Après une première salve passionnante autour de Jean Gabin parue le 21 octobre dernier, TF1 Vidéo continue d’enrichir sa magnifique collection « Cinéma » avec une nouvelle série de pépites du cinéma français des années 50 et 60. Duvivier, Verneuil, De la Patellière, Grangier, Christian-Jacque, Gabin, Fernandel, Delon, Bardot, de Funès, Michèle Morgan, Bourvil, Martine Carol, Boyer, Blier, Daniel Gélin, Arletty, Michèle Mercier, Pierre Mondy, Ventura, Aznavour… Les plus grands sont là, réunis dans des rééditions précieuses mettant en valeur le patrimoine cinématographique hexagonal. De nouveaux titres disponibles à partir du 13 novembre en DVD, tous avec une petite présentation en complément du film.
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Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Des gens sans importance
Père : Henri Verneuil
Date de naissance : 1955
Taille : 1h41
Genre : Drame, Romance
Avec : Jean Gabin, Pierre Mondy, Françoise Arnoul…
Résumé : A force de se croiser au relais Barchandeau, Jean Viard, routier sur Paris-Bordeaux, et Clothilde Brachet, serveuse, tombent peu à peu amoureux l’un de l’autre. Il se satisfont d’abord de vivre leur passion par intermittence. Mais le jour où Jean, excédé, cogne un contrôleur routier tatillon, et que parallèlement Clothilde attend un enfant, leur relation vire au tragique…L’AVIS : Toujours cette même puissance dans le jeu de Jean Gabin quand il incarne des personnages des classes populaires. Gabin pouvait jouer l’homme « moyen » comme personne, avec un charisme et une véracité profonde. Ici, il incarne un vieux routinier blasé traînant sur son visage, la pénibilité de son travail usant et de sa familiale ternie par le temps. Une romance inattendue va apparaître comme son salut dans une vie désabusée. Des Gens sans Importance est un bijou méconnu d’Henri Verneuil, son neuvième long-métrage dont il fut également le scénariste. Les dialogues sont du miel pour les oreilles, la mélancolie de l’histoire dévaste à chaque expiration de l’image, l’authenticité de l’univers fascine, l’inspiration du film noir américain cher au cinéaste jalonne cette tragédie romanesque, dont on ressort surpris de l’audace dans la destruction des codes passéistes de la famille traditionnelle. Un régal porté par de fabuleux comédiens dont une magnifique Françoise Arnoul.
– Tu vas pas nous emmerder à c’te heure-ci, toi ?
– Je vous ai déjà dit de pas me tutoyer.
– Il te tutoie pas, il te dit « merde ».
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Carte d’identité :
Nom : Le diable et les 10 commandements
Père : Julien Duvivier
Date de naissance : 1962
Taille : 2h07
Genre : Comédie dramatique
Avec : Claude Rich, Michel Simon, Lucien Baroux, Micheline Presline, Françoise Arnoul, Mel Ferrer, Charles Azanour, Lino Ventura, Fernandel, Alain Delon, Danielle Darrieux, Jean-Claude Brialy, Louis de Funès etc…
Résumé : Une série de 10 sketchs détournant avec humour les 10 commandements de la Bible.L’AVIS : C’est l’un des films les plus atypiques de l’immense héritage du cinéaste Julien Duvivier, dont l’éternel moralisme était à l’époque un peu mis en mal par l’arrivée grinçante de la Nouvelle Vague. Le Diable et les 10 Commandements est une comédie dramatique à sketches réunissant presque la quasi-totalité des stars en vue du cinéma français des années 50, sous le chapiteau d’une œuvre grinçante, insolente et anticléricale, même si elle n’atteindra pas les sommets vitriolés des plus grands chefs-d’œuvre italiens du genre. Avec toute la maîtrise qu’on lui connaissait, le réalisateur de La Belle Équipe évite à merveille les pièges du registre si difficile et redouté qu’était le film à sketch, et signe une œuvre fabuleuse de cohérence, de finesse et d’homogénéité, n’affichant presque aucune faiblesse. Du rire (la partie avec De Funès) à l’émotion (le sketch avec Alain Delon) en passant par quelques épisodes très sombres (ceux avec Fernandel, Ventura et Aznavour) bien encadrés par une variation des tons intelligemment construite, Le Diable et les 10 Commandements est une balade à la fois jubilatoire et magnifique, alternant des segments plus graves et d’autres à la légèreté réjouissante. Les plumes diverses et variées d’Henri Jeanson, Michel Audiard ou René Barjavel aux dialogues, n’y sont pas étrangères. Les comédiens régalent et Duvivier est le brillant chef-d’orchestre de cette partition étonnante et méritante. Un film rare, méconnu mais important.
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Carte d’identité :
Nom : Maxime
Père : Henri Verneuil
Date de naissance : 1958
Taille : 2h03
Genre : Comédie
Avec : Michèle Morgan, Charles Boyer, Arletty…
Résumé : Séducteur sans le sou, Maxime Cherpray enseigne l’art de bien se conduire. C’est dans ce cadre que l’un de ses élèves, Hubert, lui demande de l’aider à séduire la belle Jacqueline Monneron. Mais Maxime tombe lui-même sous le charme de Jacqueline et la rivalité s’installe entre les deux hommes.L’AVIS : Dans l’imposante filmographie d’Henri Verneuil riche en classiques du cinéma français, Maxime ne sera pas resté dans les mémoires, et l’on comprend vite pourquoi. Comédie vaudevillesque portée par un trio de stars, ce douzième film de Verneuil est l’un de ses plus poussifs. Un effort daté, dont la légèreté ne se retrouve pas qu’à l’écran, mais un peu partout dans les pores d’un projet finalement assez faible aux allures de cinéma de papa poussiéreux et sans grand intérêt autre que le divertissement trop sympathique pour marquer.
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Carte d’identité :
Nom : Retour de manivelle
Père : Denys de la Patellière
Date de naissance : 1957
Taille : 1h58
Genre : Policier
Avec : Michèle Morgan, Michèle Mercier, Daniel Gélin, Bernard Blier, Peter van Eyck…
Résumé : Fréminger, un riche homme d’affaires se suicide après avoir supprimé la clause du suicide de son testament. Sa veuve, Hélène, tente alors de maquiller sa mort en meurtre après avoir fait croire que le défunt est encore en vie. Elle fait appel à Robert, le chauffeur, qui devient son amant. Mais le plan tourne mal..L’AVIS : Profitant de l’engouement pour les films noirs américains et s’inspirant lointainement du classique Le Facteur Sonne Toujours Deux Fois de Tay Garnett (1946), Retour de Manivelle réunit tous les ingrédients du genre : romance, intrigue de polar, suspens, pauvre type mal embarqué et femme fatale. L’effort imitateur de Denys de la Patellière est sombre, bien ficelé et captivant malgré quelques longueurs, et jouit de l’excellente partition de ses grands comédiens, Daniel Gélin en tête, suivi de Michèle Morgan et Bernard Blier. Un film qui compense son manque de génie (souvent copieur des motifs du cinéma yankee) par son habileté narrative et sa solidité.
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Carte d’identité :
Nom : Une parisienne
Père : Michel Boisrond
Date de naissance : 1957
Taille : 1h26
Genre : Comédie
Avec : Brigitte Bardot, Charles Boyer, Henri Vidal…
Résumé : Jeune fille butée et capricieuse, Brigitte Laurier tente de séduire en vain Michel Legrand, directeur de cabinet de son père. Après avoir échafaudé un plan des plus machiavéliques, la jeune femme réussit à épouser Michel. Mais quand ce dernier l’ignore complétement, Brigitte décide alors de le rendre jaloux en ayant une aventure avec un prince. Un acte qui pourrait bien mettre en péril son mariage.L’AVIS : Une Parisienne est clairement un véhicule capitalisant sur le nouveau succès d’une Brigitte Bardot qui, un an plus tôt, venait de faire tourner les têtes de France et de Navarre avec Et Dieu… créa la Femme. Ode à la nouvelle star par qui le scandale arrive, ce vaudeville sympathique et gentimment benêt amuse essentiellement par la légèreté de son scénario, par le rocambolesque de ses situations comiques et par la fraîcheur d’une B.B. ingénue, tout en caprice, frivolité et charme. Le charme, voilà d’ailleurs l’autre argument mis en avant par la facétie de Boisrond. Le sex-appeal de Bardot qui, à l’époque, brûlait les rétines de millions d’hommes à travers le pays, est ouvertement mis en avant dans une comédie jouant à fond la carte de sa sensualité et de ses courbes incandescentes et provocantes, alliées à sa beauté fascinante. Pour le reste, Bardot n’y livre certainement pas sa meilleure prestation à travers un rôle semblable à ceux de cruches proposées à Marilyn Monroe à ses débuts, et Une Parisienne n’affiche absolument aucun génie. Aussi gentillet que futile.
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Carte d’identité :
Nom : Madame du Barry
Père : Christian-Jaque
Date de naissance : 1954
Taille : 1h45
Genre : Comédie historique
Avec : Martine Carol, André Luguet, Daniel Ivernel…
Résumé : A la demande de la cour de Louis XV, le comte Du Barry se met en quête d’une maîtresse capable de consoler le souverain de la perte récente de La Pompadour, la favorite du roi. Il trouve bientôt une jeune beauté, Jeanne Bécu. De cette roturière, il doit tout d’abord faire une noble..L’AVIS : Lorsque la Nouvelle Vague débarqua à la fin des années 50 avec ses dents acérées, Christian-Jaque était probablement l’un des cinéastes les plus visés par cette volonté idéaliste de dépoussiérer le septième art français et de balayer ce cinéma de papa jugé vieillot et dépassé en tout point. Madame du Barry est un parfait exemple de ce que les Godard, Truffaut et autre Rohmer chercheront à combattre. Malgré une belle distribution (aux performances très inégales) et des dialogues aléatoirement savoureux signés Henri Jeanson, Madame du Barry est une comédie baignant dans sa légèreté et sa superficialité. Du pur cinéma à l’ancienne, qui aujourd’hui, apparaît comme terriblement daté et finalement peu qualitatif. Totalement oubliable.
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Carte d’identité :
Nom : Poisson d’avril
Père : Gilles Grangier
Date de naissance : 1954
Taille : 1h42
Genre : Comédie
Avec : Bourvil, Louis de Funès, Annie Cordy…
Résumé : Emile, un mécanicien apprécié mais un brin naïf, se laisse convaincre par un vendeur insistant et lui achète un attirail de pêche. Préférant cacher cette dépense déraisonnable à sa femme, Emile s’éclipse pour tester le matériel chez une cousine, Annette. Une série de quiproquos improbables les obligent à prétendre que tous deux forment un couple.L’AVIS : Que les inconditionnels de Louis de Funès ne se précipitent pas top vite, le comédien au cabotinage hilarant, dont la carrière n’avait pas encore explosée en 1954, ne tient qu’un rôle secondaire dans Poisson d’Avril. En revanche, les amateurs de Bourvil peuvent foncer tête baissée et se régaler de cette petite douceur pleine de drôlerie et de tendresse ravissante. Comédie de boulevard truculente animée par l’éternelle candeur naïve et drolatique du comédien, Poisson d’Avril est une réussite méconnue et modeste, à la fois chaleureuse, amusante et espiègle. Réalisateur aussi à l’aise dans le drame que dans la comédie, Gilles Grangier lorgne du côté de Sacha Guitry et nous laisse entrevoir le Paris et ses environs de l’époque, dans un long-métrage plein d’humour et de quiproquos, caressé par un côté « Douce France, cher pays de mon enfance… » et animé par les délicieux dialogues de Michel Audiard.
– « Quand on a une barbe, c’est qu’on a quelq’chose à cacher. C’est pas franc une barbe ! »
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Carte d’identité :
Nom : La Table aux Crevés
Père : Henri Verneuil
Date de naissance : 1951
Taille : 1h42
Genre : Comédie dramatique
Avec : Fernandel, Maria Mauban, Andrex…
Résumé : Lorsque la femme d’Urbain Coindet, conseiller municipal du village de Cantagrel, est découverte pendue dans sa maison, c’est le scandale. Alors que les uns défendent Coindet en prônant la thèse du suicide, les parents de la défunte laisse entendre que leur gendre pourrait être coupable d’homicide… Les vieilles rancœurs ressurgissent et les villageois se divisent en deux clans.
L’AVIS : Cette vaste collection « Cinéma » exhume plusieurs films méconnus d’Henri Verneuil dont La table aux Crevés, son premier long-métrage tourné en 1951, emmené par Fernandel, avec lequel il collabora à plusieurs reprises par la suite. A ce moment-là, Verneuil était un inconnu et Fernandel, une star. L’acteur aidera le metteur en scène à pénétrer dans le sacro-saint milieu du cinéma, et Verneuil le lui rendra bien avec ce rôle magnifique de Coindet. Écrit par Verneuil d’après un roman de Marcel Aymé, La Table aux Crevés est un petit bijou d’humour noir au cynisme bien senti. On a souvent coutume de retenir de Fernandel, ses rôles à vocation comique. ce serait presque à en oublier, que le mythique acteur provençal a pu interpréter quelques rôles plus graves. Ici, il déploie toute sa palette à travers une performance alliant humour acide et gravité dramatique. Souvent cruel par la noirceur ambiante de son histoire ou désopilant par la qualité de ses dialogues pas piqués des hannetons, La Table aux Crevés est un film à (re)découvrir sans modération. La qualité de l’image et du son auront souffert des méfaits du temps, mais le talent esquissé de Verneuil et la prestation grandiose de Fernandel, font de cette pépite rare, un pur délice.
Par Nicolas Rieux