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EMPIRE OF LIGHT de Sam Mendes : la critique du film

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Nom : Empire of Light
Père : Sam Mendes
Date de naissance : 2023
Majorité : 1er mars 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h59 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Olivia ColmanMicheal WardTom Brooke, Colin Firth…

Signes particuliers : Un beau Sam Mendes à défaut d’un grand Sam Mendes. 

Synopsis : Hilary est responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe…

 

L’HOMMAGE AU CINEMA DE SAM MENDES

NOTRE AVIS SUR EMPIRE OF LIGHT

Mais ils se sont donnés le mot ou quoi ?! Qu’est-ce qu’ils ont tous à faire des films vantant la magie de la salle de cinéma ? Le septième art cristallisant souvent les peurs et les angoisses de son époque, ne verrait-on pas dans tout cela, un auto-besoin du cinéma de réaffirmer sa valeur face à la peur générée par ses difficultés actuelles, la baisse de fréquentation post-Covid et l’avènement des plateformes ? Babylon, The Fabelmans et maintenant Empire of Light, trois films temporellement rapprochés, une thématique commune. Cela dit, on note la coïncidence concordante mais ne soyons pas de mauvaise foi non plus, le nouveau film de Sam Mendes (tout comme ses petits copains) est loin de se résumer juste à « un film louant la magie de la salle en tant que temple du spectacle cinématographique ».

Quatre ans après la claque 1917, monument technique et artistique (un faux plan-séquence hyper immersif suivant un soldat lancé dans une mission suicide durant la Première Guerre Mondiale), le réalisateur de Skyfall et Spectre revient à un cinéma moins spectacle, plus « intimiste » dira t-on. Un peu à la manière des Noces Rebelles si l’on devait prendre un point de comparaison dans sa filmographie.

Dans l’Angleterre des années 1980, Hillary (Olivia Colman) est une femme esseulée qui travaille dans un cinéma jadis prestigieux, tombant doucement en désuétude. Au moins, le passage des clients et ses collègues lui permettre de rompre sa solitude de femme d’âge mûr célibataire. L’arrivée d’un nouvel employé, un jeune noir du coin, va bouleverser son terne quotidien tout en la renvoyant à ses démons.
Sam Mendes a du talent. On ne s’étonnera pas de voir Empire of Light réalisé avec soin et élégance, comme la belle copie d’un artiste consciencieux et appliqué. Sam Mendes est aussi un bon conteur. On ne s’étonnera donc pas non plus de le voir nous emporter dans son récit malléable et délicat, érigé entre le portrait introspectif et la fabrication de motifs émotionnels. Enfin, Sam Mendes est un artiste intelligent. On ne s’étonnera donc pas de trouver une certaine substance en creux d’Empire of Light. Le cinéaste dresse aux côtés de son beau portrait de femme, un tableau radiographique de l’Angleterre des années 80 entre difficultés sociales et xénophobie grimpante. Alors que le « dehors »  se caractérise par des tensions (on parle de l’Angleterre de Thatcher), le cinéma devient alors une sorte de bulle, un microcosme refuge aux allures de sanctuaire préservé, où la douceur répond à la colère, où tous les maux sont atténués par la beauté du moment cinématographique, où la réalité s’estompe pour laisser place aux rêves. Clairement, Empire of Light est là pour rappeler que le cinéma représente l’utlime évasion contre la noirceur du monde.

Sans être forcément un grand Sam Mendès en soi, Empire of Light est néanmoins une belle déclaration d’amour envers le septième art, un film délicat porté par sa profonde sincérité. Celle d’un artiste qui tient en haute estime son art et ce qu’il procure. Celle aussi d’un artiste qui adresse une lettre d’amour à sa maman, atteinte de bipolarité, et dont il projette le souvenir dans le personnage d’Olivia Colman. Décidément, les liens entre Empire of Light et le récent The Fabelmans de Steven Spielberg sont nombreux.

Très beau film traversé d’images fortes qui s’impriment durablement, Empire of Light pèche un peu dans son écriture qui ne matérialise ni ne sublime pas toujours ses meilleures idées. Mais Sam Mendes livre tout de même un film raffiné, porté par son tact, par ses sublimes comédiens (Olivia Colman est formidable comme toujours) et par la superbe musique du duo Trent Reznor & Atticus Ross.

 

 

Par Nicolas Rieux

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