Nom : Tár
Père : Todd Field
Date de naissance : 2022
Majorité : 25 janvier 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h38 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Cate Blanchett, Nina Hoss, Noémie Merlant…
Signes particuliers : Fascinant.
Synopsis : Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d’un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle. En émerge un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société.
UN FILM HORS NORMES
NOTRE AVIS SUR TAR
Tár est un déraillement. Le déraillement d’un personnage, le déraillement d’une machine à créer. A l’écran, le film de Todd Field observe la désagrégation d’une vie très établie. Celle de Lydia Tar, une influente cheffe d’orchestre reconnue dans le monde entier et à la tête du prestigieux orchestre symphonique de Berlin. En coulisses, Tár interpelle et secoue tous les codes de l’industrie hollywoodienne actuelle. Dès le générique de début, qui est en réalité un générique de fin, Todd Field envoie un signal. Tár sera un film différent, un film hors norme, hors sentier, un pied de nez.
C’est tout le paradoxe d’une œuvre anormalement démente et épaisse. Alors qu’il tord le cou à toutes ces pseudo-conventions actuelles exploitant l’inclusivité uniquement pour se donner bonne conscience, Tár répond pourtant comme peu d’autres aux valeurs du fameux test de Bechdel. C’est le portrait d’une femme qui existe par et pour elle. Et tout en étant féministe à sa manière, il fait exploser les codes du cinéma féministe lissé en faisant de son héroïne (femme), un ogre que le pouvoir va déstabiliser et faire briller autant que vriller. En somme, un personnage femme qui n’a rien de positif. Parce qu’au fond, la réelle inclusivité serait celle-ci, ne pas sortir les femmes de cases pour mieux les enfermer dans de nouvelles. Sa Lydia Tar échappe à tous les schémas stéréotypés homme/femme passés ou présents. Elle est un personnage qui ne se définit pas par son sexe. Et le film de justement questionner ces schémas en creux derrière tout un tas de choses, de projeter au centre de l’œuvre un maelström de réflexions sans jamais chercher à imposer une quelconque vérité définitive. Il est question des dangers du pouvoir, de cancel culture, de wokisme, de féminisme, du rapport entre l’homme vs l’artiste. Autant de questions souvent débattues ces temps-ci, autant de sujets épineux que le cinéma hollywoodien actuel peine à toucher avec profondeur, justesse et prise de risque ; et que Tár travaille avec une intelligence rare dans une œuvre grandiose et aspirante. Car oui, on se fait aspirer par le très long-métrage de Todd Field.
Par Nicolas Rieux