La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Lucy in the Sky
Père : Noah Hawley
Date de naissance : 2019
Majorité : Indéterminée
Type : indéterminée
Nationalité : USA
Taille : 2h05 / Poids : NC
Genre : Drame, SF
Livret de famille : Natalie Portman, Jon Hamm, Zazie Beetz, Dan Stevens, Ellen Burstyn…
Signes particuliers : Un premier long-métrage prometteur mais manqué.
NATALIE PORTMAN REDESCEND SUR TERRE
L’AVIS DE FRED SUR LUCY IN THE SKY
Synopsis : Une astronaute revient d’une mission spatiale et a du mal à retrouver sa vie et son apparent parfait rêve américain.
Aïe, la déception est au moins à la hauteur de tout l’enthousiasme que l’on pouvait avoir à l’idée de découvrir le premier long-métrage de Noah Hawley, le créateur des séries Fargo et Legion. En plus de la patte du bonhomme que l’on salivait de voir s’imposer sur grand écran, Lucy in the Sky était également la promesse d’une nouvelle destinée introspective d’astronaute à ranger aux côtés de First Man et Ad Astra avec son casting en or (Natalie Portman, Jon Hamm, Zazie Beetz, Dan Stevens ou encore Ellen Burstyn) ! Tout concourait pour propulser cette fusée cinématographique de luxe au plus près des étoiles ! Mais, BOUM, en plein vol, l’explosion provoquée par des défaillances impardonnables a emporté les débris de sa carcasse dans la fosse où gisent les grands films malades du cinéma…
Enivrée par l’immensité céleste lors de son premier voyage dans l’espace, l’astronaute Lucy Cola a atteint une forme de plénitude que la vie sur Terre ne pouvait lui offrir. Alors forcément, de retour sur le plancher des vaches, la jeune femme se tape une méchante crise de « space blues ». Entre son obsession de retourner à nouveau dans l’espace et une liaison de substitution avec un collègue, Lucy s’enferme dans une spirale autodestructrice…
Les défaillances que l’on évoquait plus haut ne sont finalement pas tant d’ordre technique, Lucy in the Sky est une production à la mise en scène léchée, parsemée de très belles séquences s’attachant à traduire avant tout visuellement et en termes de narration, la montée en puissance du mal-être de son héroïne. S’il n’est pas d’une subtilité folle, le gimmick principal du changement de format d’image est par exemple loin d’être bête : les barres noires du 4/3 représentant à la fois le vide existentiel à compléter et l’étau de la vie « terrienne » et elles disparaissent au profit du 16/9 lorsque Lucy atteint sa sérénité dans l’espace (ou sur Terre à l’occasion de fugaces instants qui le lui rappellent). Et il en va ainsi pour toutes les composantes de son emballage, Lucy in the Sky a de vrais atouts à faire valoir à ce niveau mais aucun d’eux ne saurait masquer la plus importante avarie du film : la faiblesse de sa proposition de fond.
Lorsqu’on s’attache à son contenu, le film ne peut en effet qu’étonner par la vacuité de ses arguments. Allier le « space blues » au pétage de plomb sentimentalo-criminel de l’astronaute Lisa Nowak (dont Lucy in the Sky s’inspire librement) aurait dû être du pain béni pour la plume au vitriol de Noah Hawley. Eh bien non, le manque qui habite Lucy semble avoir contaminé tout le script pendant plus de deux heures interminables. Dépouillé de la superbe de son contexte d’exploration spatiale, Lucy in the Sky a simplement pour moteur fatigué une énième crise existentielle sur fond d’adultère aux ressorts bien trop terre à terre et celle-ci ne peut même pas compter sur sa mécanique très mal agencée à tous les niveaux d’écriture. Que ce soit à travers une héroïne profondément antipathique malgré la compassion que peut nous inspirer la coupe au bol de Natalie Portman, une utilisation complètement chaotique des personnages qui gravitent autour d’elle (mention spéciale à la nièce) ou encore des métaphores à base de chrysalides, d’insectes ou de fusées phalliques dignes d’un manuel de psychologie pour les nuls, la déchéance de cette « space addict » ne paraît être dirigée par aucun gouvernail scénaristique suffisamment fort pour déclencher un minimum d’intérêt sur son devenir. Ne reste alors plus que l’ennui et la déception comme tristes fils conducteurs d’un récit tournant en rond autour de son propos et dévoré par les maladresses en tout genre…
On aura au moins partagé avec Lucy le sentiment d’être confronté à un immense vide face à ce que raconte le film de Noah Fawley et la manière boiteuse dont il a de le faire. Mais, au contraire de l’astronaute, aucun manque ne se fera ressentir une fois achevé le visionnage de Lucy in the Sky, juste l’espérance que ce premier long-métrage ne soit qu’un faux-pas et que le talent de Hawley, seulement entrevu ici d’un point de vue formel, soit mis au service d’un projet bien plus pertinent…
BANDE-ANNONCE :
Par Fredéric Serbource
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