LA BRIGADE de Louis-Julien Petit : la critique du film

Louis Julien-Petit est devenu un cinéaste de formule. Un sujet sociétal avec un propos engagé, un récit balancé entre le rire et les larmes, le ton feel good movie, une méthodologie populaire, et hop roule ma poule comme dirait l’autre. Mais malgré cet aspect au fond très programmatique, ça marche à chaque fois. Ça a fonctionné sur Discount, ça a fonctionné sur Les Invisibles et ça refonctionne encore une fois avec La Brigade. Plutôt que « formule », on peut donc parler de « spécialité ». Certes, d’aucuns auront vite fait de lui reprocher ce manque de renouvellement mais qu’importe, sa perpétuelle sincérité l’emporte sur tout. Sur chacun de ses films, Louis-Julien Petit est toujours animé par son volontarisme, par sa conviction et sa profonde motivation à utiliser les outils du cinéma pour défendre une cause, en amplifiant sa voix par le recours à une narration et une mise en scène efficaces. Efficace, c’est exactement ce qu’est La Brigade, un film qui va droit au but et qui fait mouche.

Avec La Brigade, Louis-Julien Petit nous conte une nouvelle histoire profondément humaine (et humaniste) exploitant l’éternel ressort de la rencontre entre des êtres que tout oppose et qui vont mutuellement se tirer vers le haut. Avec en suspens dans l’air, cette petite musique déjà au cœur des Invisibles, chantonnant que venir en aide à son prochain peut nous rendre meilleur à titre personnel. C’est aussi ça Louis-Julien Petit, un idéaliste qui pense sincèrement que le monde pourrait tourner plus rond si chacun y mettait un peu du sien et si la politique ou l’économie faisaient un effort pour être davantage rationnels en voyant d’abord le bien commun. Cette fois, c’est l’actualité des « migrants » qui a touché le cinéaste, plus particulièrement le sort des mineurs étrangers qui doivent vivre avec cette épée de Damoclès les menaçant d’expulsion une fois leur 18 ans sonnés. Non, les migrants ne sont pas qu’un nom générique mis sur une masse informe qui alimente les médias. Non, ils ne sont pas que des visages anonymes croisés assis dans la rue ou ailleurs. Toujours en quête d’histoires reliées à son thème de prédilection à savoir l’intégration en France, Louis-Julien Petit a accueilli chaudement l’idée de sa scénariste Sophie Bensadoun de faire une comédie sociale consacrée à ces mineurs étrangers et sans-papiers rêvant de s’instruire et/ou d’apprendre un métier.

Récit fictif mais néanmoins bouleversant, La Brigade convoque tout le savoir-faire de Louis-Julien Petit. Un idéal fédérateur, une sensibilité imparable, un positivisme plein d’espoir qui se dresse contre la dure réalité des choses, et une profonde affection pour ces invisibles que l’on dédaigne et que le cinéaste aime à mettre dans la lumière car ils ont souvent beaucoup plus à nous apporter qu’on ne le pense. Comme ces jeunes migrants à cette Cathy Marie (formidable Audrey Lamy dont le naturel fait toujours des merveilles) au départ si arrogante avant que ne débute un voyage personnel.

Rires, émotions, bonne humeur et bienveillance sont une nouvelle fois les maîtres-mots de cette comédie engagée qui ne cherche jamais à donner de leçons, juste à rappeler avec tendresse que l’humaniste, l’entraide et l’empathie ont toujours leur place dans notre monde. Louis-Julien Petit n’est pas un moralisateur et c’est peut-être ce qui donne cette couleur si particulière à ses films.