Nom : Everest
Père : Baltasar Kormakur
Date de naissance : 2015
Majorité : 02 février 2016
(Editeur : Universal)
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h02 / Poids : 65 M$
Genre : Biopic, Drame, Aventure
Livret de famille : Jason Clarke (Rob Hall), Josh Brolin (Beck), Jake Gyllenhaal (Scott Fisher), Sam Worthington (Guy), Robin Wright (Peach), John Hawkes (Doug), Keira Knightley (Jan), Emily Watson (Helen), Michael Kelly (Krakauer), Elizabeth Debicki (Caroline Mckenzie)…
Signes particuliers : Prêt à gravir la plus haute montagne du monde en compagnie d’une sacrée distribution ? Le spectacle en vaut la chandelle…
LA QUÊTE TRAGIQUE DES SOMMETS
LA CRITIQUE
Résumé : Inspiré d’une désastreuse tentative d’ascension de la plus haute montagne du monde, Everest suit deux expéditions distinctes confrontées aux plus violentes tempêtes de neige que l’homme ait connues. Luttant contre l’extrême sévérité des éléments, le courage des grimpeurs est mis à l’épreuve par des obstacles toujours plus difficiles à surmonter alors que leur rêve de toute une vie se transforme en un combat acharné pour leur salut.L’INTRO :
Baltasar Kormakur est un cinéaste aux multiples visages, dont le travail est à cheval entre son Islande natale et l’Amérique des pétrodollars. D’un côté, il y a l’islandais bourré de talent, qui a pu signer des efforts intéressants tels que 101 Reykjavik, Crime City, Jar City ou Survivre. De l’autre, il y a l’expatrié hollywoodien responsable de longs-métrages à l’intérêt limité comme Etat de Choc ou Contrebande, voire de navet horripilant façon 2 Guns. C’est dans la foulée de ce dernier échec artistique que le réalisateur embraye avec sa plus grosse production à ce jour, le drame d’aventure Everest, semi-biopic inspiré de faits réels et relatant une tragique tentative d’ascension du fameux sommet himalayen en 1996, relatée dans un bouquin par le journaliste/alpiniste Jon Krakauer, qui avait été de cette expédition maudite. Avec seulement 65 M$ en poche mais un casting dément allant de Jason Clarke à Josh Brolin, en passant par Jake Gyllenhaal, Sam Worthington, Robin Wright, John Hawkes, Keira Knightley ou encore Emily Watson, Kormakur signe un film ambitieux. Restait à savoir de quel côté de la balance il allait pencher, entre réussite et naufrage. Le verdict s’est vite dessiné.L’AVIS :
Les péripéties ascensionnelles désastreuses ont souvent inspiré le cinéma par le passé. On citera en tête des productions spectaculaires et riches en action telles que Cliffangher ou Vertical Limit. Si les deux sont des spectacles acceptables (du moins, disons que le temps a arrangé leur image), autant dire que Everest nous emmène bien plus haut, direction des cimes à donner le vertige. Au sens propre notamment. Tourné en 3D, souvent en décors naturels du côté du Népal ou des Alpes italiennes, Everest offre bel et bien l’étourdissement attendu et espéré. Kormakur use à merveille de sa technologie et nous plonge de façon ultra-immersive dans un récit où la contemplation merveilleuse des paysages côtoie le spectacle du courage fou et de la bravoure acharnée, où les émotions vibrantes sont soumises au diktat d’un stress des plus angoissants, où le dépassement de soi affronte les lois de la nature dans un duel entre l’homme et les facettes les plus extrêmes de son environnement, où la notion d’exploit s’entrechoque avec la folie. Au centre de son histoire saisissante et hyper-efficace, Kormakur nous propose le récit haletant et poignant d’un groupe d’hommes impétueux, tour à tour orgueilleux ou attachants, et leur envie de dominer, de mater le gigantisme, de repousser les limites de l’impossible avec cœur et âme.A la fois biopic, drame, film d’action, film d’aventure, film catastrophe, Everest épouse à merveille le pouvoir de fascination qui est apposé sur ses intentions. Fascination pour ces sommets infranchissables offrant des paysages uniques, fascination pour son histoire de lutte contre tout et notamment contre soi-même, fascination pour son périple où la douleur du chemin de croix rivalise avec celle du froid, de la fatigue, du manque de tout, d’oxygène en particulier. Plus qu’un film, Everest se métamorphose très vite en expérience sensorielle, où le stade de la contemplation est dépassé pour emprunter le chemin du vécu. On ne regarde pas Everest, on vit Everest. Et ce simple état de fait, suffit pour en faire un film ô combien réussi.Pourtant, des défauts, le film de Baltasar Kormakur en présente, et pas des mineurs. Ils sont souvent le fruit de ses ambitions et de son histoire très dense. En première ligne, sa durée ou son script, où plutôt le mélange des deux. Alors que l’on ne sent pas passer une seule seconde ses deux heures éprouvantes, on se prête à penser que l’on aurait bien volontiers vu une petite demi-heure de plus. Une demi-heure qui aurait permis de mieux éclaircir l’immense galerie de personnages dans laquelle on finit par se perdre. Sans doute un peu contraint par un budget somme toute assez modeste au regard du travail à accomplir et proposé, Everest est obligé de tailler dans le vif, de réduire la voile. Ce sont la destinée des différents protagonistes qui va en pâtir. Des personnages que l’on suit puis que l’on ne suit plus, qui apparaissent puis disparaissent du récit, alors qu’une certaine confusion s’installe. Si elle permet, cela dit, de renforcer la sensation de confusion inhérent à l’aventure dramatique de ces héros de la montagne plongés dans un calvaire qui vrille au cauchemar, reste un sentiment de frustration à voir le film faire dans l’ellipse trop radicale pour qu’elle ne soit pas gênante, se perdant un peu dans ses multiples points de vue qu’il ne parvient à tous suivre avec habileté.Mais le plus curieux, c’est que malgré ce déséquilibre béant qui aurait mis à terre bien d’autres films, on le pardonne à Everest. Il est là, il dérange un peu, il frustre, mais il n’est pas de taille à minimiser les nobles qualités de ce fantastique spectacle aventureux et bouleversant, qui nous invite à vibrer deux heures durant au gré de la souffrance, du blizzard, de la tempête, du parcours du combattant, de la réussite et de l’échec. Everest reste un divertissement capable de convoler vers l’incroyable, d’happer le spectateur par sa tension, capable de nouer l’estomac. Un divertissement à taille humaine au milieu de son gigantisme, proprement interprété, solidement réalisé, sacrément appréciable !
L’ÉDITION BLU-RAY
Petite déception du côté des suppléments de Everest face à la maigreur de ce qui est proposé. D’autant qu’Universal n’est pas coutumier du fait, le distributeur joignant souvent pléthore de bonus sur les galettes des films qu’il propose. Compte tenu des défis techniques du film et de la particularité de son tournage, on aurait aimé pouvoir se plonger totalement dans les coulisses du projet et sa confection. Malheureusement, seuls petits deux suppléments viennent compléter l’œuvre de Baltasar Kormakur. D’abord, un making of un peu court sur pattes (10 minutes) décrivant succinctement les conditions ô combien difficiles du tournage, avec la participation du producteur, du cinéaste et de certains comédiens. Un making of qui laisse vraiment sur sa faim tant on aurait en apprendre plus sur bien des points et entendre davantage d’anecdotes. Même chose du côté du second module, consacré à la véritable histoire derrière Everest, et au souci d’authenticité du film. En seulement 6 minutes, ce second module n’a pas vraiment le temps de développer son sujet et nous laisse avec un brin de frustration. Du côté de l’éternel débat Blu-ray vs DVD, la question de la priorité donnée à la HD n’en sera que plus renforcée par le rendu peu convaincant du DVD, souffrant d’un cruel manque de netteté et de finesse. Everest brillant par sa beauté plastique, le Blu-ray sera clairement le support à privilégier pour profiter de façon optimale, de la splendeur du film de Kormakur, splendeur que le DVD ne rend pas une seule seconde. Et l’argument est renforcé par la possibilité (pour les personnes équipées) de pouvoir (re)visionner le film en 3D, option aidant à soutenir le côté immersif de l’histoire.
LA BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux