Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Freeheld
Père : Peter Sollett
Date de naissance : 2015
Majorité : 10 février 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h44 / Poids : 7 M$
Genre : Drame
Livret de famille : Julianne Moore (Laurel), Ellen Page (Stacie), Steve Carell (Goldstein), Michael Shannon (Dane), Luke Grimes (Belkin), Josh Charles (Kelder)…
Signes particuliers : A la fois romance tragique et film militant pour la cause homosexuelle, Free Love est un « biopic » touchant.
UNE LOVE STORY DANS LA TEMPÊTE
LA CRITIQUE
Résumé : Années 2000. Laurel, est une brillante inspecteur du New Jersey. Sa vie bascule le jour où elle rencontre la jeune Stacie. Leur nouvelle vie s’effondre quand Laurel découvre qu’elle est atteinte d’un cancer en phase terminale. Laurel a un dernier souhait : elle veut que sa pension revienne à la femme qu’elle aime, mais la hiérarchie policière refuse catégoriquement. Laurel et Stacie vont se battre jusqu’au bout pour faire triompher leurs droits.L’INTRO :
Elle interprétait une malade victime d’un d’Alzheimer avancé il y a deux ans dans Still Alice, elle se retrouve aujourd’hui dans la peau d’une inspectrice de police homosexuelle agonisante d’un cancer en phase terminale. Décidément, Julianne Moore aime les rôles difficiles et éprouvants, la confrontant au pire. Dans Free Love, la comédienne oscarisée fait face à un tragique double-combat, d’un côté physique face à un mal qui la ronge et la tue à petit feu, de l’autre, un combat moral pour l’égalité et la justice, alors que le comté qu’elle vient de servir pendant 23 ans, lui refuse le transfert de sa pension de fonctionnaire à sa mort, au profit de sa compagne, les couples gays « ne pouvant prétendre aux mêmes droits que les autres ». Sur le papier, on pourrait d’ores et déjà songer au film pathos par excellence, mais ce serait oublier que ce nouveau long-métrage de Peter Sollett (Long Way Home, sacré à Deauville en 2002) est basé sur une histoire vraie, qui aura considérablement participé à faire avancer la cause homosexuelle dans le New-Jersey.L’AVIS :
On ne va pas se le cacher, Free Love n’est clairement pas le genre de film à voir un soir de déprime avec l’intention de se remonter le moral via une petite séance de ciné pour se changer les idées. Terriblement douloureux et bouleversant, autant pour ce qu’il raconte que par la manière dont il le raconte, le film de Peter Sollett déroule le tapis rouge aux sentiments les plus poignants à travers une histoire émotionnellement dévastatrice, dont la force est décuplée par les extraordinaires prestations de ses étoiles, Julianne Moore et Ellen Page. Deux comédiennes dont on ne vantera pas de long en large et en travers le jeu tout en justesse, dans la mesure où à peu près tout le monde connaît déjà leur talent inné et débordant. Véritable torrent d’émotions doublé d’un sentiment de révolte face à l’injustice réellement vécue et dont il narre les tenants et les aboutissants, Free Love démarre comme une romance dramatique à ranger aux côtés du (sublime) Love Story, ces histoires d’amour balancées frontalement contre la pire des tragédies, stimulant ainsi fortement les glandes lacrymales à en épuiser plusieurs paquets de mouchoirs.
Mais là où le classique d’Arthur Hiller il y a 45 ans se contentait de se focaliser brillamment sur la beauté de son histoire d’amour magnifique vécue jusqu’au dernier souffle, Free Love s’avance ensuite sur les terres du film militant, prenant la parole pour la défense de la cause LGBT qui aura dû (et malheureusement doit toujours) se battre pour l’égalité et la reconnaissance de ses droits. Et c’est la gorge serrée que l’on accompagne le chemin de ces deux âmes en peine dans la tourmente, à travers un film très classique sur la forme, mais suffisamment émouvant pour toucher le spectateur une fois entré dans le vif de son sujet, et passée une introduction en délicatesse avec son écriture, Sollett éprouvant quelques difficultés à poser avec soin les bases d’un récit avançant trop mécaniquement en direction de ce qu’il souhaite réellement développer, au point d’ailleurs d’y perdre en souffle romanesque vibrant. A défaut de faire preuve de génie et largement freiné par son académisme, par son déséquilibre entre la romance dramatique et le biopic témoin, et par sa facture cinématographiquement assez pauvre, Free Love réussit tout de même à se frayer un chemin pour toucher du doigt notre sensibilité mise à mal et nourrie de quelques larmes, mais récite sa partition en Ré mineur sans jamais s’éloigner bien loin d’un conventionnalisme un peu terne.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux