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FILLES DE JOIE d’Anne Paulicevich & Frédéric Fonteyne : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Filles de Joie
Parents : Anne Paulicevich, Frédéric Fonteyne
Date de naissance : 2019
Majorité : 22 juin 2020
Type : sortie en salles
Nationalité : France, Belgique
Taille : 1h31 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Sara Forestier, Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne, Sergi Lopez…

Signes particuliers : D’une humilité attachante.

 

Sortie décalée en raison de l’épidémie de Covid-19

 

BANDE DE FILLES

NOTRE AVIS SUR FILLES DE JOIE

Synopsis : Axelle, Dominique et Conso partagent un secret. Elles mènent une double vie. Elles se retrouvent tous les matins sur le parking de la cité pour prendre la route et aller travailler de l’autre côté de la frontière. Là, elles deviennent Athéna, Circé et Héra dans une maison close. Filles de joie, héroïnes du quotidien, chacune se bat pour sa famille, pour garder sa dignité. Mais quand la vie de l’une est en danger, elles s’unissent pour faire face à l’adversité.

A l’origine, un article sur la double vie de femmes élevant leurs enfants le matin avant de partir traverser la frontière vers la Belgique pour aller se prostituer dans des maisons closes. Le récit a fait l’effet d’un choc pour la scénariste Anne Paulicevich, qui a rapidement décidé d’écrire autour de ce sujet et d’en parler au metteur en scène Frédéric Fonteyne. Ensemble, ils ont imaginé Filles de Joie, drame bouleversant emmené par Sara Forestier, Noémie Lvovsky et Annabelle Lengronne. L’idée était de mettre à l’honneur l’héroïsme au féminin dans ce qu’il peut avoir de plus tragiquement courageux.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, Filles de Joie n’est pas vraiment un film sur la prostitution. Si le sujet est bel et bien au cœur de l’histoire, le film coréalisé par Anne Paulicevich et Frédéric Fonteyne est avant tout un portrait de femmes, le portrait d’un trio d’héroïnes du quotidien et un film sur l’éternelle idée que l’union fait la force. Pour ces trois femmes que la vie a mené vers la prostitution, tout pourrait être horrible, douloureux. Seules, elles ne sont rien. Mais ensemble, elles sont tout. C’est d’ailleurs l’idée en sous-texte qui filtre de ce parti pris de n’avoir pas bâti le film entièrement sur un personnage mais sur un trio de battantes. A travers l’histoire de ces « filles de joie » qui luttent pour s’en sortir et qui, même dans la boue, gardent la tête haute et leur dignité en poche, le tandem Paulicevich/Fonteyne dessine un portrait social profondément émouvant qui s’empare de la thématique des violences faites aux femmes (violence physique ou violence sociale) avec beaucoup de subtilité et d’intelligence. Fidèle à sa ligne, Filles de Joie ne sombre jamais dans la vulgarité ou dans l’impudique, et son sujet n’est jamais un prétexte à de la nudité gratuite. La dignité de ces femmes se traduit jusque dans la mise en scène, elle se répercute jusque dans la philosophie d’un film qui filme la femme avec beaucoup de grandeur.

Alors que le drame s’empare du film, pas mal d’humour vient désamorcer la lourdeur du sujet, l’extirpant des ornières du pathos anxiogène pour aller dénicher du beau dans le laid, de la joie dans du drame, de la lumière dans des ténèbres. A l’arrivée, s’il manque parfois d’un peu de nuance et se résume à une vision assez binaire conséquence de son propos (la femme victime de l’homme méchant), reste que Filles de Joie a une certaine grandeur d’âme qui le rend profondément touchant et sa place est solidement établi dans un débat d’actualité auquel il participe avec conviction. Ses fabuleuses comédiennes éclairent cette chronique peut-être inaboutie certes, mais qui mérite d’être vue.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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