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MASTER GARDENER de Paul Schrader : la critique du film

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Nom : Master Gardener
Père : Paul Schrader
Date de naissance : 2022
Majorité : 05 juillet 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Joel EdgertonSigourney WeaverQuintessa Swindell

Signes particuliers : Du pur Paul Schrader.   

Synopsis : Narvel est un horticulteur dévoué aux jardins de la très raffinée Mme Haverhill. Mais lorsque son employeuse l’oblige à prendre sa petite-nièce Maya comme apprentie, le chaos s’installe, révélant ainsi les sombres secrets du passé de Narvel…

REDEMPTION A FLEUR DE PEAU

NOTRE AVIS SUR MASTER GARDENER

Légende vivante du cinéma, célébré tant pour son travail de scénariste sur une sacrée brochette de classiques (de Taxi Driver à Raging Bull) que pour son travail de réalisateur (Mishima, American Gigolo, La Féline ou Affliction), l’américain Paul Schrader a connu des heures plus difficiles dans les années 2000… jusqu’à un fulgurant retour en grâce avec First Reformed puis The Card Counter. On aurait pu le penser démodé, il a prouvé qu’à plus de 70 ans, il avait encore pas mal de cinéma sous le capot. Et ça continue avec Master Gardener, présenté à la Mostra de Venise 2022. Emmené par un grand Joel Edgerton, entouré de Sigourney Weaver et la jeune Quintessa Swindell (la série Euphoria, le blockbuster Black Adam), Master Gardener est une balade paisible au chemin secoué par la collision de vies fragmentées.

Narvel (J. Edgerton) est un maître horticulteur dévoué aux réputés jardins du domaine de miss Haverhill (S. Weaver). Quand celle-ci lui demande de prendre sa nièce comme apprentie pour la remettre dans le droit chemin, l’équilibre précaire de ce petit microcosme fragile va être balayé comme les pétales d’une rose fraîche dressée face au vent.

Curieux film que ce Master Gardener qui traîne dans l’embarras au moment de s’en faire un avis tranché. En même temps, est-ce nécessaire de s’en imposer un ? La réalité est que ce nouveau long-métrage de Paul Schrader est un abandon. Un laisser-aller à la quiétude qu’il dégage. On se laisse bercé par cette bulle hors du temps, évoluant au rythme des fleurs qui grandissent, on se laisse cueillir par cet univers mystérieux fait de délicatesse, de beauté, de méticulosité, de couleurs. Mais l’abandon ne dure qu’un temps. Paul Schrader a toujours eu une appétence profonde pour les récits d’âmes cabossées. Et logiquement, le chemin de Master Gardener ne va pas être un long fil tranquille qui se déroule soigneusement. Le passé trouble de cette jeune femme échouant dans cet équilibre fragile va ricocher sur ceux qui l’entoure. Progressivement, Paul Schrader va effeuiller ses personnages, de son Narvel à la quiétude que l’on pensait immuable à sa miss Haverhill plus trouble que son élégance naturelle ne le laissait penser.

Master Gardener se traverse avec intensité dans chacun des visages qu’il offre. Intensité dans le calme doux de ces jardins méticuleux, intensité quand le ciel se charge de gris et que les traumas des uns et des autres refont surface en dévoilant leurs passés insoupçonnés. Et c’est là que l’on s’interroge sur le film. Tout aussi agréable, séduisant ou passionnant soit-il, on ne peut s’empêcher d’avoir cette sensation de voir Paul Schrader refaire un film qu’il a déjà fait. On pense bien sûr à son très récent The Card Counter qui fonctionnait peu ou prou de la même manière, selon le même déroulé et extirpant les mêmes thématiques de son histoire : un homme au métier intrigant qui va devenir le mentor d’une jeune personne vulnérable et de leur rencontre ressortent les traumas du passé. L’arc des traumas et des démons du passé qui remontent chez un héros est un classique du cinéma « schraderien » depuis à peu près toujours. On n’ira pas jusqu’à dire qu’il refait le même film inlassablement mais force est de constater que Master Gardener ne présente rien de neuf sous le soleil de maître Schrader. Reste que malgré cette indéniable impression de déjà-vu, Master Gardener fonctionne, séduit, emporte, émeut. Après tout, d’autres comme Almodovar ou Woody Allen refont continuellement des films similaires sans que ça n’altère le plaisir (enfin ça dépend des films) alors malgré l’effet redite, on peut aussi se contenter de la beauté du film métaphorique (la fragilité et la versatilité du monde de l’horticulture étant le reflet de celles des personnages), et au passage de la formidable interprétation de Joel Edgerton.

 

Par Nicolas Rieux

 

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