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DECISION TO LEAVE de Park Chan-Wook : la critique du film [Cannes 2022]

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Spectateurs


Nom : Haeojil Gyeolsim
Père : Park Chan-Wook
Date de naissance : 2021
Majorité : 29 juin 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : Corée du Sud
Taille : 2h18 / Poids : NC
Genre : Policier, Thriller, Romance

Livret de Famille : Tang WeiPark Hae-ilGo Kyung-pyo

Signes particuliers : Prix de la mise en scène à Cannes

Synopsis : Hae-Joon, détective chevronné, enquête sur la mort suspecte d’un homme survenue au sommet d’une montagne. Bientôt, il commence à soupçonner Sore, la femme du défunt, tout en étant déstabilisé par son attirance pour elle.

THRILLER HITCHCOCKIEN

NOTRE AVIS SUR DECISION TO LEAVE

C’est l’un des cinéastes les plus en vue du nouveau cinéma coréen. Depuis plus de 20 ans, le talent de Park Chan-Wook s’exprime en dégageant une fascination constante. Six ans après son dernier passage à Cannes pour l’horlogesque Mademoiselle, le réalisateur de Old Boy était de retour à l’écran et sur la Croisette avec Decision to Leave, un mélange de thriller machiavélique et de romance déstabilisante rappelant de loin les fondamentaux du Basic Instinct de Verhoeven. De loin seulement car la proposition de Park Chan-Wook est très différente comme on peut s’en douter (moins sulfureuse dira t-on). Le cinéaste navigue entre les eaux de l’héritage d’Hitchcock avec une stylisation supplémentaire très prononcée (on pense notamment pas mal à De Palma par exemple) et signe un long-métrage proche de l’expérience voulue très sensorielle.
Expérience ou machinerie, c’est tout le débat qui agite autour de ce nouveau Park Chan-Wook, couronné d’un prix de la mise en scène au festival de Cannes. Pas étonnant, s’il y a bien une chose que l’on en retient, c’est bien cette réalisation extrêmement travaillée, précise et inventive. Côté scénario, Park Chan-Wook met en images l’histoire d’un policier confronté à la mort apparemment accidentelle d’un homme tombé d’une montagne lors d’une sortie escalade. Une enquête qui va le mener à son épouse, la belle et fascinante Sore, dont il va tomber amoureux. Ce scénario, simple en soi, le cinéaste va le complexifier (à l’extrême ?) pour le rendre particulièrement retors. Méritait-il justement d’être autant sur-construit ? C’est l’un des points qui laisse franchement perplexe face au film. L’ombre d’Hitchcock plane, celle de Vertigo plus particulièrement. Mais contrairement à ce que l’on peut penser parfois, le cinéma d’Hitchcock était narrativement très simple, très épuré, aimant aller à l’essentiel sans se perdre en fioritures. Chargeant trop la mule, le coréen lui se perd parfois en circonvolutions narratives au risque d’en alourdir la fluidité, dans ce qui ressemblerait presque à d’autres moments à une caricature de ce style surléché qui avait sublimé Mademoiselle en 2016. C’est ici que l’expérience sensorielle peut devenir machinerie. Park Chan-Wook a tendance à abuser d’un esthétisme prononcé à l’excès, soutenant de surcroît un scénario très emberlificoté. Au point que l’expérience paraît finalement très orchestrée.

Mais en dépit de ce caractère excessif dans l’artistique comme dans l’écriture, reste une nouvelle démonstration du cinéaste coréen qui happe le spectateur dans une toile souvent rendue fascinante et teintée d’une sensualité retenue, comme si Memories of Murders rencontrait In The Mood for Love. Toutes proportions gardées bien sûr, Decision to leave restant loin de ces deux chefs-d’œuvre du cinéma asiatique. Les idées de mise en scène fusent, plus que les idées d’écriture d’ailleurs, donnant lieu à un bel objet qui manque toutefois d’un peu d’intensité, laquelle se retrouve diluée dans le trop-plein. Heureusement, on reste sur une note positive grâce à un final absolument sublime et déchirant.

 

Par Nicolas Rieux

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