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BORDERLANDS d’Eli Roth : la critique du film

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Spectateurs

Nom : Borderlands
Père : Eli Roth
Date de naissance : 07 août 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h40 / Poids : 120 M$
Genre : SF, Action

Livret de Famille : Cate Blanchett, Kevin Hart, Jamie Lee Curtis, Ariana Greenlatt, Edgar Ramirez, Florian Munteanu..

Signes particuliers : Une masterclass de médiocrité.

Synopsis : Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d’Atlas, l’homme le plus puissant (et le plus méprisable) de l’univers. Pour y arriver Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tina ; Tannis , une scientifique fantasque ; et Claptrap, un robot très bavard. Ensemble, ces héros improbables vont devoir affronter les pires espèces extraterrestres et de dangereux bandits pour découvrir les secrets les plus explosifs de Pandore. Basé sur l’une des franchises de jeux vidéo les plus vendues de tous les temps, bienvenue à BORDERLANDS !

 

OSCAR DU NAVET

NOTRE AVIS SUR BORDERLANDS

Alerte rouge, tous aux abris, adaptation d’une licence de jeu vidéo à succès en vue. À force, on le sait, on a été suffisamment prévenu, « jeu vidéo et cinéma » n’ont jamais fait bon ménage et rares sont les adaptations qui passent au travers du naufrage. Mais avec Eli Roth aux commandes, on caressait quand même quelques notes d’espoir même si le maître de l’horreur n’est pas dans sa meilleure forme depuis quelques années après une enfilade d’échecs (Knock Knock, Death Wish, Thanksgiving). Et si cette échappée du côté du blockbuster hardcore était l’occasion pour lui de renaître en réussissant le pari de faire de Borderlands, une chouette aventure SF déglinguée haute en hémoglobine et en action pétaradante ? Ouais, on était naïfs. On avait oublié que c’est Hollywood et que, comme souvent, des mecs lancent des projets en ne comprenant rien à ce qu’ils font et à ce qu’ils touchent. Four XXL au box office alors que son budget est monté plus haut que prévu après des besoins de reshoots (dirigés par Tim Miller), Borderlands n’a pas fait dans le miracle. Pire, il postule déjà à l’Oscar du navet d’or de l’année 2024.

Très franchement, on a rarement vu ça. Borderlands est une masterclass de nullité. Tout, mais absolument tout, est au mieux foireux au pire raté. Le film d’Eli Roth rejoint la liste de ces catastrophes cinématographiques improbables dans lesquelles rien ne va, aux côtés de trucs exécrables comme Green Lantern, Dragonball Evolution ou *choisis le film que tu veux* avec Christophe Lambert. Écriture, construction, univers, effets spéciaux, direction artistique, jeu d’acteur, mise en scène, montage, photo, dialogues, humour, scènes d’action, tout est à chier à un point qui frise le surréaliste. Dans le genre SF péteuse, Borderlands ferait presque passer Rebel Moon pour un chef-d’œuvre kubrickien. C’est bien simple, on n’avait rien vu d’aussi mauvais dans le genre depuis Battlefield Earth.

Borderlands nous plonge sans vaseline préparatoire dans un univers planté par un boucher sous kétamine. Comme s’il n’en avait rien à foutre de rien, Eli Roth démarre son film sans faire le moindre effort pour crédibiliser le monde dans lequel il souhaite expédier le spectateur. Foutraque et incompréhensible, on nous cause d’une civilisation extraterrestre, d’une arche, d’Eridiens, d’artefacts, d’une prophétie à la noix, d’une planète pourrie, de chasseurs, d’une faction appelée la lance écarlate…. Pour pénétrer dans ce bordel sans queue ni tête (et filmé ainsi d’ailleurs), Borderlands s’appuie sur une brochette de personnages tous plus insupportables les uns que les autres. Une héroïne pseudo-badass qui en fait des caisses en pensant que ses cheveux rouges feront le reste, une gamine avec des oreilles de lapin qui donne des envies d’infanticide, un Kevin Hart exhumé de Jumanji qui joue (encore) les sidekicks comiques lourdingues avec le sérieux d’un sketch du Palmashow, un robot réussissant l’exploit d’être plus agaçant que Jar Jar Binks… Et c’est parti pour 1h40 d’atrocité cinématographique à pleurer des larmes de sang alors que question « imagination », on pioche tranquilou bilou dans tous les standards de la SF mais en cheap, de Star Wars à Dune en passant par Mad Max, Les Gardiens de la Galaxie et on en passe…

Ça tape et ça flingue en faisant des acrobaties répétées par un chorégraphe gastro-entérisé, ça fait des blagues à deux balles sur le pipi, le caca et même le vomi, ça fait des trucs envers et contre tout bon sens, ça pond des rebondissements grotesques annoncés à la trompettes, on entrevoit vaguement des créatures monstrueuses (pas trop sinon ça coûterait trop cher), y’a de la télétransportation, une divinité protectrice, une fille clé, une porte à la Stargate, des pouvoirs magiques… Il y aurait tant à dire de ce bordel hilarant de connerie congénitale. En même temps, quand un personnage trouve le gros truc qui va vraiment faire avancer la quête des héros et l’intrigue sur « probablement un coup de chance », ça en dit long sur le niveau d’inspiration du bidule éclopé.

– Eh Maurice, je suis coincé sur le script là, je trouve pas comment l’héroïne pourrait trouver la solution.

– Bah t’as qu’à mettre qu’elle tombe dessus par hasard sur un coup de bol.

– Ah ouais pas con, merci Robert. Bon bah c’est bon du coup, on va boire l’apéro ?

Et pour n’oublier personne à la grande célébration de la médiocrité, une pensée pour les costumiers qui ont achetés les déguisements chez Jouet Club, pour le chef op qui a manifestement bossé avec du gravier dans les yeux, pour les cascadeurs qui se sont payés des bonds ridicules (les mecs qui font un salto avant après s’être pris une balle, on n’avait plus vu ça depuis les séries B des années 80), et surtout pour les acteurs en roue libre qui jouent tous comme des patates (faire aussi mal jouer l’oscarisée Cate Blanchett, ça relève de l’exploit). Mais tout ça n’est rien à côté du production design, la cerise sur le pudding immangeable. Non content d’avoir la direction artistique la plus laide vue depuis des lustres, Borderlands se paye des effets spéciaux aussi savoureux que des raviolis en boîte. Pour un film budgété à plus de 100 patates, il y a eu clairement arnaque quelque part. Les mecs pensaient avoir embauché des génies, ils ont récupéré des fonds verts et des SFX générés par une appli discount achetée sur Temu.

Véritable purge thermonucléaire hautement irradiante pour les yeux et les cerveaux, Borderlands a récolté ce qu’il méritait, faire un maxi four au box office. En même temps, quand on transforme une licence de jeu vidéo cinglée et sanglante pour en faire un spectacle comico-SF tout propre sur lui, faut pas s’étonner que ça dérape. Véritable cacophonie généralisée et portée par une équipe qui semble n’en avoir rien à carrer de rien, Borderlands a autant de charisme qu’un épisode de la Pat Patrouille. Moche et particulièrement stupide, le ratage atteint un tel degré de n’importe quoi que ça en devient lunaire. « Le chaos est un travail d’équipe » dit l’affiche. Faire un film aussi, il aurait peut-être fallu commencer par là.

 

Par Nicolas Rieux

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