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DES HOMMES SANS LOI (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Lawless
Parents : John Hillcoat
Livret de famille : Shia LaBeouf (Jack Bondurant), Tom Hardy (Forrest Bondurant), Jason Clarke (Howard Bondurant), Jessica Chastain (Maggie), Mia Wasikowska (Bertha), Guy Pearce (Charlie Rakes), Gary Oldman (Floyd Banner), Dane DeHaan (Cricket), Noah Taylor (Gummy)…
Date de naissance : 2012
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h55 – 45 millions $

Signes particuliers (+) : Un excellent film du genre porté par sa sécheresse, sa rigueur et son casting exceptionnel.

Signes particuliers (-) : Il était possible de faire plus épique encore mais bon…

 

DES FRÈRES D’HONNEUR

Résumé : En 1931, en pleine prohibition, le comté de Franklin en Virginie était très actif sur le marché de la production d’alcool de contrebande, ses montagnes abritant un grand nombre de distilleries clandestines illégales. Parmi ces « producteurs », les frères Bondurant, au nombre de trois. Le plus jeune, Jack, est un peu trop tenu à l’écart par ses deux aînés, ce qui le pousse à vouloir voler de ses propres ailes, rêvant de monter un trafic de grande envergure. Les deux autres, Forrest et Howard, sont les costauds de la famille, réputés indestructibles. Ils contrôlent tranquillement le petit « commerce » discrètement mais sans vouloir rendre de compte à qui que ce soit. Quand un nouveau procureur débarque accompagné d’un Marshall teigneux, la donne change. Refusant de se soumettre au système corrompu qu’ils veulent instaurer, les Bondurant déclare involontairement la guerre…

Retour gagnant pour le cinéaste John Hillcoat, trois ans après son sombre et vénéneux mais aussi très discuté La Route, l’adaptation du best-seller de Cormac McCarthy. Alors que les premières images et la bande-annonce laissaient pressentir un attirant polar historique nerveux, Des Hommes sans Loi sort enfin en ce mois de septembre traditionnellement riche en affiches, d’autant plus après un été de sinistre mémoire. Le metteur en scène ressuscite le genre du grand film de « gangster » à l’ancienne, fleuron du cinéma hollywoodien des années 30 et qui aura également bien vécu dans les années 80. La prohibition, les armes, les Ford, les truands de légende charismatiques, les policiers lancés à leurs trousses, les débuts du FBI… On sent revivre un genre. En réalité, on a même l’impression de revoir Les Incorruptibles revisité par Walter Hill et vu du point de vue des gangsters qui n’en sont pas vraiment ici en l’occurrence puisque les Bondurant, une vraie famille ayant existé, étaient juste de petits producteurs d’alcool de contrebande dont les exploits ont été narré par Matt Bondurant, petit-fils de l’un d’eux, dans son ouvrage The Wettest Country in the World. Sur un scénario écrit par le chanteur/musicien Nick Cave (qui s’est lancé dans une vraie carrière de scénariste depuis La Proposition –western déjà réalisé par Hillcoat- puisqu’il planche actuellement sur le remake de The Crow après s’être fait jeté le script de sa séquelle à Gladiator) Des Hommes sans Loi, c’est du bon. Du très bon.

Hillcoat fait simple pour inscrire son film dans le solide, dans le roc indestructible des légendes peuplées d’hommes virils aux exploits fantastiques qui méritent d’être partagés. D’abord, côté casting, en s’entourant d’une brochette de comédiens exceptionnelle. Pour les hommes, le d’ordinaire piteux Shia LaBeouf, qui finalement se révèle très convaincant, un Tom Hardy qui n’en finit pas de confirmer tout son génie naturel de la comédie et qui impressionne et le méconnu Jason Clarke (vu dans le genre dans Public Enemies mais surtout plus récemment dans Texas Killing Fields) forment la fratrie des Bondurant, véritable famille de petits gangsters dont le film narre les exploits illustrant une Amérique en pleine révolte contre l’effondrement du pays post-krach 1929. Face à eux, Gary Oldman interprète le tout aussi réel Floyd Banner et Guy Pearce, un agent du FBI nommé Charlie Rakes, monstre terrifiant de froideur dont l’élégance n’a d’égale que sa hargne psychotique hallucinée. Notons enfin, la présence du jeune comédien Dane DeHaan, révélé par l’excellent Chronicles dans lequel il était formidable en gamin perdant les pédales avec ses nouveaux pouvoirs, qui campe ici Cricket Pate, le meilleur ami de Jack Bondurant. Côté féminin maintenant, la nouvelle étoile du cinéma américain Jessica Chastain était presque une évidence pour son look directement emprunté aux actrices des années 50. Elle campe une fragile jeune femme de la ville débarquant en ville et se retrouvant vite sous la protection de Forrest Bondurant. Elle apporte un peu de douceur dans ce monde très masculin, aidée par la nouvelle petite fiancée de l’Amérique, Mia Wasikowska, la Alice de Tim Burton.

A mi-chemin entre le western crépusculaire et le film de gangster, avec un pied dans chacun des deux genres, Des Hommes sans Loi est une petite merveille nous rappelant un ancien cinéma qui semblait avoir disparu. Si le roman brodait pas mal sur son sujet, fictionnalisant beaucoup d’évènements par manque de documentation pour en cerner la véracité, Hillcoat et Cave font des merveilles ensemble en tirant le meilleur de ce matériau littéraire idéalisé, pour en faire une fresque magistrale réunissant tout l’univers et les codes d’une époque mythique, celle de la lutte contre la loi excessive et tyrannique, celle de la lutte engagée contre la répression et la prohibition. Une époque trouble, appuyée par le krach financier de 1929 et qui avait logiquement conduit à l’explosion des petits trafics, de la délinquance, voyant l’éclosion des grands gangsters de l’histoire de l’Amérique. Lawless, en VO, ce n’est pas l’histoire classique des grands gangsters à la Al Capone ou John Dillinger qui ont défrayé la chronique, c’est le récit d’une famille de « gentils méchants », de petits fabricants de gnôle sans malice, sans grande envergure, qui menait juste leur barque comme il le pouvait, en faisant de la petite contrebande locale comme façon de survivre dans une Amérique en pleine récession. Récit dramatique émouvant sur une fratrie incroyable, Des Hommes sans Loi joue sur plusieurs tableaux avec délectation. Malgré son manichéisme inversant les rôles (les méchants sont des gentils et les gentils des méchants) cette formidable histoire passionnante et enivrante est à la fois une histoire d’amour fraternelle, une romance délicate à fleur de peau, un polar historique efficace doté de quelques scènes de fusillades pas piquées des hannetons, un western narrant la fin de cette époque de l’ancienne Amérique, un thriller violent, un vrai/faux film de gangster dramatique… Des Hommes sans Loi est beaucoup de choses mais il est surtout une nouvelle preuve de l’inspiration cinématographique que nourrissent ces années violentes. L’histoire développée par le tandem a l’intelligence de ne jamais se résumer à sa seule finalité de gangster movie mais de trouver sans cesse des ramifications pour étoffer son sujet central, pour lui donner du corps, de la robe… Oui, Des Hommes sans Loi se savoure comme un bon vin. Sans surenchère, il a ce petit plus dans les détails qui lui confère un lyrisme flamboyant jamais outrancier, toujours sobre, aidé par le classicisme d’une mise en scène qui se fait discrète. Ancré dans des mythes qu’il fait remonter à la surface en les magnifiant pour revenir au genre d’histoires qui ont fait, font et feront à jamais le cinéma de spectacle, Des Hommes sans Loi nous embarque, nous emporte au-delà de ses quelques imperfections (peut-être un peu trop court obliger à faire vite sur certains passages) pour trouver une résonnance qui fonctionne dans son mélange entre le film de mafia violent et la chronique campagnarde de paysans passant de l’autre côté du champ pour aller labourer dans l’illégalité. Des personnages aux comédiens qui les campent (mention à Tom Hardy juste impressionnant à chaque grognement rauque), de sa romance à sa violence graphique, de son histoire épique à ses petits riens qui l’étoffe, Des Hommes sans Loi est l’un des grands films du moment, une splendide saga familiale confirmant la vitalité d’un cinéma américain ne se résumant pas qu’à ses blockbusters insipides.

Bande-annonce :


DES HOMMES SANS LOI Bande-Annonce VOST par metropolitan_filmexport

2 thoughts on “DES HOMMES SANS LOI (critique)

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