Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Optimistene
Mère : Gunhild Magnor
Date de naissance : 2014
Majorité : 1er septembre 2015
Type : Sortie DVD
(Editeur : Pickup)
Nationalité : Norvège, Suède
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Documentaire
Livret de famille : Gerd Bergersen, Lillemor Berthelsen, Mary Holst Bremstad, Aase-Marit Børke, Eldbjørg Grøttum, Anne-Grethe Westhagen Magnor, Birgit Myklebust, Irma Nordseth… (elles-mêmes)
Signes particuliers : Un formidable documentaire dans la lignée du I Feel Good de Stephen Walker. Grisant, drôle, émouvant, une ode à la vie magnifique !
RETRAITE SPORTIVE & MATCH POINT
LA CRITIQUE
Résumé : « Les Optimistes » est le nom d’une équipe de volley norvégienne hors du commun : les joueuses ont entre 66 et 98 ans ! Bien que ces mamies sportives n’aient pas joué un seul vrai match en 30 ans d’entraînement, elles décident de relever un grand défi : se rendre en Suède pour affronter leurs homologues masculins. Mais avant cela, il faut broder les survêtements, trouver un sponsor, convaincre l’entraîneur national de les coacher, mémoriser les règles qu’elles ont oubliées, se lever au petit matin pour aller courir… Croyez-les : être sénior est une chance, et ces « Optimistes » la saisissent en plein vol ! L’INTRO :
La dernière tranche du cycle de la vie au cinéma se résume inlassablement à des drames oppressants sur la vieillesse, la maladie ou la mort, avec une atmosphère hivernale glaciale et austère à la lourdeur terrifiante. Pourtant, il s’agit là d’une vision réductrice qui peut trouver une alternative opposée, une alternative plus lumineuse, plus folle, plus belle, plus… optimiste. Après les choristes seniors reprenant les grands standards du rock dans le délicieux documentaire de Stephen Walker I Feel Good (2007), place aux volleyeuses des Optimistes, du nom de ce petit club de volleyball norvégien où les joueuses ont toutes entre 66 et 98 ans ! La documentariste Gunhild Magnor est partie plusieurs mois durant à leur rencontre et a suivi ces grands-mères attachantes à l’énergie hautement communicative, afin de livrer une épopée intimiste incroyable et hors du commun, où le troisième âge est à l’honneur d’un film refusant la noirceur pesante pour privilégier la lumière, l’allégresse et le positivisme de personnes actives et fabuleuses !
Les Optimistes est la meilleure réponse apportée à la fatalité de la vieillesse. Une ode à la vitalité, à l’envie de vivre pleinement, et d’exister jusqu’au bout, sans se laisser abattre par les tracas, les malheurs, l’avancée immuable de l’âge ou la maladie. On se laisse vite contaminer avec bonheur par l’énergie grisante de ces mamies sportives, toniques, vives, combattives, rieuses et presque philosophes pour certaines d’entres-elles. Au-delà de la simple anecdote d’un groupe de seniors réunies dans un club de volley où elles pratiquent leur sport favori malgré leurs 70, 80 voire 98 ans (!!), la réalisatrice Gunhild Magnor offre surtout une véritable métaphore sur la force de l’esprit humain confronté au défilement de l’existence, sur le combat contre la vieillesse incarné dans un match rocambolesque et improbable, et pourtant bien réel, contre des voisins suédois, soulignant la magie de la vie et portant le bonheur comme médicament naturel contre la fatalité de l’existence. N’en déplaise aux pessimistes, la vie ne s’arrête pas à 65 ans avec la retraite et les petites douleurs. Elle peut aller bien plus loin et trouver un second souffle si on le décide fermement. Rien n’est indestructible, rien n’est gravé dans la pierre et la volonté peut être une arme terrible. Demandez à la pétillante Goro, 98 ans, touchée par un cancer qu’elle dissimule bien. Demandez à Lillimor et son dos fracturé qui refuse de se laisser abattre…
Les Optimistes, c’est une parenthèse enchantée sur le refus de l’auto-apitoiement, illustrée par l’entremise d’une histoire magnifique sur un petit groupe de personnages hauts en couleurs, à la fois normaux et extraordinaires. Comme si la douce folie de Indian Palace entrait dans la vie réelle. Universel et d’une grande sagesse, le documentaire lumineux de Gunhild Magnor est une piqûre de rappel. L’énergie de ces « mamies », qui sont au final peut-être même plus actives que nous les addicts au confort des fauteuils de cinéma, ramène à notre esprit à quel point l’existence doit être croquée avec un appétit fougueux et insatiable. Drôle, touchant, parfois même bouleversant, naviguant entre moments de vie cocasses, tendres, hilarants, intimes ou émouvants, en plus d’être caractérisé par une pudeur délicate absolument admirable, Les Optimistes enchante, régale, donne le sourire, insuffle une bouffée d’air frais, et déploie un état d’esprit confectionné dans une volonté de « feel good docu » poussant à la réflexion sur nous-mêmes et sur certaines choses de la vie. Une fable humaine pleine de sens et profondément renversante, pas toujours aussi bien racontée que l’excellent I Feel Good, mais qui partage avec lui ce même battement de cœur réglé au diapason de l’optimisme, pour rendre son message de fond intelligible par le biais de l’émotion procurée. Magnifique !
LE TEST DVD
En l’absence d’édition Blu-ray, rien à redire en tout cas sur la qualité technique du DVD, soigné que ce soit au niveau du son ou de l’image. Côté suppléments, difficile de proposer un making of sur un documentaire, le registre s’y apparentant déjà. L’édition proposée par Pickup nous gratifie néanmoins de quelques morceaux de choix, très intéressants au demeurant. D’abord, un entretien avec la fort charmante réalisatrice Gunhild Magnor (8′) qui revient sur la genèse du projet en rapport avec ses propres interrogations sur la vieillesse. La documentariste évoque la beauté de cet âge qui peut aussi être perçu avec optimisme, l’universalité de son sujet etc… Des idées développées différemment ensuite à travers un entretien de 17 minutes avec le sociologue Serge Guérin, professeur à l’INSEEC et auteur d’un livre sur la génération senior. Guérin aborde d’un point de vue plus social, la vieillesse et les différences des génération seniors d’aujourd’hui selon leur environnement. Passionnant. De très belles scènes coupées (6 au total) complètent ces suppléments d’excellente facture.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux