obsessionnelle par Iñarritu, au point de donner lieu à des séquences dépassant les limites de ce que l’on a pu voir jusque-là sur un écran de cinéma. Les plans-séquences dont le cinéaste est friand, trouveront leur plus pleine expression dans cette folie pure. De l’attaque du camp au combat contre un grizzly, Iñarritu saisit plus qu’il ne filme, capte plus qu’il ne met en scène, et propulse à l’écran de la crasse, du sang, de la souffrance, des larmes, de la terreur, de la bave, de la boue, mais aussi du courage, celui d’un combat contre la mort sur fond de désir de vengeance implacable. Inouï de radicalité au point de sonner parfois à la porte du gore, The Revenant défigure sans cesse le cadre qui le contient dans la douleur, et dans ce maelström harassant, Iñarritu sublime l’idée de l’homme perpétuellement exposé à la mort, qu’elle soit le fruit de sa relation à double-tranchant avec la nature ou de sa relation à double-tranchant avec les siens voire avec lui-même.
The Revenant est une œuvre sidérante à bien des égards. Techniquement, visuellement, émotionnellement, le nouveau Iñarritu constitue une petite claque relevant des défis qui lui permettent de repousser certaines conceptions du septième art par son exigence quasi-tyrannique. Mais le film aurait-il été aussi formidable s’il n’y avait pas eu une étoile plus brillante qu’une nuée de constellations réunies ? Cette étoile s’appelle DiCaprio. Christian Bale avait failli tenir le rôle principal. Samuel L. Jackson, aussi. Mais au final, c’est bien Leo, à croire que le nom est béni des dieux (les amateurs de football comprendront). Ça étonne quelqu’un si l’on dit que DiCaprio est littéralement exceptionnel dans The Revenant ? Sans doute personne. Tout le monde le sait, mis à part l’Académie des Oscars, devenue la risée du monde pour cette faute de goût récurrente (que l’on espère voir réparée le 28 février prochain). D’après les dires de l’acteur, The Revenant aura été son tournage le plus difficile. Quand on sait par quoi le comédien a pu passer au cours de sa belle carrière, la déclaration en dit long. D’une abnégation sans bornes, dévoué corps et âme à son rôle à couteaux tirés, DiCaprio en prend plein la tronche pendant 2h40 d’un spectacle intensément hallucinant. Sa prestation est à la hauteur de ce que pouvait réclamer son metteur en scène, et se conjugue avec magie avec celle d’un Tom Hardy des grands soirs.The Revenant ou un coup double de perfection après Birdman ? On n’ira pas jusque-là cette fois-ci, et même si le nouveau film d’Alejandro Iñarritu mérite toutes les louanges par ce qu’il rend viscéralement à l’écran tel une tornade venant souffler brutalement une nouvelle conception du cinéma épique, il n’est pas exempt de petits égarements qui le font échouer de très peu, au pied du statut de chef-d’œuvre. Une crédibilité parfois mise en jeu au détour de péripéties tirant sur la corde, des micro-longueurs éparses, quelques séquences à la poésie facile (notamment quand Iñarritu quitte la droite route de son aventure racée pour saupoudrer son film de plans mystiques) et surtout, un discours qui peine à ressortir clairement au sein de cette œuvre massive, dont la narration se perd par moments dans la richesse des thématiques esquissées. Probablement le revers de la médaille d’une œuvre qui recèle sans doute bien plus de cœur qu’elle ne le laisse paraître à la première vision. Mais est-ce vraiment un défaut au fond ? Hargneux et impressionnant de furie, The Revenant s’impose en tout cas, comme du très grand cinéma dont le lyrisme est écorché par la violence brute de ce choc humain des civilisations. Grandiloquent, démesuré, fou, déchirant et déchiré, on se demande encore quel sera l’héritage de ce nouvel Iñarritu. Sera t-il comme son œuvre maudite, dont le génie transpirera des pores d’une conception pensée dans l’extrême (dépassement de budget conséquent, tournage interminable dû aux aléas de la lumière naturelle désirée par le réalisateur, acteurs usés qui ont vu leur planning bouleversés). Les grands films ont souvent eu des histoires tourmentées. Celle de The Revenant se pose là en raison de la démence aliénante de son auteur qui aura fait de l’authenticité absolue, un chemin de croix. Mais le résultat périlleux est aussi passionné que suprême, et propose un voyage habité aux confins de l’exténuant et de la rage, du côté du versant le plus monstrueux de l’être humain. Sans être un chef-d’œuvre, The Revenant parvient à être une sacrée baffe qui fait sacrément mal par où elle passe.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Bon bin voilà j’ai pris un claque!!! c’est un putain de film!!! quelle intensité!!!!
Bonjour, whouahh je vais aller me rendre compte par moi-même de la beauté des images. Je réserve mon billet cinéma tout de suite dans la salle tout confort d’Europa Corp: http://www.europacorpcinemas.com/film/the-revenant-2016/. Je vous souhaite un excellent film. Bonne continuation
On espère que vous avez aimé au final !!