APPRENDRE de Claire Simon : la critique du film

Après avoir arpenté les couloirs d’un hôpital avec Mon Corps, Claire Simon furète maintenant dans ceux d’une école primaire de la République. Avec Apprendre, la documentariste est allé filmer le quotidien d’élèves et de professeurs dans un groupe scolaire de banlieue parisienne. Comment les enfants apprennent les bases, le savoir, le vivre-ensemble, les règles, comment ils se construisent, comment on leur enseigne…

Documentaire et école, une combinaison qui nous renvoie forcément au magnifique Être ou Avoir sorti il y a vingt ans déjà. Mais le souvenir du bijou de Nicolas Philibert n’est pas du genre à valoriser la plongée de Claire Simon dans les coulisses de l’apprentissage scolaire en 2024. C’est souvent le même problème et on l’avait déjà souligné sur son très long Mon Corps, Claire Simon a cette fâcheuse tendance à capter beaucoup d’images, beaucoup d’instants intéressants, révélateurs ou pertinents, mais elle peine toujours à raconter une histoire à partir de sa matière brute. Encore une fois, Apprendre regorge de bonnes séquences mais souffre d’un problème de montage et d’agencement pour éviter de devenir un simple assemblage d’instants mis bout à bout. Avoir un sujet fort et passionnant ne suffit pas toujours à faire un bon documentaire. La particularité du registre du documentaire est que le plus dur vient généralement après, au montage, quand il faut travailler la matière filmée pour en sortir un tout cohérent et homogène. Claire Simon papillonne d’un sujet à un autre de sorte qu’Apprendre épouse le mouvement vivant de l’école, mais si certaines séquences ont beau être évocatrices (les affrontements dans la cour, les débats dans la classe), il lui manque cette capacité à s’attacher à quelques personnalités auxquelles s’accrocher pour mieux saisir le voyage, le travail entrepris, l’évolution de ce qui est raconté. En somme, le résultat est un peu brouillon.