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RUNNING MAN d’Edgar Wright : la critique du film

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Spectateurs

Nom : Running Man
Père : Edgar Wright
Date de naissance : 19 novembre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h14 / Poids : 110 M$
Genre : Action

Livret de Famille : Glen PowellJosh BrolinWilliam H. Macy, Michael Cera…

Signes particuliers : Une déception.

Synopsis : Dans un futur proche, The Running Man est l’émission numéro un à la télévision : un jeu de survie impitoyable où des candidats, appelés les Runners, doivent échapper pendant 30 jours à des tueurs professionnels, sous l’œil avide d’un public captivé. Chaque jour passé augmente la récompense à la clé — et procure une dose d’adrénaline toujours plus intense. Ben Richards, ouvrier désespéré prêt à tout pour sauver sa fille gravement malade, accepte l’impensable : participer à ce show mortel, poussé par Dan Killian, son producteur aussi charismatique que cruel. Mais personne n’avait prévu que Ben, par sa rage de vivre, son instinct et sa détermination, devienne un véritable héros du peuple… et une menace pour tout le système. Alors que les audiences explosent, le danger monte d’un cran. Ben devra affronter bien plus que les Hunters : il devra faire face à un pays entier accro à le voir tomber.

COURS GLEN, COURS !

NOTRE AVIS SUR RUNNING MAN

Les adaptations des romans de Stephen King se suivent et ne se ressemblent pas. Récemment on avait salué la réussite de celle de Marche ou Crève par Francis Lawrence. À peine quelques semaines plus tard, c’est le sentiment contraire qui prédomine à la sortie de Running Man. Réalisé par le dingo-pop Edgar Wright (Shaun of the Dead, Scott Pilgrim, Baby Driver) qui signe là son premier vrai blockbuster, Running Man n’a rien d’un remake du film de Paul Michael Glaser sorti en 1984. Comme l’explique très bien Edgar Wright, il s’agit d’une nouvelle adaptation moderne qui ne cherche pas à copier son aîné (il lui adresse juste un micro clin d’oeil rigolo) mais plutôt à revenir plus fidèlement au roman. Pas sûr que ce soit une si bonne nouvelle quand on sait que les meilleures adaptations de Stephen King sont celles qui ont un peu (ou beaucoup) trahi Stephen King.

Pour ceux qui seraient complètement passés à côté du phénomène littéraire ou cinématographique, Running Man est une dystopie imaginant un futur proche et désenchanté dans lequel les médias sont devenus tout-puissants. Et organisent des jeux télévisés cruels ou ultra-violents sur lesquels se précipitent des postulants miséreux cherchant à gagner un peu d’argent. Comme Ben par exemple, dont la fille est malade et qui n’a pas les moyens de lui payer des médicaments. Sans l’avoir vraiment voulu, il se retrouve embarqué dans The Running Man, un jeu télévisé où trois candidats concourent pour le graal ultime, un pactole d’un milliard. Mais pour cela, ils doivent survivre durant 30 jours, traqués par une milice sur-entraînée et par toute une population qui peut gagner de l’argent si elle le trouve et les dénonce.

La victoire ou la mort dans un effroyable jeu télévisé imaginé par une société totalitaire. On a déjà vu ça dans Marche ou Crève. En l’espace de trois ans (entre 1979 et 1982), Stephen King avait pondu deux romans qui se ressemblaient sur le fond, sans parler de la forte « ressemblance » entre Running Man et le français Le Prix du Danger (avec procès pour plagiat et compagnie). Si la similitude entre ses deux œuvres littéraires est à relever, c’est surtout car leur traitement a l’écran a donné deux choses bien différentes. Avec Marche ou Crève, Francis Lawrence a fait le choix d’une certaine forme de sobriété là où Edgar Wright s’est orienté vers une direction plus pop et excitée pour Running Man. Louable sur le papier, sa démarche est néanmoins anéantie pour le peu de maîtrise affichée par le père de Shaun of the Dead. Il y a tellement de choses qui ne vont pas dans son Running Man qu’il devient difficile de toutes les lister. Mais si l’on devait en extirper la plus problématique, ce sera à n’en pas douter son écriture. Running Man fait tout de travers ou presque, de sa manière de planter ses personnages avec la finesse d’un Donald Trump en plein meeting à son final en mode « Bon allez, balec, on expédie tout ça, j’en ai ras le cul ». Entretemps, Running Man tourne en rond, noue des ficelles narratives sur d’autres ficelles narratives (à ce niveau là, c’est même plus des ficelles mais des cordes de marins) et se perd complètement dans un récit confus et désordonné. C’en devient assez effarant, Running Man ambitionnait d’être un Blockbuster d’action fun mais intelligent, il devient un film pénible et parfois grotesque, passant souvent à côté de ses meilleures scènes faut de savoir les crédibiliser dans son univers. Et alors que le sympathique Glen Powell en fait des tonnes pour jouer le mec vénère, Edgar Wright fait pareil.

Le cinéaste veut tout mettre dans son film. Un déluge d’action, une grosse dose d’humour, un côté cool mais aussi un côté sombre, un clin d’œil au film de 1984, un esprit à la Joker ou V pour Vendetta, un final twisté à mort, une caricature chargeant la télé spectacle et/ou poubelle manipulant les masses crédules, une allégorie dystopique d’une Amérique glissant vers une société déliquescente, déshumanisée et insidieusement totalitaire… En gros, Running Man voudrait se réclamer du blockbuster avec du spectacle mais aussi du fond, en l’occurrence un regard moderne sur l’Amérique moderne (trumpiste notamment). Sauf que l’équilibre de tout cela ne fonctionne jamais. En pointillés, Running Man émet des embryons de choses intéressantes (que ce soit dans l’action ou dans son propos politique) mais il ennuie beaucoup aussi. Cerise sur le kouglof, et étonnant de la part d’un gars comme Edgar Wright, Running Man affiche aussi des carences artistiques assez inattendues. Outre le fait d’être mal écrit, il est aussi par séquence plus ou moins grosses, mal réalisé et/ou mal monté. À l’image d’un long passage dans un avion auquel on ne comprend visuellement que dalle. Au final, il se dégage que bien peu de tension (et aucune émotion) dans ce capharnaüm qui ne parvient jamais à trouver ni son ton ni sa bonne carburation. Tout fan de Stephen King qu’il est, Edgar Wright passe complètement à côté de son entreprise.

 

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