PAS DE VAGUES de Teddy Lussi-Modeste : la critique du film

Les difficultés du monde enseignant continue d’inspirer un certain cinéma français à consonance sociale et sociétale. Après une flopée de drames, de comédies dramatiques ou de feel good stories ces dix dernières années, Pas de Vagues vient s’ajouter à la longue liste de films sur le sujet. Troisième long-métrage du réalisateur Teddy Lussi-Modeste (Le Prix du Succès avec Tahar Rahim), Pas de Vagues ausculte l’engrenage infernal dans lequel plonge un jeune professeur de collège (François Civil) confronté à une dénonciation infondée d’harcèlement sexualisé sur une élève. Le début d’une chute sans prises pour se raccrocher.

La fragilité du métier, la gestion délicate des élèves et des familles difficiles, le manque de soutien des hiérarchies souvent plus préoccupées par la peur du scandale et des « vagues » causées par une affaire, la suspicion qui traîne, le regard des collègues, l’envie de bien faire son métier malgré l’absence de reconnaissance, d’aide ou d’accompagnement, les limites tristement obligatoires à fixer pour anticiper de possibles problèmes, le conflit accru entre vie privée et vie professionnelle à l’heure des tout-puissants réseaux sociaux, la dureté des enfants inconscients de la portée de leurs actes… Pas de Vagues parle de tout cela avec une certaine cohérence du propos dans un drame chargé en tension, au point de glisser parfois vers le thriller haletant. Le film de Teddy Lussi-Modeste dresse un regard lucide et pertinent sur son sujet. Certes on en connaît déjà bien les tenants et aboutissants, au moins autant que les problématiques, mais la piqûre de rappel reste importante et Teddy Lussi-Modeste l’applique avec suffisamment d’adresse pour captiver de bout en bout. Emmené par un excellent François Civil qui a toujours cette aisance à être crédible en tout (flic de la Bac ou prof, romancier égaré dans le multivers, oreille d’or de sous-marin ou mousquetaire), Pas de Vagues est une bonne dénonciation d’un système qui a vrillé depuis longtemps et qui continue de s’enfoncer dans ses turpitudes au détriment de tous, élèves comme professeurs.