INSIDE de Bishal Dutta : la critique du film

Réalisateur remarqué pour ses nombreux courts-métrages multi-primés, Bishal Dutta signe son premier long-métrage supervisé par « les producteurs de Get Out« . Traduction, une paire de gugusses ayant bossé sur le film de Jordan Peele se retrouvent au casting au milieu d’une armée de 10 producteurs. On connaît la rengaine marketing. Bref, Inside ou quand le cinoche d’horreur à l’américaine rencontre les subtilités de la culture hindou. Le procédé n’est pas sans rappeler (le plutôt bon) The Vigil sorti en 2019 qui exploitait horrifiquement les traditions ancestrales de la culture juive. Cette fois, cap sur l’Inde avec la même idée. Une famille hindoue installée aux Etats-Unis voit une sombre légende à base de créature dévoreuse d’âme devenir réalité. Et peu ou proue la même réussite au bout de l’entreprise.

On aurait pu craindre que la production américaine gangrène le regard sur la culture hindoue en le réduisant à une enfilade de clichés et motifs basiques dignes d’un resto indien kitsch de centre commercial. La bonne surprise est de voir que Inside fait plutôt le contraire. Connaisseur de sa propre culture, Bishal Dutta a pu mettre en scène son folklore, tout en l’associant à une solide efficacité horrifique qui fonctionne. Le mélange donne au film toute sa saveur. Car au fond, Inside n’invente pas grand-chose en soi. On y reconnaît les bases d’une multitude de films d’épouvante, du Jusqu’en Enfer de Sam Raimi au plus récent La Main en passant par toutes ces productions où un esprit démoniaque pourchasse un/une jeune piégé(e) par une malédiction. Le sel de Inside est donc dans son background, ce décorum qu’il investit, cette exploration de la culture hindoue au folklore fantastique fort qui lui sert d’assise. Car réduit juste à cela, le film ne serait pas allé bien loin. Il lui fallait une bonne dose d’épouvante pour faire de cette série B, un petit hit haletant et méritant le détour. Et sur ce point (l’élément principal diront à juste titre certains) Bishal Dutta fait le job avec efficacité et non sans inspiration. Rythmé, stressant, bien dirigé (excellente Megan Suri), mis en scène avec soin et parfois créativité, Inside cumule les arguments en sa faveur en plus d’offrir un vrai univers, narratif comme formel. Chose appréciable, le film essaie de prendre ses distances avec les machins fades et formatés qui pullulent à gogo depuis quelques années déjà sur les écrans. Si les motifs horrifiques qu’il emprunte restent simples et bien connus (dont certains dans les teen horror movies), reste que la péloche donne plutôt dans l’épouvante « adulte » et parvient à s’enrober d’une atmosphère macabre prenante, quelque part entre Lovecraft et The Ring. Le divertissement horrifique tient ses promesses d’angoisse et de tension, et c’est déjà pas si courant au final.