Nom : Heretic
Pères : Scott Beck et Bryan Woods
Date de naissance : 27 novembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre : Thriller, Épouvante
Livret de Famille : Hugh Grant, Chloe East, Sophie Thatcher…
Signes particuliers : Redoutablement intelligent, malin et anxiogène.
Synopsis : Deux jeunes missionnaires de l’église mormone d’une petite ville du Colorado font du porte à porte dans l’espoir de convertir les habitants. Le soir venu, après une journée infructueuse, elles décident de frapper à la porte d’une maison isolée. C’est le charmant Mr Reed qui les y accueille. Mais très vite, les jeunes femmes réalisent qu’elles sont tombées dans un piège. La maison est un véritable labyrinthe où elles ne pourront compter que sur leur ingéniosité et leur intelligence pour rester en vie…
TOUJOURS TOUT QUESTIONNER
NOTRE AVIS SUR HERETIC
Bon allez, on pardonne, on oublie et on passe à autre chose, deal ? Le talentueux duo Scott Beck & Bryan Woods nous avait laissés en carafe avec de sérieux dommages oculaires et cérébraux après leur nullissime 65 : La Terre d’avant, supra-navet atomique avec Adam Driver et quelques dinosaures numériques. Changement de braquet, le tandem enchaîne à l’extrême opposé. Exit Hollywood, gros budget et blockbuster spectaculaire, Scott/Beck s’acoquine avec le studio indé le plus en vue du moment, A24, et revient à ses premiers amours, le thriller de genre.
Heretic est un quasi huis-clos dans une maison qui va être le théâtre d’un angoissant affrontement théologique quand deux jeunes missionnaires d’une église mormone se rendent chez un homme intéressé par leur prêchi-prêcha biblique. Elles vont vite s’interroger sur les réelles motivations de cet interlocuteur aussi intelligent qu’excentrique et mystérieux.
C’est un jeu diabolique qu’orchestrent Scott Beck et Bryan Woods, un jeu dans lequel le plaisir est doublé tant l’excitation est aussi bien titillée sur le fond que sur la forme. Il y a d’une part le plaisir d’un pur thriller d’épouvante anxiogène à intensité irrespirable où un chat malin a piégé deux souris apeurées, et d’autre part, un face à face passionnant entre deux oppositions qui dissertent et s’affrontent sur les notions du croire et de la foi, de la raison et du libre-arbitre, de l’importance de toujours tout questionner plutôt que de faire confiance aux apparences. Haletant côté cinéma de genre hyper-malin et fascinant côté discours existentialiste et philosophique, Heretic est une réussite dont l’efficacité n’a d’égale que l’intelligence. L’énième preuve (n’en déplaise aux grands studios hollywoodiens) que les deux ne sont pas incompatibles.
Porté par un immense Hugh Grant qui n’avait pas trouvé de si grand rôle depuis belle lurette, Heretic est un petit coup de génie couronné par une mise en scène absolument démentielle d’inventivité et de créativité (ou comment sublimer une simple tarte aux myrtilles ou un jeu de Monopoly). On était en droit de redouter une pointe d’ennui devant une réflexion approfondie sur le théologisme. Rarement on s’est autant amusé devant une mise à l’épreuve de la foi. On était en droit de s’inquiéter du risque de déjà-vu avec un survival claustrophobe où deux prisonnières cherchent littéralement « la sortie ». Là encore, Beck/Woods nous régalent de mille et une idées malignes. Film construit en deux parties chacune maîtrisée (le débat verbal inquiétant d’abord, le thriller tendu ensuite), Heretic est un bijou séduisant à l’oeil, stressant pour le palpitant et nourissant pour l’esprit. Seul regret, un fin un peu facile qui ponctue maladroitement un film jusque-là d’une grande subtilité et d’une rigueur impressionnante.
Par Nicolas Rieux