Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Monty Python and the Holy Grail
Père : Terry Jones & Terry Gilliam
Date de naissance : 1975
Majorité : 02 décembre 2015
Type : Sortie vidéo
(Éditeur : Sony)
Nationalité : USA
Taille : 1h30 / Poids : 250.000 $
Genre : Comédie
Livret de famille : Graham Chapman (Arthur), John Cleese (Chevalier Noir), Eric Idle (Robin), Michael Palin (Galahad), Terry Jones (Beldevere), Terry Gilliam (Gauvain)…
Signes particuliers : Le mythique Sacré Graal fête cette année, ses 40 ans. Bon anniversaire !
LE FILM À CÔTÉ DUQUEL BEN-HUR RESSEMBLE À UN DOCUMENTAIRE
LA CRITIQUE
Résumé : Le roi Arthur et les Chevaliers de la Table Ronde se lancent à la conquête du Graal, chevauchant de fantomatiques montures dans un bruitage de noix de coco cognées. La petite troupe va devoir passer mille épreuves, dont un chevalier à trois têtes, des jouvencelles en chaleur, voire même un terrible lapin tueur.L’INTRO :
La Légende d’Arthur a souvent inspiré le cinéma, pour le meilleur et pour le pire. Les amateurs de dessins animés se rappelleront à coup sûr du classique Merlin L’Enchanteur par Disney, les cinéphiles passionnés d’immenses fresques épiques auront en tête le chef-d’œuvre de John Boorman Excalibur, et les addicts aux éclats de rire se souviendront de l’inénarrable Sacré Graal, trésor de la joyeuse bande des Monty Python, sorti en 1975, soit il y a tout juste 40 ans. Un anniversaire qu’il était bon de célébrer, et que Sony Pictures a décidé de célébrer en grande pompe, avec une nouvelle édition proposant le film en Blu-ray dans sa version entièrement restaurée et accompagné d’une pléiade de suppléments imposant cette galette comme la version ultime du film sur support numérique !L’AVIS :
Peu nombreuses sont les comédies qui ont laissé autant de traces dans l’histoire du cinéma et de l’inconscient collectif et à ce titre, Sacré Graal figure dans le haut du panier pour l’incroyable héritage qu’il a pu laisser dans son sillage, quantité d’artistes, de troupes ou de films se réclamant de son influence. En 1974, le célèbre Flying Circus prend fin. La troupe britannique décide alors de se tourner vers le cinéma et de réaliser des longs-métrages où leur humour trouverait un nouveau moyen de s’exprimer. Précédemment, elle n’avait expérimenté l’exercice qu’au travers d’une anthologie de leurs meilleurs sketches, destinée au grand écran en 1971. Sacré Graal sera donc le premier de la liste, avant que ne suivent le drôlissime La Vie de Brian puis Le Sens de la Vie, et plus récemment le décevant Absolutely Anything. Dès les premières minutes, Sacré Graal donne le ton et revendique l’humour décalé et loufoque cher à la troupe. Ce même humour qui fera plus tard, les beaux jours des emblématiques de Canal+, Hazanavicius, Chabat, Les Nuls en général ou plus tard, Les Robins des Bois, mais aussi les ZAZ et on en passe. Un générique foutraque, parasité par une fausse pub pour la Suède, puis un message annonçant que les responsables du générique ont été virés… Voilà comment démarre Sacré Graal. Et voilà comment les premières larmes de rire coulent. Le reste ne sera que du bonheur permanent, une ode dévastatrice à la drôlerie complètement barrée et ubuesque.Cinématographiquement parlant, Sacré Graal n’était qu’un prétexte à un amoncellement de sketches tous plus désopilants les uns que les autres. La quête du Graal sert de fil rouge à un agencement de saynètes, dont certaines resteront cultes à travers les décennies. Le combat à l’épée dans la forêt avec le chevalier noir, le lapin-tueur, la traversée du pont, l’échange et l’affrontement avec les français au pied du château, la séquence de la sorcière… Sacré Graal enchaîne les quintes d’hilarité à un rythme effréné et fait de la « débilité », un art comique irrésistible contre lequel, il est inutile de lutter. Certains trouveront ça lourd, pas drôle, hermétique, ou foncièrement idiot. Mais c’est toute la beauté de l’humour, chacun le sien. Et pour les amateurs d’hilarité à base de grotesque farfelu, d’anachronismes tordants et de gags hystériques rasant le sol pour mieux cueillir les bases de l’humour régressif, Sacré Graal s’imposera comme un monument à la gloire de la bêtise qui fait marrer.La vivacité et le style des Monty Python s’expriment pleinement dans ce premier « vrai » long-métrage de la troupe où les idées fusent de toutes parts. Et fauché comme les blés, Sacré Graal a su également tirer le meilleur parti de son manque de moyens pour produire encore plus d’humour. Meilleur exemple, cette idée culte parmi tant d’autres, des chevaliers simulant d’avoir des chevaux et imitant le bruit du galop en tapant sur des noix de coco. Une idée née du fait que la production manquait d’argent pour obtenir de vrais chevaux ! La preuve par quatre de la créativité du groupe, qui savait se montrer réactif pour aller pêcher le rire même dans les situations les plus improbables. Aujourd’hui, le rythme de Sacré Graal pourra paraître par moments poussif, de même que la confection du film pourra sembler un peu vieillotte. Il faut bien dire que la troupe débutait au cinéma et n’avait pas encore la maîtrise qu’elle affichera par exemple quelques années plus tard, sur La Vie de Brian.
LE BLU-RAY COLLECTOR « 40eme ANNIVERSAIRE »
Outre la très belle restauration du film, Sony Pictures n’a pas lésiné sur les suppléments pour agrémenter cette édition spéciale « 40eme Anniversaire ». Ils sont même légion et placés sous la bonne étoile d’un humour qui régale en permanence. Une séance de questions/réponses avec la troupe enregistrée durant le festival de Tribecca 2015, un bêtisier du film, des scènes en version longue, une visite des lieux de tournage du film (majoritairement en Ecosse), des chansons, les commentaires audio de Terry Gilliam et Terry Jones, une photothèque, une animation montrant les chevaliers en Lego, des extraits du film ne version japonaise (surréaliste !), un faux film informatif expliquant comment se servir des noix de coco dans la reproduction du mouvement chevalin, un reportage d’époque sur le tournage exhumé des archives de la BBC etc… Et surtout, des extraits inédits et récemment retrouvés de la partie en animation. Selon Terry Gilliam qui les introduit, « la seule vraie bonne raison d’acheter ce Blu-ray », le cinéaste expliquant que ces images ont été coupées car les autres membres de la troupe ont voulu brider un jeune réalisateur talentueux parce qu’ils étaient envieux ! Comme vous l’aurez deviné, les suppléments de cette magnifique et riche édition laissent la part belle à l’humour des Monty Python et se révèlent vite, tout aussi décalé que le film lui-même !
(L’HILARANTE) BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux