Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Aux Yeux des Vivants
Pères : J.Maury et A. Bustillo
Date de naissance : 2014
Majorité : 15 octobre 2014
Type : Sortie DVD, Blu-ray
Nationalité : France
Taille : 1h28 / Poids : N.C.
Genre : Horreur
Livret de famille : Anne Marivin (Julia), Theo Fernandez (Victor), Francis Renaud (Isaac), Zacharie Chasseriaud (Tom), Damien Ferdel (Dan), Fabien Jegoudez (Klarence), Nicolas Giraud (Nathan), Béatrice Dalle (Jeanne)…
Signes particuliers : Formellement soigné et narrativement maîtrisé, Aux Yeux des Vivants est une énième preuve de la vitalité de l’injustement décrié cinéma de genre français, autant que du talent du tandem Maury-Bustillo. Surfant sur plusieurs sous-registres de l’épouvante, cet effort est à la fois émouvant, angoissant, intelligent et efficace. Un conte horrifique réussi, seulement contrarié par les limites d’un budget que l’on sent trop serré pour exploiter toutes les pistes entrevues.
GARDEZ VOS YEUX DE VIVANT BIEN OUVERTS !
LA CRITIQUE
Résumé : Fuyant leur dernier jour d’école, Dan, Tom et Victor, trois adolescents inséparables, se perdent dans la campagne avant de s’engouffrer dans les méandres d’un studio de cinéma abandonné depuis des années. Un lieu décrépi devenu depuis le repère d’Isaac et Klarence Faucheur, un homme et son étrange fils, bien décidés à ne pas laisser le trio dévoiler leurs sombres secrets aux yeux des vivants. La nuit tombe. De retour chez eux, les adolescents ne tarderont pas à s’apercevoir que quelque chose les a suivis et que la nuit risque d’être l’une des plus longues de leur vie…L’INTRO :
Julien Maury & Alexandre Bustillo : Acte 3. Après l’énorme baffe A l’intérieur en 2007 puis le (un peu) décevant conte macabre Livide en 2011, les deux copains réunis par leur amour du cinoche de genre réalisent toujours en tandem la passe de trois avec Aux Yeux des Vivants, leur nouvelle péloche horrifique montée dans la sueur, le sang, la passion, l’envie et le courage. Finie l’époque formatrice d’Un Gars Une Fille, des clips et des films institutionnels pour Maury. Finie l’époque de la « Bustille » de Mad Movies pour son comparse, en deux longs-métrages, les deux bonhommes s’étaient tout simplement imposés comme des piliers incontournables du cinéma de genre français et ce n’est pas cette nouvelle page de leur histoire qui va changer la donne. Produit sous l’égide de Metaluna Productions, la boîte de l’ami Jean-Pierre Putters, Aux Yeux des Vivants est un petit budget bouclé à l’aide du financement participatif, que l’on a envie de défendre. Car bon sang, qu’on arrête de taper sur le cinéma de genre français ! Il a bien plus de ressources qu’on ne veuille bien l’admettre et combien faudra t-il de preuves pour que l’on s’en convainque une bonne fois pour toutes ?L’AVIS :
Trois copains, jeunes garnements attachants, une aprem d’école buissonnière, une balade dans des studios de cinéma désaffectés voisins, une mauvaise rencontre avec Isaac et son étrange fils Klarence… et la terreur qui pointe le bout de son nez dans une traque acharnée quand le film accélère brutalement la cadence. Julien Maury et Alexandre Bustillo accouchent d’un film en parfaite cohérence avec leurs travaux précédents, véritable série B old school et over-référentielle ne se fendant pas juste de quelques clins d’œil destinés aux geeks mais brassant plutôt un mélange de styles très marqués années 70 et 80. C’est dans l’âme que le film est à l’ancienne, dans le bon sens du terme. Dans ses tripes, dans le sang qui coule dans les veines de son scénario, dans l’essence même de sa mise en scène. Il est le parfait rejeton de deux vrais amoureux du cinéma de genre, fins connaisseurs et maîtres de leur sujet, qu’ils respectent comme un divinité sacrée. Et ça se ressent.Parfois brinquebalant, pas toujours maîtrisé à la perfection, notamment au niveau de la gestion de son récit (il faut dire aussi que comme bien des péloches horrifiques françaises, le duo a dû se dépatouiller d’un budget très limité) ou de quelques micro-maladresses oubliables… Mais rien ni personne n’est parfait. Et Maury et Bustillo le savent. Les petites imperfections d’Aux Yeux des Vivants font aussi parti de son charme. Humble face à ce qu’elle est et ce qu’elle représente, cette petite réussite s’attache avant tout à témoigner d’un admirable respect de son audience en ne lésinant sur rien pour se mettre sur son 31 avec les moyens à sa disposition. Et peu de moyens n’a pas nécessairement besoin de rimer avec cheap bâclé. En modestes artisans qu’ils sont, Maury et Bustillo compensent la modestie de leur entreprise par beaucoup de cœur à l’ouvrage et une ambition débordante mêlée à un savoir-faire évident. Cinégénique, élégant, splendidement photographié, avec des cadrages soignés et des décors magnifiques, Aux Yeux des Vivants est tout simplement beau. Beau et flippant. Car c’est aussi ce qu’on lui demande. Qu’on est bien au départ dans cette belle ode onirique à la préadolescence libre au doux parfum de Stand By Me... Et qu’on déguste lorsqu’elle brisée en plein vol par l’introduction du genre, se transformant littéralement en conte horrifique cauchemardesque quand les terreurs les plus viscérales se mettent en action.A la croisée des sous-genres, quelque part entre le slasher, l’épouvante, le fantastique à créature et le home invasion, Aux Yeux des Vivants est d’une efficacité imparable qui n’a d’égale que sa maîtrise pour combiner tout ça avec intelligence et cohérence. L’horreur graphique cotoie la terreur à suspens pure dans un film de croque-mitaine affichant une grande diversité de tons sans jamais basculer dans le grotesque, tour à tour émouvant, doux, atroce, dérangeant, viscéral, gothique, effrayant… Finalement, le seul vrai problème d’Aux Yeux des Vivants, c’est qu’encore faut-il pouvoir les garder ouverts !
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux