Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Electric Boogaloo: The Wild, Untold Story of Cannon Films
Pères : Mark Hartley
Date de naissance : 2014
Majorité : 15 janvier 2015
Type : Sortie en DVD
Nationalité : USA
Taille : 1h47 / Poids : NC
Genre : Documentaire
Livret de famille : Molly Ringwald, Dolph Lundgren, Bo Derek, Michael Dudikoff, Olivia d’Abo, Mimi Rogers, Richard Chamberlain, Franco Nero, Elliott Gould, Robert Forster, Sybil Danning, John G. Avildsen, Tobe Hooper, Barbet Schroeder, Boaz Davidson, Albert Puyn, Jerry Schatzberg, Luigi Cozzi (eux-mêmes)…
Signes particuliers : « Le vrai documentaire sur la Cannon » ! Parallèlement à The Go-Go Boys de Hilla Medalia, Electric Bogaloo est plus que jamais un abandon total dans les nanars de la Cannon.
UE ÉPOQUE RESSUSCITÉE LE TEMPS D’UN HOMMAGE
LA CRITIQUE
Résumé : Mélangeant interviews, nombreux extraits de films et archives, Electric Boogaloo retrace l’histoire de la compagnie de production Cannon dans les années 80, à travers ses nombreuses productions: les plus grands nanars du cinéma, qui ont pris de force la machine Hollywoodienne. Mark Hartley dresse un portrait sans compromis et savoureux de la Cannon en donnant la parole à près d’une centaine d’intervenants parmi lesquels Dolph Lundgren, Sybil Danning, Charles Bronson, Chuck Norris, Sharon Stone, Tobe Hooper, Franco Nero, Barbet Schroeder ou Luigi Cozzi qui se rappellent avec humour et sincérité de leurs participations à la mythique firme. Grandeur et décadence de la Cannon et de ses têtes dirigeantes, Golan et Globus, l’aventure unique d’une entreprise ayant changé à jamais l’histoire du cinéma bis. L’INTRO :
Tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir sur la Cannon (sans jamais oser le demander). Deux documentaires en l’espace de quelques mois seront venus parfaire notre connaissance (ou méconnaissance) de la mythique société de production dirigée par le tandem israélien Menahem Golan et Yoram Globus. De quoi faire vibrer notre fibre nostalgique pour le studio qui aura fait trembler Hollywood dans les années 80 et 90, avant sa chute aussi triste que prévisible en un sens. Il y a quelques mois, on avait déjà eu l’occasion de se replonger dans l’histoire de la Cannon Group avec le documentaire The Go-Go Boys de Hilla Medalia, qui retraçait la trajectoire des cousins Golan/Globus et de la firme qu’ils ont porté jusqu’à la gloire avant sa déchéance. Passé par Cannes et Deauville, The Go-Go Boys était un passionnant portrait de deux passionnés qui ont vu très gros, qui ont réussi, mais qui ont fini par une sortie de route malheureuse, entraînant avec eux une page de l’histoire du cinéma bisseux des eighties et nineties. Quelques mois plus tard, voici venir cette fois Electric Boogaloo de Mark Hartley, un spécialiste du cinéma d’exploitation, auteur d’une pelletée de docu en tout genre. Effet de rapprochement temporel, avec une découverte à quelques mois d’intervalle, la comparaison entre The Go-Go Boys et Electric Boogaloo était inévitable. Danger, redite ? Pas du tout !L’AVIS :
Avec Electric Boogaloo, on sent instantanément le travail d’un amoureux qui prend un plaisir monstre à se replonger avec ivresse dans un cinéma qu’il affectionnait tout particulièrement. Comme de nombreux cinéphiles geeks d’aujourd’hui, Mark Hartley a grandi avec le cinéma d’exploitation de la Cannon, ses films cultes et ses nanars, son esprit bisseux et son appétit gargantuesque, son enthousiasme délirant, ses ambitions et ses erreurs énormissimes… Et bien sûr, ses stars, de Chuck Norris à Michael Dudikoff, en passant par Jean-Claude Van Damme, Dolph Lundgren ou Charles Bronson… Comme on a coutume de le dire, la Cannon, c’était toute une époque. Et Mark Hartley la fait revivre avec brio !Electric Boogaloo est à l’image de la firme dont il parle : pulp, fou, trépidant, frénétique… L’esprit de la Cannon est omniprésent et plane sans cesse au-dessus du travail du réalisateur qui livre un petit must jubilatoire, très différent du précédent et pourtant passionnant The Go-Go Boys. La principale différence entre les deux documentaires « rivaux » tient dans ce que chacun a voulu mettre en valeur. Hilla Medalia s’était attelée à un travail minutieusement documenté penchant davantage vers le travail d’historienne du cinéma avec le portrait de deux hommes au destin incroyable et leur trajectoire qui les a amené à devenir des agitateurs d’un microcosme hollywoodien engoncé dans ses codes de fonctionnement. La réalisatrice procédait ainsi par une narration étape par étape racontant linéairement la folle histoire de la Cannon par le prisme de ses fondateurs briseurs des conventions, les véritables sujets de son travail. Mark Hartley, lui, se veut moins didactique, moins narrateur et linéaire, plus stylisé, plus bis et quelque part plus fun. Surtout, Hartley ne voulait pas raconter Menahem Golan et Yoram Globus mais parler de la Cannon avant tout. Electric Boogaloo raconte la comète que fut le studio mythique et plus que le portrait du duo, c’est avant tout la production de la firme que le réalisateur met en lumière. Plus d’extraits de films, plus d’intervenants, plus d’anecdotes, plus de décryptage de son fonctionnement interne, de son œuvre et de son héritage… Le film plonge avec une folle passion dans l’univers du studio incontournable et endosse son esprit déluré dans un documentaire rock n’ roll parvenant à capter l’essence même de ce que fut la Cannon. Le style est jubilatoire, même s’il prend parfois un peu le pas sur la narration de l’histoire.Plus ciblé et moins généraliste, Electric Boogaloo est davantage destiné aux connaisseurs de ce que fut la Cannon, contrairement à The Go-Go Boys qui était un parfait travail d’introduction et de présentation, s’abandonnant moins à la fan-œuvre. De là à dire que les novices n’y comprendront rien et se sentiront exclu, loin de là ! Non sans maîtrise narrative, Mark Hartley parvient à dessiner dans les grandes lignes de sa fantaisie pulp, un portrait sincère, lucide et attachant de la Cannon, jamais hagiographique, toujours intelligent et ludique. Electric Boogaloo nous permet de comprendre presque de l’intérieur, aussi bien le succès que les erreurs du studio et de son tandem paternel. Au final, les deux travaux se révèlent totalement complémentaires et si l’on devait conseiller un ordre, The Go-Go Boys permet d’entrer en douceur dans le monde de la Cannon en présentant les grandes lignes de sa vie, avant qu’Electric Boogaloo ne vienne dynamiter tout cela pour nous embarquer dans la folie d’un studio hors-normes. Avec l’un, on a l’odyssée de deux producteurs uniques en leur genre et une vision globale de l’histoire de la société, avec l’autre, on pénètre plus en détail dans son héritage. En somme, l’histoire puis le fun, le sérieux puis le plaisir de l’abandon nostalgique à une page du cinéma d’exploitation bis. Si l’on est un peu noyé sous les informations dans un rythme over-rapide, doublé de musiques omniprésentes un peu harassantes sur la durée, Electric Boogaloo n’en reste pas moins une réjouissance haute en couleur, comme l’était la Cannon et ses généraux en chef.
Electric Boogaloo partait avec un désavantage. Il a été entièrement monté sans la participation de Menahem Golan et Yoram Globus, qui ont décliné car engagés sur le concurrent « officiel » The Go-Go Boys. Ironiquement, malgré cette absence de taille et plus que son voisin, c’est bel et bien Electric Boogaloo qui donne réellement envie de se replonger dans les films de la Cannon tant son auteur aura su cerner un esprit plutôt que de se livrer à un cours d’histoire (certes de qualité) comme l’a fait son voisin. Un dernier camouflet pour le duo qui a misé (encore) sur le mauvais cheval ? Oui et non puisque l’on conseillera de voir les deux documentaires. L’un pour ses qualités didactiques, la présence des concernés et sa clarté générale, l’autre pour l’hommage vibrant rendu à l’héritage de la Cannon. En cela, Electric Boogaloo vient combler l’une des rares frustrations née chez son voisin : alimenter notre passion pour ce pan d’un cinéma en la cultivant comme il le fallait ! Et si l’on regrettera quelques absences (JCVD ou Chuck Norris par exemple), outre les deux principaux intéressés, quel plaisir d’entendre les Lundgren, Dudikoff, Chamberlain, Franco Nero, Robert Forster, Tobe Hooper, Bo Derek, Albert Puyn, Avildsen, Jerry Schatzberg etc… dresser une peinture surréaliste de l’ambiance qui régnait à l’époque dans les couloirs de la boîte ou sur les plateaux de tournages de ses films. La liste des participants à ce « in memoriam » est fastueuse. Comme la générosité de ce Electric Boogaloo revigorant et plein de nostalgie.
BANDE-ANNONCE :
Electric Boogaloo BA VOSTFR par luminorfilms
Par Nicolas Rieux