24ème numéro du Wall Ciné Pictures, le rendez-vous « ciné-club » du samedi et ses trois idées de films à voir ou à revoir. Au programme de cette nouvelle escale dans l’histoire du cinéma, la douceur de Robert Redford en version restaurée, un chef d’œuvre de Roman Polanski et un Vendredi 13 mais pas celui qu’on connaît !
ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE
De Robert Redford – 1992 – 2h03
Genre : Drame – USA
Avec : Craig Sheffer, Brad Pitt, Tom Skerritt…
Synopsis : L’histoire de deux frères, Norman et Paul Maclean, élevés au début du siècle sous le signe de la religion presbytérienne et de la pêche à la mouche, deux disciplines d’une égale rigueur qui façonneront leur vision du monde.
Robert Redford est l’un des plus grands acteurs de sa génération, c’est un fait. Mais le beau blond du cinéma américain a su aussi se révéler comme un cinéaste de talent. Comme lorsqu’il adapta en 1992, la nouvelle autobiographique de Norman Maclean, pour en tirer la fresque Et au milieu coule une rivière, l’un de ses plus beaux films. Pour sa troisième réalisation, celui qui murmurera à l’oreille des chevaux quelques années plus tard, aura su faire parler à l’écran, tout son humanisme, sons sens de la poésie délicate, sa douceur bienveillante. Racontant l’histoire de deux frères complices qui vont s’éloigner l’un de l’autre avec l’âge, en prenant des chemins très différents, Et au milieu coule une rivière est une ode à la famille, à la nature, à l’amour, à la beauté. La beauté, comme sa photographie splendide, qui sera d’ailleurs récompensée d’un Oscar. La beauté, comme celle qui traverse les images magnifiques d’un film bouleversant et profondément universel. La beauté, comme celle qui nourrit cette sensibilité touchante qui étreint le film à chaque instant. Et au milieu coule une rivière rappelle les grandes épopées à l’ancienne, qui rappelle un certain cinéma que la mode de l’entertainement a oublié. Un cinéma fait d’esprit, d’élégance, de finesse et de grâce. La bonne nouvelle, c’est que les amoureux de ce type de cinéma chaleureux et authentique, vont pouvoir se faire plaisir. Restauré par Pathé à partir du négatif original, ce film qui a véritablement lancé la carrière de Brad Pitt, ressort au cinéma et en Blu-ray/DVD le 24 mai prochain. Foncez, on ne s’en lasse pas !
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RÉPULSION
De Roman Polanski – 1965 – 1h45
Genre : Thriller psychologique – Angleterre
Avec : Catherine Deneuve, Yvonne Furneaux, John Fraser…
Synopsis : Une jeune manucure belge, Carole, travaille et vit à Londres avec sa sœur Hélène. Carole, introvertie, a des problèmes relationnels avec les hommes. Elle repousse Colin, qui la courtise et n’apprécie pas Michael, l’amant de sa sœur. Quand celle-ci part avec Michael, Carole sombre progressivement dans la névrose. Recluse, elle bascule dans la schizophrénie, et devient hantée par des bruits…
C’est probablement l’un des drames psychologiques les plus emblématiques du genre, mainte et mainte copié, rarement égalé. 52 ans après sa sortie, Répulsion, le chef-d’oeuvre de Roman Polanski, revient sur grand écran, dans une version entièrement restaurée. Une Catherine Deneuve dans un rôle à contre-emploi, un jeune Polanski qui dévoilait son génie de la mise en scène (déjà entrevu dans Un Couteau dans l’eau et bientôt confirmé par Rosemary’s Baby), et surtout ce voyage terrifiant dans une psyché humaine troublée par la schizophrénie. Car c’est bel et bien un voyage que nous propose Répulsion, ou plutôt une descente, droit vers les enfers. Polanski ne vous invite pas à observer le déclin cauchemardesque de cette jeune femme malade, il nous pousse violemment à ses côtés. Et le public de quitter sa position de spectateur, pour devenir acteur de cet écroulement psychologique dramatique et meurtrier. Éprouvant, inconfortable, malaisant, Répulsion est un intense délirium tremens, un thriller glaçant magnifié par le jeu de Polanski sur les noirs et les blancs. Et au cœur de cette tragédie terrifiante, Catherine Deneuve, formidable, totale, fondue dans son personnage. Répulsion est à redécouvrir au cinéma en version restauré à partir du 24 mai, de même que Cul-de-sac et Un Couteau dans l’eau !
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VENDREDI 13
De Victor Saville – 1933 – 1h30
Genre : Drame, catastrophe – Angleterre
Avec : Jessie Matthews, Sonnie Hale, Edmund Gwenn, Ralph Richardson…
Synopsis : A Londres, une minute avant minuit, le vendredi 13, la foudre frappe une grue de travaux publics qui s’effondre. En voulant l’éviter, un bus entre dans la vitrine d’une boutique. Et nous découvrons la vie de tous les passagers et les événements qui les ont amenés à prendre ce bus de nuit.
On connaît tous Vendredi 13, le classique de l’horreur sorti en 1980, qui allait lancer la saga culte portée par le terrifiant Jason. Pour les cinéphiles hardcore, Vendredi 13, ce n’est pas que ça. C’est aussi un vieux drame de 1933 réalisé par le méconnu Victor Saville, et dont la particularité avait été de lancer les principaux fondamentaux que l’on retrouvera des années plus tard, à la base d’une grande majorité de films catastrophes. En effet, dans les années 70, alors que le cinéma catastrophe connaissait son âge d’or, il était de bon ton de faire une première partie généralement très longue, où l’on s’attachait à présenter la vie des différents protagonistes impliqués dans le futur drame, et notamment la manière dont ils se sont retrouvés ici, à cet instant T. Un procédé narratif que l’on retrouve au cœur de Vendredi 13, des décennies auparavant. Victor Saville construit son drame autour du tragique accident d’un autobus et va s’appliquer à remonter le fil de la vie de chacun des passagers, durant les quelques heures qui ont précédé la catastrophe. Aujourd’hui, Vendredi 13 est un film difficile à se procurer. Heureusement qu’il reste les chaînes du câble pour découvrir ce genre de pépites rares. Autre option, le DVD import anglais ou américain. Et enfin, il reste la possibilité de le voir ici :
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A samedi prochain !
Par Nicolas Rieux