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DEUX FEUX DANS LA PLAINE de Zhang Ji : la critique du film

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Spectateurs

Nom : Moses on the pain
Père : Zhang Ji
Date de naissance : 09 juillet 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : Chine
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Drame, Policier

Livret de Famille : Zhou DongyuLiu HaoranYuan Hong

Signes particuliers : Intéressant mais bancal.

Synopsis : Chine, 1997. Une série de meurtres endeuille la ville de Fentun. Les crimes s’arrêtent mystérieusement sans que les autorités aient pu élucider l’affaire. Huit ans plus tard, un jeune policier, proche d’une des victimes, décide de rouvrir l’enquête.

PORTRAIT D’UNE CHINE EN CRISE

NOTRE AVIS SUR DES FEUX DANS LA PLAINE

À l’origine, il était une nouvelle parue dans un recueil de l’auteur Shuang Xuetao. Des années après, le même auteur s’est chargé lui-même de sa transposition en scénario de long métrage, mis en scène par le cinéaste Zhang Ji. Des Feux dans la Plaine joue son histoire sur deux temporalités. En 1997, une série de meurtres visant des chauffeurs de taxi secoue la ville ouvrière de Fentun au nord de la Chine, dont la population est déjà malmenée par la crise post-industrielle qui voit les usines fermer une à une. Huit ans plus tard, un jeune homme jadis proche d’une des victimes est devenu policier et réouvre l’enquête.

Deux films, un même propos. Des Feux dans la Plaine est construit sur deux temporalités qui vont se répondre. Oscillant entre le drame existentiel et le polar nihiliste, le film de Zhang Ji aspire tout d’abord le spectateur dans une Chine ouvrière en déliquescence. Il ne reste plus que le fantôme de la folle croissance vécue par la Nation. Désormais l’horizon semble bouché, la crise plonge les villes dans une torpeur grandissante et le désespoir règne en maître dans ces contrées socialement et économiquement en ruines. Zhang Ji filme une décomposition et nous y plonge par le prisme d’une jeunesse accablée par l’absence d’espoir. Il fait gris, l’air paraît lourd, l’atmosphère pesante, le quotidien sans sourire, et les âmes égarées vagabondent sans trop savoir quoi faire. Les protagonistes sont en quête de sens, d’un bonheur éteint. Que faire, quoi vivre. Les crimes en série sont tel un leitmotiv de fond rythmant un effondrement total. Et au milieu de ce chaos, deux jeunes pourraient s’aimer, mais même cela paraît impossible.

Puis le film bascule dans une seconde partie qui tranche tout en étant un prolongement. L’ellipse de huit années qui fracture le récit nous propulse dans un avenir qui n’est devenu que violence. Pouvait-il en être autrement au vu d’une première moitié si anxiogène ? Dans cette seconde temporalité, Des Feux dans la Plaine est un déchaînement de violence désespérée où les personnages sont comme leurs âmes, abîmés. L’enquête avance enfin et elle ne fait que renforcer la noirceur entrevue.

Constat sans appel d’une Chine qui a perdu tout repère, Des Feux dans la Plaine est un film qui appelle au vertige où tout s’entrechoque. A commencer par le mélodrame romanesque qui vient buter sur les ruines d’un purgatoire à ciel ouvert. Les protagonistes se questionnent sur ce qu’ils pourraient faire pour avancer mais ils semblent tous retenus par un passé trop lourd, insurmontable, tortionnaire. Brillant dans l’idée, le film de Zhang Ji passe pas loin du bijou à la démonstration virtuose. Mais il est handicapé par une écriture perturbante qui multiplie les ellipses pas toujours bien travaillées, parfois même confusantes rendant le film difficile à suivre. Son équilibre est comme ses personnages, fragile et vacillant, et le rythme particulier et lancinant n’aide pas toujours à investir pleinement cette histoire.

 

Par Nicolas Rieux

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