Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : A Walk Among the Tombstones
Père : Scott Frank
Date de naissance : 2014
Majorité : 15 octobre 2014
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h54 / Poids : 28 M$
Genre : Polar
Livret de famille : Liam Neeson (Matt Scudder), Dan Stevens (Kenny Kristo), Boyd Holbrook (Peter), Ólafur Darri Ólafsson (James), Maurice Compte (Danny), David Harbour (Ray), Brian Bradley (TJ)…
Signes particuliers : Liam Neeson dans un polar à la fois captivant et efficace, où le réalisateur Scott Frank injecte beaucoup de personnalité pour en faire un authentique film noir à l’ancienne porté par un suspens aiguisé et une narration habile. Aussi addictif que séduisant.
SI VOUS AVEZ UN PROBLÈME, SI PERSONNE NE PEUT VOUS AIDER…
LA CRITIQUE
Résumé : Ancien flic, Matt Scudder est désormais un détective privé qui travaille en marge de la loi. Engagé par un trafiquant de drogue pour retrouver ceux qui ont enlevé et assassiné sa femme avec une rare violence, Scudder découvre que ce n’est pas le premier crime sanglant qui frappe les puissants du milieu… S’aventurant entre le bien et le mal, Scudder va traquer les monstres qui ont commis ces crimes atroces jusque dans les plus effroyables bas-fonds de New York, espérant les trouver avant qu’ils ne frappent à nouveau…L’INTRO :
L’univers du détective privé sans licence Matt Scudder intéresse le cinéma depuis pas mal d’années maintenant. A la base, il est une série de 18 romans écrits par l’auteur américain Lawrence Block et parus entre 1976 et 2011. Le personnage, ancien flic, ancien alcoolique, et aujourd’hui détective rendant des « services » contre des « cadeaux », a déjà fait l’objet d’une première adaptation en 1986 avec le méconnu Huit Millions de Façons de Mourir de Hal Ashby. A l’époque, Jeff Bridges incarnait cet antihéros torturé. Le ramener sur le grand écran est un rêve de longue date sur lequel travaille le scénariste Scott Frank (Hors d’Atteinte, Minority Report) depuis 2002. Joe Carnahan ou encore D.J. Caruso ont été rattaché au projet durant un temps mais finalement, c’est bel et bien Scott Frank lui-même qui signe cette adaptation, et au passage sa seconde réalisation après The Lookout avec Joseph Gordon-Levitt en 2007. Et qui de mieux que le charismatique Liam Neeson pour camper ce personnage iconique et cabossé…
L’AVIS :
Avec Balade entre les Tombes, Scott Frank aurait pu se contenter de signer un énième thriller badass s’appuyant sur l’aura et la présence de son comédien au service d’une efficacité et d’une atmosphère de propos. Le public et les fans de Liam Neeson aurait suivi sans nul doute. Mais débordant d’ambitions malgré sa faible expérience de la mise en scène, le cinéaste aura voulu travailler plus pour livrer plus. Et il y parvient le bougre. Balade entre les Tombes se mue dès ses premières minutes en authentique film noir, polar profondément assujetti à un ton et une ambiance à l’ancienne, tout en sachant faire preuve de modernité quand nécessaire. Malgré quelques petites faiblesses narratives ou de rythme, le résultat est aussi étonnant qu’il n’est séduisant.
Violent, sombre, fiévreux, ténébreux, Balade entre les Tombes est une pure œuvre « pulp ». Un thriller noir évoquant l’ambiance des néo-polars référentiels style L.A. Confidential et autres hits du genre, se réclamant des classiques fondateurs et indéboulonnables façon Le Faucon Maltais, avec ces enquêtes retors que l’on imaginerait bien couchées sur les pages en papier bon marché de ces vieux romans policier appartenant à un autre temps. S’appuyant sur les solides épaules d’un Liam Neeson dont la présence irradie l’écran, Balade entre les Tombes dégage maturité, caractère et une formidable iconisation de son univers. Le film de Scott Frank s’affirme, fort d’une esthétique vintage marquée et remarquablement maîtrisée, fort d’un script à la fois dédaleux et captivant tout en marchant fidèlement sur les codes emblématiques du registre, littéraire comme cinématographique. Si on pourra lui reprocher quelques petites longueurs ça et là dans le déroulé de son intrigue, Scott Frank fait néanmoins preuve de beaucoup d’habileté pour nous accrocher sans jamais nous relâcher. Très étonnamment et non sans audace, le scénariste-réalisateur démarre son long-métrage sur les chapeaux de roues en ne s’embarrassant pas d’une sempiternelle introduction longue, carburant au diesel et broutant au démarrage. Frank nous met dans le bain dès les premières minutes avec beaucoup de force et de rage et développera ensuite avec finesse son personnage tout au long de la construction de son histoire. Certains auront peut-être un étrange sentiment de précipitation et de manque de ménagement mais on pourra aussi apprécier cette façon de tordre le cou à certaines traditions imposant d’installer le film avant d’entamer l’immersion.
Balade entre les Tombes est un film à suspens haletant, d’une grande densité et intensité. Un film hommage à toute une culture du polar old school, pétri dans la noirceur et la rugosité et c’est probablement son amour des aspérités qui font toute sa force. Alternative parfaite aux habituelles bourrinades de l’ami Neeson, Balade entre les Tombes permet de le découvrir sous un jour plus subtil, même s’il garde cette aura badass dont on se rend compte qu’elle n’a pas forcément besoin de s’exprimer physiquement pour exister. Tour à tour glauque, dramatique, énigmatique, Balade entre les Tombes brille par ailleurs par la richesse de son scénario. Quel est le passé trouble de ce personnage ? Qui est le tueur sadique traqué et quelles sont ses motivations ? Cerise sur le gâteau, une fois ses réponses apportées par l’histoire, Balade entre les Tombes a encore des choses à raconter. Bref, un vrai film aussi éprouvant que solide, étrangeté parfois déroutante par sa faculté à se révéler à la fois sensible et sans concession, soutenue par une atmosphère lourde et morbide sublimée par l’écriture et la mise en scène de Scott Frank.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux