Carte d’identité :
Nom : Fonzo
Père : Josh Trank
Date de naissance : 2018
Majorité : 15 octobre 2020
Type : Blu-ray/DVD
Nationalité : USA
Taille : 1h55 / Poids : NC
Genre : Biopic
Livret de Famille : Tom Hardy, Linda Cardellini, Matt Dillon, Kyle MacLachlan…
Signes particuliers : Décidément, Josh Trank ne confirme toujours pas les espoirs placés en lui.
LA DÉCHÉANCE D’AL CAPONE
NOTRE AVIS SUR CAPONE
Synopsis : Autrefois maître de Chicago, le redoutable Al Capone est assigné à résidence après 10 ans passés derrière les barreaux. Pour protéger sa fortune, il aurait dissimulé des millions de dollars avant son arrestation dans un lieu connu de lui seul et tous veulent s’en emparer. Même affaibli par la maladie, Al Capone est prêt à tout pour protéger les siens… et son argent.
Ça fait maintenant une paye que le Capone de Josh Trank a dévoilé ses premières images et pendant longtemps, son sort demeurait un mystère. Finalement (et comme pour beaucoup d’autres), la pandémie de Covid-19 aura influé sur sa destinée. Pas de sortie en salles, Capone a viré de bord vers la VOD aux Etats-Unis et directement en vidéo chez nous. Malgré la notoriété de son sujet, malgré l’attente qu’il pouvait susciter, malgré Tom Hardy en tête d’affiche. Comme son titre l’indique, Capone est un film sur…. Al Capone. Merci Sherlock. Mais là où bien d’autres biopic auraient prisé ses ronflantes années criminelles par soif de spectacle, le film de Josh Trank s’attarde sur la fin de sa vie, après qu’il soit sorti de prison. Une dernière année que l’ancien gangster numéro un de l’Amérique a passé en exil en Floride dans un état de déchéance physique et mentale, frappé par une neurosyphilis qui l’avait plongé dans la démence.
Propulsé cinéaste à suivre de près au lendemain du tour de force qu’était Chronicle, Josh Trank s’était ensuite empêtré dans les affres d’une superproduction catastrophique avec Les 4 Fantastiques, blockbuster qui l’aura vu affronter les vents contraires d’un studio ayant massacré son travail. Sur Capone, le cinéaste a pu faire globalement ce qu’il voulait et donner corps à un regard très personnel sur le mythe Capone. Son intention n’était pas de raconter ce qui a été raconté mille fois mais autre chose, un autre aspect de la vie du criminel de légende. Avec comme souhait de signer un film anticonformiste, barré, du genre que l’on peut qualifier de « particulier ». Spécial, Capone l’est. Les amateurs de biopic ultra-classiques et spectaculaires risquent d’ailleurs d’être fort décontenancés devant cette virée qui se veut à la fois belle et dérangeante. Capone est avant tout un drame psychologique aussi fantasque que retors, sorte de mélange entre les cinémas de David Lynch et Nicolas Winding Refn. Malheureusement, ces nobles références inspirantes n’accouchent pas d’un effort abouti. Au contraire, Capone est même assez raté malgré des visées fortes.
On ne pourra pas reprocher à Josh Trank de n’avoir rien essayé. Clairement, le cinéaste a tenté quelque chose. Son Capone est audacieux, dingo, le portrait fou d’un homme devenu fou. L’ennui, c’est que le metteur en scène se noie dans le verre d’eau qu’est son film. Très répétitif, Capone tourne en rond autour d’une unique idée, filmer la dégénérescence d’un ancien gangster qui n’a plus rien à quoi se raccrocher, pas même ses souvenirs mafieux puisqu’ils ne font que remonter par bribes dans des déliriums hystériques mêlés d’hallucinations. A mesure qu’il avance aussi laborieusement que son anti-héros (de surcroît privé d’attachement et d’affection), Capone se remplit avec du vide. Le personnage bave, il se chie dessus, il beugle, puis rebave, se rechie dessus, rebeugle… et ainsi de suite pendant plus d’une heure et demi entre deux hallucinations paranoïaques où tout se mélange dans son cerveau malade.
Les meilleures idées sont inexploitées (la théorie du complot selon laquelle il feignait sa maladie, son fils bâtard, son butin planqué), généralement bouffées par l’obsession de Trank à vouloir se concentrer uniquement sur son portrait psychotique habité d’un mythe qui s’effondre. Cœur du film sur lequel tout est focalisé à l’excès, il empêche la moindre ramification d’exister et réduit sans cesse la voilure d’une tentative repliée sur un fil trop mince dont on a vite fait le tour. Et Capone d’incarner à la perfection ce que l’on appelle « manquer d’épaisseur ». Autre chose de bouffé, la totalité des personnages secondaires (et ce qu’ils auraient pu apporter à l’histoire), tous avalés par les gesticulations cabotines d’un Tom Hardy sans cesse entre la performance fiévreuse et la parodie grotesque. Au final, Capone de complètement passer à côté de tout et de louper la cible du biopic psychologique viscéral qu’il espérait être. Il n’en subsiste qu’une étrange impression de vacuité, comme si l’on contemplait des bribes d’un film dont on a enlevé l’étoffe.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux