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UN OURS DANS LE JURA de Franck Dubosc : la critique du film

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Nom : Un ours dans le jura
Père : Franck Dubosc
Date de naissance : 1er janvier 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Comédie, Polar

Livret de Famille : Franck Dubosc, Laure Calamy, Benoît Poelvoorde, Joséphine de Meaux, Kim Higelin…

Signes particuliers : Savoureux.

Synopsis : Michel et Cathy, un couple usé par le temps et les difficultés financières, ne se parle plus vraiment. Jusqu’au jour où Michel, pour éviter un ours sur la route, heurte une voiture et tue les deux occupants. 2 morts et 2 millions en billets usagés dans le coffre, forcément, ça donne envie de se reparler. Et surtout de se taire.

 

LE FARGO DE FRANCK DUBOSC

NOTRE AVIS SUR UN OURS DANS LE JURA

Dans sa carrière d’acteur, il a vraiment tout connu, la galère des débuts, les succès populaires et les échecs. Quand il s’est lancé comme réalisateur, Franck Dubosc a vu l’histoire se répéter. Le succès avec son premier long (l’excellente comédie romantique Tout le monde debout) puis l’échec avec son second (le moins réussi Rumba la vie). Mais Dubosc n’est pas du genre à baisser les bras et à laisser tomber, sinon il n’aurait jamais fait carrière après avoir végété pendant des années à courir les cachets et les petits rôles ingrats qui ont tant rempli les casseroles de l’émission Les Enfants de la Télé. Alors Franck Dubosc s’est relevé de l’échec justement, et puis comme on dit, jamais deux sans trois. Deux ans après la déception Rumba la vie, l’acteur-réalisateur a digéré et revient avec Un Ours dans le Jura, une comédie noire à la lisière du polar enneigé. Ou quand Dubosc se prend pour les frères Coen avec un Fargo dans le Jura où l’on croise un ours, des migrants, un couple de vendeurs de sapins, une mystérieuse bagnole avec un gros pactole dedans, des gendarmes bancals et des trafiquants patibulaires.

Couple sans histoire mais usé par le quotidien, Cathy et Michel peinent à faire face à leurs dettes. Tout bascule le jour où Michel a un accident en voulant éviter un ours. Il emboutit une voiture garée sur le bord de la route et provoque accidentellement la mort de deux personnes dans des circonstances… curieuses. Mais moins curieuses que le sac de sport trouvé dans le coffre du véhicule, avec deux millions en petites coupures. Deux millions, ça fait réfléchir, même des braves gens honnêtes.

On a connu un Dubosc côté pile puis un Dubosc côté face. Bonne nouvelle, c’est le premier qui est de ressortie avec Un Ours dans le Jura, savoureuse farce mélangeant comédie déjantée, drame familial, film policier et polar noir. Une sacrée tambouille mais parfaitement assaisonnée par un Franck Dubosc qui fait preuve d’une belle maîtrise pour marier les genres et les tons de son troisième bébé, son plus périlleux et ambitieux à ce jour, et probablement son plus abouti aussi.

Son premier était le plus drôle, son second était le plus tendre, son troisième est assurément le plus jouissif. Ou le plus caustique. Ou le plus sanglant. Au choix. Une montagne d’argent tombée du ciel, des cadavres encombrants à cacher, une enquête de gendarmerie à esquiver… Michel et Cathy ne sont pas sortis des ronces avec leur petite truanderie improvisée. Alors ils pataugent. Et plus ils pataugent, plus ils paniquent. Et plus ils paniquent, plus ils s’enfoncent dans les emmerdes.

Sous couvert d’une comédie policière au plaisir jubilatoire tour à tour désopilante ou gentiment stressante, Franck Dubosc signé une allégorie au vitriol de nos sociétés modernes impitoyables qui poussent les âmes les plus innocentes aux méfaits les plus absurdes et/ou cyniques. Parce qu’ainsi est devenu le monde, être gentil ne nourrit pas son homme. Fermiers honnêtes, policiers droits, homme d’église proche de ses ouailles, tout le monde peut craquer en ces temps difficiles pour un peu d’argent synonyme de lueur d’espoir pour rêver à autre chose que la morosité d’un quotidien en berne. Loin d’être bête, Un Ours dans le Jura nicherait presque un petit propos social au cœur d’un film qui néanmoins ne se la joue pas : un film honnête d’un artiste honnête qui cherche à divertir avec entrain sans pour autant sombrer dans la balourdise. Émouvant dans ce qu’il raconte, la comédie de Franck Dubosc témoigne d’un cœur gros comme ça derrière la façade d’un amusement acidulé. Et la force de son auteur, c’est d’arriver à extraire ses personnages de la petite médiocrité dans laquelle ils ont l’air de végéter, pour les rendre terriblement humains, terriblement attachants.

Encore une fois, Franck Dubosc prouve qu’il est un réalisateur surprenant, loin de l’image de beauf qu’il s’était forgé avec dérision à ses débuts. Quand il passe derrière la caméra, il devient un auteur capable de livrer des friandises de grande qualité. Avec de la générosité, du plaisir, beaucoup d’humour, un vrai regard sur le monde, et un indéniable sens du cinéma. Largement assez pour être salué d’un petit coup de chapeau.

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