Mondociné

SMASHING MACHINE de Benny Safdie : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs

Nom : The Smashing Machine
Père : Benny Safdie
Date de naissance : 29 octobre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h04 / Poids : NC
Genre : Biopic, Drame

Livret de Famille : Dwayne JohnsonEmily BluntLyndsey Gavin, Ryan Bader…

Signes particuliers : Le meilleur rôle de Dwayne Johnson.

Synopsis : Dwayne Johnson est Mark Kerr, légende du MMA des années 90, surnommé « The Smashing Machine » tandis qu’Emily Blunt incarne son épouse, Dawn Staples.

LE « RAGING BULL » DE DWAYNE JOHNSON

NOTRE AVIS SUR SMASHING MACHINE

Jadis inséparable de son frère Josh avec qui il a co-signé Good Time ou Uncut Gems, Benny Safdie lance officiellement sa carrière de réalisateur solo après une petite poignée de courts-métrages. Son premier film inaugurant ce nouveau chapitre de sa carrière artistique est donc The Smashing Machine, un biopic sur la vie de l’américain Mark Kerr, combattant de MMA comptant parmi les pionniers du free-fight. Lauréat du Lion d’argent du meilleur réalisateur à la dernière Mostra de Venise, The Smashing Machine (le surnom de ring de Mark Kerr) est porté par un Dwayne Johnson dont le passif de catcheur a sûrement contribué à en faire la figure idéale pour le rôle.

Le film retrace le parcours de Kerr, de ses débuts à la fin des années 80 jusqu’à son déclin au début des années 2000, entre victoires écrasantes sur le ring, forte addiction aux analgésiques et histoire d’amour houleuse avec sa compagne Dwan (Emily Blunt).

Avec Smashing Machine (sans le The en France), Benny Safdie tente de dresser un double portrait, d’abord celui d’un sportif à la fois emblématique et pourtant méconnu, et celui d’un sport à ses débuts, bien avant que le MMA ne connaisse un essor monstrueux et que ses stars soient mondialement célèbre (type Conor McGregor). Pour sa première en solo, Benny Safdie signe un drame sportif plutôt agréable à suivre et marqué par l’efficacité de ses scènes de combats sur le ring, filmées de manière assez intense et immersive par le cinéaste. A n’en pas douter, ce sont elles que la Mostra de Venise a tenu à saluer à travers le prix décerné à la mise en scène du film. Et il n’est pas à exclure que d’autres suivront pour un Dwayne Johnson assez épatant dans le rôle du colosse Mark Kerr. Physiquement transformé, Dwayne Johnson épouse avec conviction ce rôle dramatique, probablement l’un de ses meilleurs depuis Southland Tales de Richard Kelly en 2006. Après avoir enchaîné les blockbusters basiquement divertissants, l’acteur s’essaie à la nuance dans ce qui sera son Raging Bull à lui.

À travers l’odyssée de ce combattant passionné, Benny Safdie explore des thématiques humaines intéressantes allant de l’exigence d’un sport de haut niveau à la difficulté de conjuguer vie personnelle et concentration extrême, en passant par l’addiction aux drogues. Mais le plus fascinant dans ce portrait de Mark Kerr est sans nul doute l’étonnante dichotomie entre la violence de la « smashing machine » sur le ring et l’incroyable douceur et gentillesse de l’homme en dehors. Benny Safdie rend bien cette impression de double-personnalité, d’un côté le sportif replié sur sa soif de victoire, de l’autre l’homme attachant au quotidien. Attachant, c’est la principale qualité du film d’ailleurs. Benny Safdie parvient à convoquer beaucoup d’empathie envers son héros et c’est à elle que Smashing Machine doit son salut. C’est surtout grâce à elle que le spectateur se plaît à suivre l’histoire contée à l’écran car derrière, le film de Benny Safdie paraît assez creux.

Car en dressant le bilan post-séance, il ne reste finalement pas grand-chose du film si ce n’est le plaisir fugace du conte. Smashing Machine n’est ni plus ni moins qu’un énième récit d’ascension et de chute sportive sur fond d’addiction aux drogues et de difficultés conjugales. Chose que l’on a vu et revu mille fois au cinéma. Et malheureusement, Benny Safdie passe un peu à côté des sujets qui auraient pu/dû donner du corps à son histoire trop peu consistante à elle-seule. Le portrait des débuts du MMA n’est pas vraiment creusé (ses premiers champions, sa dangerosité, sa mauvaise réputation) et l’on s’étonne même de ne pas voir Safdie s’y aventurer. Alors que l’on voit Mark Kerr combattre régulièrement au Japon, le film occulte tout un contexte aux Etats-Unis pour se focaliser uniquement sur l’intimité de son personnage-sujet dont la vie manque d’un angle original qui légitimerait l’existence du film au-delà de l’anecdote. Car même en assumant le choix de rester à hauteur portraitiste d’un homme, on peut aussi s’étonner de ne pas voir Smashing Machine s’attarder davantage et plus en profondeur sur les conséquences d’un sport aussi violent et sur les combattants qui y participent.

Mais en dépit de la faiblesse de sa caisse de résonance et de sa trop grande simplicité narrative qui conduisent le film à ne pas vraiment raconter grand-chose dans le fond, Smashing Machine reste un divertissement tout à fait correct, bien exécuté, très bien interprété, et par moments subtilement touchant quand il tutoie de la caméra la notion de sacrifice pour un sport et la peur de l’échec. On est loin du grand film attendu mais dans le registre du drama à Oscars, pas de doute, il refera prochainement parler de lui.   

 

Par Nicolas Rieux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux