SAGES-FEMMES de Léa Fehner : la critique du film

Certains l’avaient peut-être vu sur Arte lors de sa diffusion en avril dernier. Ce n’est pas une première, Sages-Femmes est un long-métrage qui a connu une première exploitation sur la chaîne franco-allemande avant de se voir pousser quelques mois plus tard vers les salles de cinéma (comme La Journée de la Jupe par exemple). Chronique dramatique sur les coulisses de l’hôpital public, et plus spécifiquement celles d’un service de maternité, Sages-Femmes marque le retour à la réalisation de Léa Fehner dont on avait salué l’époustouflant Les Ogres en 2014. L’immersion se fait via les parcours de Louise et Sofia, deux jeunes sages-femmes qui découvrent le monde de la maternité publique. Un premier poste aux allures d’apprentissage, la beauté des moments d’émotion, l’enfer d’un hôpital public à cours d’oxygène.

Avec Sages-Femmes, Léa Fehner fait tout bien. Son film illustre toute la schizophrénie d’un microcosme au sein d’un microcosme. La maternité, c’est un monde à part dans le monde hospitalier, comme une bulle différente, le seul service où l’on vient pour quelque chose de positif. Malheureusement tout n’y est pas toujours rose et il comporte son lot de douleurs qui touchent en plein cœur. Il y a ces moments de grâce quand la vie jaillit entre larmes de joie et d’épuisement. Et il y a ces moments sombres quand tout se passe mal et que le bonheur se transforme en pire des malheurs. En-dessous de tout cela, dans les coulisses de ces couloirs colorés sonorisés par les cris de bébé, il y a un personnel dévoué, animé par une passion indéfectible qui tente de combattre la déliquescence d’un système qui collapse. Manque de moyens, manque de personnel, cadences infernales, risque d’erreurs, certains sont prêt à tout sacrifier pour l’amour du métier… jusqu’à la limite du supportable. Sages-Femmes dresse à la fois un beau portrait du monde la maternité, un bel hommage aux héros/héroïnes qui l’animent et un cri d’alarme face à une catastrophe en cours d’exécution. Emotion, rires et indignation se bousculent dans un joli film dont le seul vrai frein est d’arriver après une ribambelle d’autres ayant eu peu ou proue le même sujet (Voir le Jour, Sage-Homme).