Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Den skaldede frisør
Père : Susanne Bier
Livret de famille : Pierce Brosnan (Philip), Trine Dyrholm (Ida), Molly Blixt Egelind (Astrid), Sebastian Jessen (Patrick), Paprika Steen (Benedikte), Kim Bodnia (Leif), Bodil Jorgensen (Vibe), Line Kruse (Bitten), Ciro Petrone (Alessandro)…
Date de naissance : 2011 (sortie le 19 décembre 2012)
Nationalité : Danemark, Italie, Allemagne, France, Suède
Taille/Poids : 1h55 – 5,5 millions $
Signes particuliers (+) : Une comédie dramatico-romantique délicieuse qui dépasse ses clichés pour se transformer en feel good movie attendrissant, sensible et enchanteur malgré ses drames. Des comédiens magnifiques porte un film délicat, touchant, poétique et pudique.
Signes particuliers (-) : L’ensemble est assez mineur et simple, loin de la grande Susanne Bier.
LE MARIAGE DE L’ANNÉE
Résumé : Philip et Ida se rencontre par hasard au détour d’un accrochage dans le parking d’un aéroport. ils s’avèrent qu’ils vont au même endroit, dans le sud de l’Italie pour le mariage de leur enfant respectif. Chacun a ses problèmes mais l’un comme l’autre vont trouver un écho dans le désarroi de l’autre alors que le mariage va prendre des allures de joyeuse foire…
L’INTRO :
La talentueuse cinéaste danoise Susanne Bier (Brothers, Revenge) avait envie de retrouver un cinéma un peu plus léger que les récents drames sombres et torturés qu’elle a pu tourner ces derniers temps. Elle retrouve pour l’occasion son compagnon de route de longue date avec qui elle a souvent collaboré, Anders Thomas Jensen (scénariste plus qu’expérimenté mais aussi réalisateur des Bouchers Verts ou d’Adam’s Apple) pour une comédie dramatico-romantique à la fois légère et lourde puisqu’elle met en scène plusieurs couples déchirés à des degrés ou niveaux différents dans un canevas à la base de comédie tendre. Film européen dans l’âme, entre Copenhague et le sud de l’Italie, avec un casting qui l’est tout autant puisqu’il rassemble d’un côté le britannique Pierce Bond Brosnan, de l’autre des acteurs danois comme Trine Dyrholm (bouleversante dans Revenge) ou Kim Bodia (Pusher de Nicolas Winding Refn) ou encore le jeune italien Ciro Petrone (Gomorra, Reality), Love is all you need s’est fendu d’une petite consécration personnelle avec sa présentation en clôture du Festival de Venise en 2012, devenant ainsi le premier film danois en compétition dans le célèbre festival transalpin depuis près de 22 ans.
L’AVIS :
Susanne Bier navigue entre trois genres différents, la comédie, le drame et le romantique. Et mine de rien, réussir à trouver un équilibre délicieux dans ce jonglage à cheval entre les registres, relevait presque de l’exploit. Si Love is all you need n’est pas le film de l’année ni une pépite impérissable, ce joli feel good movie arrive malgré tout à nous entraîner avec un plaisir non dissimulé dans sa danse, grâce à sa douceur et sa tendresse communicative, grâce aux prestations magnifiques de ses comédiens et à la magie qui se dégage des paysages ravissants qui défilent sous la caméra de la metteur en scène. Mais le film est surtout une belle alternative aux nombreuses comédies gnangnan, notamment américaines, préfabriquées dans le même moule et sans personnalité. Sans jamais faire dans la surcharge, dans le pathos inutile, le vulgaire ou la lourdeur des sentiments imposés aux spectateurs, Susanne Bier brosse une galerie de personnages principaux et secondaires attachants qui composent à merveille cette petite bluette mineure réalisée avec beaucoup de pudeur, d’intuitivité et de sensibilité délicate.
Love is all you need met en scène une brochette de personnages dont les interactions et les personnalités vont nourrir le fond d’un film qui dépasse sa légèreté plaisante. Philip est un riche veuf qui s’est refugié dans le travail avec une certaine aigreur et colère envers le monde entier, pourchassé par sa belle-soeur qui ne rêve que de lui mettre le grappin dessus alors qu’Ida est une simple coiffeuse aux prises avec un cancer en cours de rémission quand elle découvre la liaison adultérine de son mari sous son propre toit, avec une stupide secrétaire. Ces deux êtres marqués par un profond désarroi vont se retrouver et apprendre à faire connaissance au mariage de leur enfant respectif, Patrick et Astrid, dans le sud de l’Italie. Un mariage qui, entre drames et joies, va servir à faire tomber des masques, à mettre au jour avec acidité des vérités, à révéler des choses profondément enfouies mais qui ne demandaient qu’une occasion pour rejaillir.
Il se dégage un charme incroyable de ce petit film simple qui, en apparence, n’a rien d’extraordinaire et rien pour séduire particulièrement, tant il s’insère dans des conventions somme toute assez classiques. Mais Susanne Bier va pourtant réussir à s’éloigner de ces codes de temps à autres pour trouver sa propre voie et son propre ton comico-tragique et l’humour doux entremêlé au drame poignant, va déclencher un on-ne-sait-quoi de poétique pétillant qui va arracher le film des ornières des clichés faciles dans lesquels il aurait pu s’embourber pour lui conférer une belle charge émotionnelle éclairant ce mélo au départ cousu de fil blanc et à l’arrivée, mignon, bucolique et rafraichissant. La maturité du cinéma de la réalisatrice est sans aucun doute la petite touche qui vient faire la différence au rythme du duo Brosnan-Dyrholm qui s’attire immédiatement une sympathie inclassable, bien entouré par les acteurs animant la toile de fond, la belle-sœur pathétique avec son ado de fille insupportable, le pote d’enfance italien étrange, le mari infidèle indélicat et sa secrétaire de compagnon gentiment idiote et bien sûr le couple de futur marié en proie aux doutes d’avant-événement. Oui, Love is all you need est un film mineur mais un film mineur si ravissant.
Bande-annonce :