LES CYCLADES de Marc Fitoussi : la critique du film

Deux ans après Les Apparences, son thriller dramatique avec Karin Viard et Benjamin Biolay, Marc Fitoussi revient à la comédie et s’offre un film plus léger à base de vacances en Grèce. Deux anciennes copines de collège inséparables à l’époque mais qui se sont perdues de vue depuis fort longtemps, se retrouvent 30 ans plus tard. Bien évidemment, elles ont diamétralement changé depuis. Sur le tard et par un concours de circonstances, elles vont se retrouver à faire ce voyage en Grèce dont elles rêvaient quand elles étaient deux adolescentes tombées amoureuses du Grand Bleu de Luc Besson.

 

Épousant leurs rôles habituels (pour ne pas dire stéréotypés) Laure Calamy et Olivia Côte forment un duo détonnant sous l’œil de la caméra de Marc Fitoussi dans ce road trip aux allures de comédie « buddy moviesque » conjuguée au féminin. Car tous les codes du genre y sont de sortie. Tout oppose ces deux femmes. Rien ne va se passer comme prévu. Et au fond, ce voyage va leur permettre d’avancer dans leur vie. Classique. Trop classique. C’est en substance, le principal problème de Les Cyclades. Le film de Marc Fitoussi est tout sauf désagréable en soi, on se laisse même porter par sa joyeuse légèreté et son ton ensoleillé… mais il déroule un programme très attendu et trop prévisible. Comme une excursion touristique où il serait interdit de dévier une seule seconde du parcours balisé. Jamais le cinéaste ne s’offre le moindre écart d’originalité et il s’astreint d’un bout à l’autre à suivre le chemin de la comédie d’opposition sans bouger d’un mètre du cahier des charges.

Blandine est rigide, coincée, et déprimée après avoir été larguée par son mari pour une plus jeune. Magalie, elle, est délurée, exubérante, vivante. Elle est restée la fofolle qu’elle était déjà au collège quand sa copine est restée la timide et réservée. Et voilà le ressort du choc des opposés. La bobo discrète contre la hippie déjantée. Avec des nuances en cours de route bien sûr, histoire de donner un semblant de consistance. Et si la rigide était plus ouverte qu’on ne le pensait ? Et si l’insouciante avait en réalité une part de drame enfoui ? Mais de ce point de départ ensuite tricoté pour apporter une légère dimension dramatique, Marc Fitoussi ne va rien composer, il ne va jamais élever sa comédie plus haut que la sympathique joyeuserie calibrée pour amuser. Car on ne va pas compter sur la maigre idée de « il n’est jamais trop tard pour reprendre le fil de sa vie » pour parler d’un vrai propos. Bref, Les Cyclades est une fantaisie gentillette et distrayante, mais cruellement dépourvue de personnalité. Clichés et stéréotypes se répondent dans un bal programmatique enjoué mais très caricatural.

 

Par Nicolas Rieux