Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Jurassic Park (aka Jurassic Park 3D)
Père : Steven Spielberg
Livret de famille : Sam Neill (Alan Grant), Jeff Goldblum (Ian Malcolm), Laura Dern (Ellie Sattler), Richard Attenborough (Hammond), Samuel L. Jackson (Ray), Bob Peck (Muldoon), Martin Ferrero (Gennaro), Joseph Mazzello (Tim), B.D. Wong (Henry), Ariana Richards (Lex), Wayne Knight (Nedry)…
Date de naissance : 1993 (ressortie en 3D 2013)
Nationalité : Etats-Unis
Taille/Poids : 2h02 – 63 millions $
Signes particuliers (+) : Un symbole du cinéma d’entertainment dans toute sa splendeur et un chef d’oeuvre du cinéma. Effets spéciaux hors normes et novateurs au service d’une aventure extraordinaire et magique au programme de ce classique dont on ne se lasse pas et auquel la 3D apporte une nouvelle jeunesse pour ses 20 ans.
Signes particuliers (-) : Le lifting en 3D n’est peut-être pas aussi parfaite que celle du voisin Titanic de Cameron, sorti l’an passé…
65 MILLIONS D’ANNÉES LES SÉPARAIENT…
Résumé : Un riche milliardaire, John Hammond, se lance dans un projet fou, la construction d’un zoo autour des dinosaures. Pour cela, il fait appel à une technologie révolutionnaire mise au point. A partir du sang contenu dans les moustiques piégés dans la sève d’arbres fossilisés, ses scientifiques ont pu récupérer de l’ADN et ainsi… redonner la vie à ses créatures disparues. Hammond, pour répondre aux exigences des assurances avant l’ouverture de son parc à thème, convie un groupe de scientifiques et d’archéologues à venir tester les lieux… Mais un employé mal intentionné sabote le complexe…
Chef d’œuvre de SF ? Film fondateur et révolutionnaire de l’entertainment à l’américaine ? Grande épopée d’aventure ou film gentiment horrifique ? Jurassic Park est à n’en pas douter un peu de tout ça à la fois. Le classique de Steven Spielberg est dans tous les cas, un film culte ayant posé l’une des nombreuses pierres constitutives de l’histoire du cinéma et surtout, une pierre angulaire du cinéma moderne qu’il a participé de façonner. A sa sortie en 1993, il aura été un triomphe amplement mérité, l’un des nombreux de son auteur, probablement l’un des cinéastes les plus célèbres et parmi les plus passionnants du dernier tiers du XXème siècle et ce d’autant que rien n’est plus difficile que de manœuvrer avec talent dans le cinéma spectacle estampillé « grand public ». Adapté d’un roman éponyme du brillant écrivain Michael Crichton paru trois ans auparavant, Jurassic Park nous emporte dans une histoire dépaysante, nous ramenant il y a des millions d’années. Si le postulat scientifique est totalement improbable, il n’empêche que l’idée, elle, était maline et donnait l’occasion d’inviter les dinosaures dans notre monde moderne, le temps d’un film jouant sur plusieurs terrains, de la SF au film d’aventures en passant par l’horreur doucement glissée au détour de quelques séquences (la grande spécialité spielbergienne) terrifiantes. Devenant à l’époque, le plus gros succès de tous les temps avant que ne débarque le paquebot de James Cameron, quelques années plus tard, Jurassic Park aura été auréolé de prix notamment pour ses effets spéciaux révolutionnaires qui ont participé de faire avancer les technologies au cinéma comme Star Wars (Georges Lucas, ami de Spielberg ayant géré la post-production) ou Terminator 2 avant lui, salué par la critique pour la richesse et la qualité du cinéma de grand divertissement qu’il propose et bien sûr, acclamé par le public s’étant déplacé en masse tout autour du globe.
Exaltant et enchanteur pour les mirettes pour son lyrisme, frissonnant pour l’épiderme par la tension et le suspens prenant qui l’anime et haletant pour le cœur qui palpite au rythme de cette aventure spectaculaire pleine de rebondissements et riche en action, Jurassic Park est un chef d’œuvre réjouissant soutenu par l’extraordinaire BO d’un John Williams en grande forme dont le thème principal restera gravé dans les mémoires. Les aventures des archéologues Alan Grant (Sam Neill) et Ellie Slatter (Laura Dern), du scientifique mathématicien Ian Malcolm (Jeff Goldblum) vont nous offrir un intense moment de cinéma que l’on doit, narrativement parlant au milliardaire mégalo ayant eu le tort de vouloir défier les lois de la nature, John Hammond (Richard Attenborough) et techniquement parlant à un génie moderne à l’esprit éternellement jeune. Jurassic Park prend son temps pour nous proposer un spectacle riche et généreux étalé sur deux heures fabuleuses où les fameux dinosaures, autant attendus par les protagonistes que par nous spectateurs, auront la part belle. Spielberg en intelligent conteur qu’il est et qu’il a toujours été, sait jouer à merveille avec le suspens le plus élémentaire voire rudimentaire. La curiosité impatiente de ses personnages est au diapason de la nôtre. Ils attendent de voir, nous aussi. Ils trépignent à l’idée de découvrir le fameux et terrifiant T-Rex, nous aussi. Ils vont être embarqués dans une aventure virant au cauchemar, nous aussi. Mais ils vivront aussi une expérience à la lisière entre la terreur et la magie, nous aussi.
Poursuite haletante en milieu hostile, Jurassic Park transpose le roman de Crichton sans pour autant l’adapter fidèlement. L’écrivain, qui aura participé activement à la production et au scénario, prend le parti de délaisser beaucoup de choses pour se concentrer sur une infime partie de son bouquin et pour pondre un script le plus dynamique et rythmé possible. Le résultat est brillant, jamais ennuyeux, et cette longue aventure passe par tous les stades, de l’excitation à l’angoisse, de l’émerveillement au trépidant et à l’action. Et Jurassic Park d’être aussi riche narrativement qu’il l’est visuellement par sa générosité extrême. Grâce tout d’abord à un Spielberg en forme olympique qui nous gratifie de scènes de légende (la découverte du T-Rex est un monument d’angoisse captivante, les vélociraptors foutent le trouillomètre à zéro notamment lors de la scène de la cuisine du parc, les plans des grandes étendues avec les gallimimus ou les brachiosaures sont enchantantes) mais surtout à un Phil Tippet et un Stan Winston qui fournissent le meilleur de ce dont ils sont capables. Les deux spécialistes des effets spéciaux nous retranscrivent des dinosaures plus vrais que natures dont la beauté n’a d’égal que leur réalisme ébouriffant pour l’époque.
Rêve d’enfance, passionnante et stressante aventure d’adulte, Jurassic Park (qui marque le début de l’étroite collaboration entre Crichton l’écrivain et Spielberg le cinéaste qui se poursuivra avec la série Urgences dont ils seront les instigateurs) est un classique indémodable qui n’a pas pris une ride, presque vingt après sa réalisation. Et c’est un an après la ressortie en 3D du Titanic de Cameron, que ce classique spielbergien nous revient après avoir subi le même traitement rajeunissant pour célébrer son 20ème anniversaire. Une ressortie après post-conversation qui redonne un coup de jeune à ce blockbuster par excellence, à la réputation sans faille pour sa richesse visuelle et son intelligence dramatique qui en fait un film parfaitement calibré, construit et mis en scène. Si la conversion en 3D n’est pas aussi transcendante que chez son voisin Titanic techniquement bluffant et immersif (quelques scènes sont devenues un peu floues et à l’usure, elle a tendance à être assez douloureuse pour les yeux), elle permet néanmoins de redécouvrir ce chef d’œuvre de grande qualité, sous un regard nouveau. L’aventure Jurassic Park version 2013 est l’occasion de replonger sur grand écran vingt ans en arrière et de profiter au maximum de la virtuosité de la réalisation de Spielberg et des créatures magistrales de Winston et Tippet. Cette « modernisation » technique n’apporte pas autant au film que ce que la 3D a pu apporter à la nouvelle version de Titanic (Jurassic Park était déjà tellement immersif en 2D faut dire) mais le spectacle reste total et cette technologie de nouveau à la mode participe de souligner et de renforcer l’emprise de certaines scènes sur le public qui les contemple.
On peut dire sans honte que Jurassic Park est, et restera certainement ad vitam eternam, comme l’un des plus grands films de dinosaures jamais fait. Loin des niaiseries actuelles qui alimentent le spectacle d’entertainement, il avait la qualité de ces grandes œuvres pleine de gloire d’antan, doté d’un vrai scénario, d’une vraie progression solide, d’acteurs excellents et d’effets impressionnants sans pour autant qu’ils ne prennent toute la place dans l’intrigue alors qu’ils sont pourtant son argument premier. Des gentils, des méchants, des enfants, des monstres, de l’action, de l’émerveillement, un peu d’humour et beaucoup de terreur, Jurassic Park est un chef d’œuvre à couper le souffle prouvant que l’on peut faire rimer spectacle et classique intemporel. La marque du grand cinéma mais surtout, la marque Steven Spielberg, génie en son domaine et en son art et qui nous gratifie d’un nouvel angle de redécouverte de son film comme un cadeau pour un anniversaire bien particulier, celui d’un classique qui n’a rien perdu de sa magie et de sa puissance d’étonnement.
Bande-annonce :