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COSMOPOLIS (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Cosmopolis
Parents : David Cronenberg
Livret de famille : Robert Pattinson (Eric Packer), Juliette Binoche (Didi), Sarah Gadon (Elise), Mathieu Amalric (André), Jay Baruchel (Shiner), Samantha Morton (Jiva), Paul Giamatti (Benno), K’Naan, Kevin Durand, Emily Hampshire…
Date de naissance : 2012
Nationalité : Canada
Taille/Poids : 1h48 – 20 millions €

Signes particuliers (+) : Une pluie de métaphores existentielles intéressantes à déceler. Une oeuvre riche et ambitieuse.

Signes particuliers (-) : Long, ennuyeux, verbeux, prétentieux. Narcoleptique. Des cadrages horribles.

 

LA BALLADE DES (RICHES) GENS MALHEUREUX

Résumé : Matt Packer, un riche milliardaire, déambule dans New York à bord de sa limousine. Dehors, le capitalisme est en train de s’effondrer. Il assiste derrière ses vitres teintées, à la fin de son mode et au chaos révolutionnaire se mettant en place…

Cronenberg là où on ne l’attendait pas ? Alors que le canadien avait abandonné depuis quelques films son style viscéral et organique décortiquant le corps humain sous toutes ses coutures pour un cinéma plus classique sur la forme voire sur le fond, le voilà qui met fin à cette parenthèse mais curieusement non pas pour un retour à ses premiers amours et thématiques chères, mais pour quelque chose de radicalement différent, un objet filmique non-identifié déroutant, loin de tout ce qu’il a pu faire à ce jour et loin de tout ce qui se fait aujourd’hui de manière générale. Adaptation du célèbre roman anticipatoire de Don De Lillo, Cosmopolis, présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes, est le film qui divise du moment. Chef d’œuvre bouillonnant et passionnant pour les uns, assommoir verbeux et pompeux pour les autres, le film emmené par l’échappé de Twilight, Robert Pattinson, qui essaie de se construire une carrière maintenant que l’effet de mode est passé, se présente sous la forme d’une sorte de pièce de théâtre découpée en actes comme autant de rencontres avec des personnages donnant lieu à des conversations faisant progresser la trajectoire du héros en lieu et place d’une véritable intrigue.

Quasi-huis clos dans une limousine où Matt Packer (Pattinson) contemple l’extérieur et l’effondrement de son monde tout en discutant avec des intervenants hétéroclites, Cosmopolis surprend, décontenance, et il est difficile de s’y faire un avis à chaud tout comme à froid cela dit…

L’œuvre prophético-anticipatoire de Don De Lillo n’était pas évidente à transposer tant elle collait mal avec une représentation cinématographique selon les canons traditionnels. Il aura fallu à Cronenberg adopter une forme résolument différente, pour accoucher de son adaptation pamphlétaire étrange décortiquant (on retrouve le cinéaste ici) le système actuel fonçant vers le chaos prévisible. Statique, verbeux, discursif, Cosmopolis est plus une expérience de cinéma qu’un film classique narratif. Le spectateur est ainsi invité à suivre les déambulations d’un riche golden boy traversant la ville un jour de chaos où une ère s’effondre, celle du capitalisme, laissant place à un début d’anarchie étrangement apocalyptique. Cet effondrement a, à son niveau, une puissante résonance car avec lui, c’est tout son monde, son univers, sa vie qui se délitent sous ses yeux. Matt Packer a tout perdu, ce brutal krach l’a ruiné. Hagard, désemparé sans voir immédiatement la réalité en face, il déambule, avec pour seul souci de la journée, sa faire faire une coupe de cheveux à l’autre bout de la ville. Autour de lui, une menace sur sa vie est d’actualité, le passage du Président en ville déclenche des troubles, la chaos se répand, la ville devient folle et le rat pourrait devenir la nouvelle monnaie d’échange. Cronenberg montre toute la vicissitude de la vie des puissants ne vivant pas dans la même dimension que le quidam banal. Ces riches désemparés, ont des préoccupations autres voire se créent des préoccupations futiles pour combler le vide de leur existence ne tenant qu’à un fil, celui-ci étant en train de se briser pour Matt.

En prenant le point de vue d’un de ces puissants loin du monde de 99% des habitants de la planète, le cinéaste livre une profonde réflexion sur les fossés qui marquent et régissent notre monde capitaliste actuel et sur l’équilibre précaire qui le soutient. Aux détours de scènes, de situations et de dialogues farfelus mais desquels se dégagent souvent voire toujours du sens dans un film aux allures métaphysiques, Cronenberg souligne l’incompréhension, l’illogisme, le nonsensique d’un monde prêt à collapser, d’un monde qui, à avoir passer des années sous pression tel une cocotte minute, explose, vole en éclat, laissant exploser la rage des plus faibles face à l’incompréhension impuissante des plus forts. Robert Pattinson, dont la performance est louée visiblement unaniment, prête ses traits à cette errance sans pour autant convaincre vraiment, trimballant sa tête de grenouille dans un film aux antipodes de tout. Fascinant sur le fond, envoûtant sur la forme, il n’empêche que Cosmopolis souffre de son intelligence affichée à chaque plan, de son image d’œuvre pompeuse, alourdie par un rythme allant de pair avec les idées qu’il cherche à transmettre. Aussi intéressant soit-il, l’expérience Cosmopolis en devient à double tranchant : passionnant voire hypnotisant d’un côté, il l’est proportionnellement à l’ennui qu’il procure par cette traversée lente et presque somnolente où les différents segments s’agencent sans pour autant s’emboîter avec une fluidité et une homogénéité immédiatement perceptible, d’autant que les segments affichent eux aussi une longueur excessive en soi. Poussant loin la réflexion de son postulat, il en devient vite une œuvre magistrale mais qui peine à emporter et à passionner, la verve et la réflexion ne faisant pas à elles seules, un film de cinéma exaltant. Et Cosmopolis d’être au final une œuvre riche mais ennuyeuse, vénéneuse mais assommante, tiraillée entre son fond profond et sa forme douloureuse en plus d’être aléatoirement bien mis en scène (pour une belle photographie, de forts mauvais cadrages peu aidés par un format en 1:85). On souffre tout en percevant l’énormité de la chose. La marque de ces films ambitieux mais qui ne savent pas allier plaisir procuré et intelligence de discours. Cosmopolis ou comme un gros pavé littéraire massue, à la fois imposant et riche mais aussi poseur et poussant à la narcolepsie fatale à son appréciation.

Bande-annonce :

2 thoughts on “COSMOPOLIS (critique)

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