ACCIDENT DOMESTIQUE de Caye Casas : la critique du film

Accident Domestique raconte l’histoire d’un couple enfin parents après une longue PMA. Mais l’achat d’une vulgaire table basse (moche de surcroît) va tout faire dérailler à cause d’une… vis manquante.

Accident Domestique, ou comment une banale bêtise va plonger un couple en enfer. L’idée était bonne. Les intentions de comédie noire aussi. Le problème du film, c’est qu’il va articuler toute son histoire sur un effet terriblement tragique, probablement ce qu’il y a de pire pour un homme et une femme. À partir de là, il devient très difficile de rire, même jaune, de l’intrigue tricotée par Caye Casas. On le voudrait car on sent l’envie de pondre un truc savoureusement noir et caustique. On le voudrait d’autant plus que le réalisateur ne manque pas d’idées inspirées. Mais au final, c’est la force du drame qui l’emporte au détour de quelques séquences poignantes, plus que la dérision attendue, espérée, entrevue, mais freinée dans son élan par l’horreur cruelle d’un fait divers malheureusement trop tangible pour déclencher l’hilarité par l’absurde. Car c’est bien ça le mot, Accident Domestique ne bascule pas dans l’absurde délirant à la Alex de la Iglesia, il bascule dans l’une de ces histoires du quotidien qu’on lit dans les journaux en se disant « Mon dieu, mais quelle horreur ». Peut-être parce qu’il n’assume pas complètement son entreprise in fine et qu’il freine un peu le délirant pour apporter un touche de drame parental tragique plaçant ainsi le film dans un entre-deux hésitant entre deux directions, la comédie horrifique d’un côté, le thriller psychologique de l’autre.

Plutôt bon en soi dans le rythme comme dans la mise en scène, la direction horrifique ou le suspense, le seul vrai problème du film est finalement d’être une comédie. Certes une comédie noire mais une comédie quand même. Et pour adhérer à son ton impertinent, encore faut-il accepter ce postulat comique basé… sur la mort accidentelle d’un bébé. Simetierre reposait sur la mort accidentelle d’un enfant mais c’était un drame bouleversant au-delà d’être un film d’horreur. Et la suite déployait un arc fantastique et non réaliste. Rire d’un accident aussi épouvantable est bien plus difficile car le film installe un malaise terrible qui prend le risque de désarmer l’humour noir.

 

Par Nicolas Rieux