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FIRESTARTER de Keith Thomas : la critique du film

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Spectateurs


Nom : Firestarter
Père : Keith Thomas
Date de naissance : 2021
Majorité : 1er juin 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h34 / Poids : NC
Genre : Epouvante, Fantastique

Livret de Famille : Zac EfronRyan Kiera ArmstrongSydney Lemmon

Signes particuliers : La nouvelle production Blumhouse. 

Synopsis : Depuis plus de dix ans, Andy et Vicky sont constamment entre deux déménagements pour échapper à une agence fédérale obscure qui cherche à capturer leur fille Charlie. En effet, celle-ci dispose d’une faculté extraordinaire de pyrokinésie dont l’agence aimerait se servir pour créer une arme de destruction massive… Andy a appris à sa fille à maîtriser sa colère ou sa douleur qui déclenchent son pouvoir. Mais Charlie a désormais 11 ans et elle a de plus en plus de mal à maîtriser ses émotions – et donc le déclenchement du feu. Lorsque l’agence découvre le lieu où elle et ses parents séjournent, un mystérieux agent est envoyé en mission pour traquer la famille et s’emparer de Charlie. Mais la jeune fille ne compte pas se laisser faire…

 

PAUVRE CHARLIE !

L’AVIS DE FRED SUR FIRESTARTER

Si jamais vous cherchez à ressentir une souffrance équivalente à une brûlure au troisième degré sur vos parties génitales, voici la nouvelle adaptation de Firestarter (aka Charlie en VF) d’après le roman éponyme de Stephen King ! La première version cinématographique de 1984 avec une jeune Drew Barrymore n’avait déjà pas convaincu les foules, la fournée 2022 accomplit l’exploit de faire encore bien pire !
Certes, à sa décharge, face à la multitude d’histoires d’êtres aux super-pouvoirs traqués par les autorités ayant pris le relais, celle de Charlie, petite fille aux dons pyrokinésiques poursuivie par une mystérieuse agence gouvernementale en compagnie de son père, encourait le risque d’avoir grandement perdu en originalité au fil des années. Mais on imaginait naïvement que le style de Stephen King, notamment sur le soin apporté aux portraits psychologiquement malmenés de ses protagonistes (et le plus déviant d’entre eux, Rainbird) ou sa manière de retranscrire l’impact des pouvoirs à travers les mots, pouvait être du pain béni pour un réalisateur chargé de mettre à nouveau des images sur le langage de cet imaginaire à consonance évidemment plus sombre que d’autres. Et Keith Thomas, auteur d’une belle atmosphère pesante au sein de son premier long-métrage d’épouvante The Vigil (déjà produit par Blumhouse), ne paraissait pas être le choix le plus maladroit en vue de s’acquitter de cette mission derrière la caméra.
Mais bon, on ne tournera pas plus longtemps autour du pot, la désillusion est au final totale. Et également très rapide dans la révélation de son ampleur : on n’a même pas le temps de voir naître quelques braises incendiaires à l’écran que Firestarter nous vide l’équivalent d’une vie de douches glacées sur la tête par le désastre qu’il représente. En plus de modifications qui n’apportent strictement rien de constructif à l’ensemble, on réalise très vite que le récit du roman a été vidé de sa substance dans l’unique but d’en rester au schéma le plus rudimentaire de cavale fantastique, où des personnages réduits à de simples pantins unidimensionnels (les motivations réécrites de certains sont devenues totalement risibles, pauvre Rainbird…) paraissent uniquement destinés à établir un bodycount peu impressionnant de grillades humaines & autres victimes de manipulations télépathiques sur leur passage. Bref, tout ce qui pouvait faire la différence de Firestarter dans le monde des fugitifs aux capacités surhumaines a tout bonnement été gommé au profit de la trame la plus monocorde du genre, en aspirant toutes les émotions véhiculées par les personnages du roman dans le néant scénaristique de son adaptation sommaire.
Et, si vous comptiez sur Keith Thomas pour faire la différence en termes de mise en scène, pas de chance, le bonhomme n’est plus que l’ombre de lui-même, à des années-lumière de la personnalité prometteuse que l’on avait décelée sur The Vigil, ici à la tête d’un long-métrage que l’on imagine bien sûr de commande et vendu sur la seule idée d’associer avec opportunisme les noms de King et de Blumhouse en haut de son affiche. À part une dernière partie où l’équipe de tournage semble être tombée par hasard sur une vieille caisse de néons colorés en se disant que ce serait bien d’en mettre partout pour donner un peu d’identité au visuel (spoiler : non, ça ne l’est pas), Firestarter mettra un point d’honneur à être formellement au diapason de la pauvreté de ce qu’il a raconté. Même lorsqu’on y décèle quelques velléités de s’attarder sur la relation père-fille en son cœur, le film prendra un malin plaisir à sacrifier ces instants pour l’issue la plus facile, synonyme d’un cahier des charges fatigué où des FX numériques gênants sont privilégiés afin de passer d’une exécution pyrokinésique oubliable à une autre (la capacité de « pusher » mental est presque mieux appréhendée à l’image, c’est dire).

Au milieu de tout ça, il ne restera finalement plus que la petite flamme de la bande-son omniprésente de John Carpenter (pas sa meilleure, elle est même à la limite de la caricature de ce que l’on peut attendre de lui) pour donner de vagues relents 80’s à l’entreprise, mais les efforts du maître resteront hélas vains devant la catastrophe. À travers l’inutilité de cette nouvelle adaptation, Blumhouse donne le sentiment d’avoir ordonné à Charlie de brûler les pages du propre roman dont elle est issue et, par la même occasion, de réduire en cendres le début de carrière de Keith Thomas (on espère pour son avenir qu’il a du sang de phœnix car il sera dur de se remettre d’un coup pareil). L’échec est donc complet, allant même jusqu’à donner des envies de pyromanie au spectateur vis-à-vis de l’entièreté de cette production au thermostat désespérément inerte.

Par Frédéric Serbource

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