Nom : Le quatrième mur
Père : David Oelhoffen
Date de naissance : 15 janvier 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa…
Signes particuliers : Un récit intense et poignant.
Synopsis : Liban, 1982. Pour respecter la promesse faite à un vieil ami, Georges se rend à Beyrouth pour un projet aussi utopique que risqué : mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d’un conflit fratricide. Les personnages seront interprétés par des acteurs venant des différents camps politiques et religieux. Perdu dans une ville et un conflit qu’il ne connaît pas, Georges est guidé par Marwan. Mais la reprise des combats remet bientôt tout en question, et Georges, qui tombe amoureux d’Imane, va devoir faire face à la réalité de la guerre.
AU NOM DE L’ART
NOTRE AVIS SUR LE QUATRIÈME MUR
Avec Le Quatrième Mur, référence au concept de théâtre désignant le mur imaginaire séparant les acteurs sur les planches des spectateurs dans la salle, le cinéaste David Oelhoffen (l’excellent Loin des Hommes) adapte le Goncourt des Lycéens 2013 de Sorj Chalandon. L’histoire d’un metteur en scène de théâtre amateur qui s’envole pour Beyrouth afin d’y reprendre la mise en scène d’Antigone avec le concours de comédiens issus des différents bords politiques et religieux qui habitent la ville. Malheureusement la guerre qui embrase le Liban va connaître une escalade violente et l’utopique projet de paix va être remis en cause par la réalité d’un conflit complexe.
L’art comme réponse à la guerre. C’était l’objectif de ce projet de monter Antigone sous les bombes, avec des comédiens qui allaient déposer leur religion au pied des planches pour s’unir sur scène dans un même élan créatif et fraternel. C’est aussi le propos d’un film qui vient l’illustrer en images en racontant l’histoire d’une tentative de communion par-delà les différences pour créer un moment figeant la guerre et ses horreurs, l’espace d’un instant de paix.
Avec beaucoup de savoir-faire, David Oelhoffen signe un film haletant et efficace dont l’intensité n’a de répondant que dans l’émotion et la pédagogie essayant d’expliquer un conflit fratricide qui aura ensanglanté le Liban des années 80. Le Quatrième Mur est parfois brisé au théâtre, quand les acteurs s’adressent directement au public. Ici, il est brisé mais dans l’autre sens, quand la réalité de la guerre s’invite sur les planches et bouleversant la création qui essaie de s’y mouvoir. Dans une époque où des conflits séculaires résonnent très forts dans le monde (à l’Est de l’Europe ou au Moyen-Orient entre Israël et la Palestine), Le Quatrième Mur promeut un message de paix qui ne changera rien aux problèmes géopolitiques mondiaux mais qui vient rappeler des réalités tangibles, celles de ces peuples que la marche de l’Histoire veut absolument rendre « ennemis » sans qu’ils ne le soient vraiment.
Passionnant de bout en bout, alors que comme Georges (excellent Laurent Lafitte) on est plongé sans ménagement dans un conflit aux enjeux qui nous dépassent, le film de David Oelhoffen nous montre à quel point les conflits fratricides peuvent être complexes pour qui ne les vit pas de l’intérieur. Comme le héros, on se retrouve au cœur de l’instabilité qui anime un pays peuplés de palestiniens, d’israéliens, de druzes, d’arméniens, de chiites ou de sunnites. Pourquoi ne pas réussir à vivre ensemble ? Facile à dire pour nous, avec notre regard naïf et lointain. Et Le Quatrième Mur de trouver dans cette histoire des années 80, un écho encore pertinent aujourd’hui alors que partout dans le monde, la haine semble appeller la haine.
Par Nicolas Rieux