Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Queen and Country
Pères : John Boorman
Date de naissance : 2014
Majorité : 12 mai 2015
Type : Sortie DVD/Blu-ray
Nationalité : Angleterre, Irlandais
Taille : 1h55 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Callum Turner (Bill), Caleb Landry Jones (Percy), Pat Shortt (Redmond), David Thewlis (Bradley), Richard E. Grant (Cross), Tamsin Egerton (Ophelia), Vanessa Kirby (Dawn)…
Signes particuliers : L’illustre vétéran John Boorman sort de sa retraite pour nous conter son service militaire dans l’Angleterre des années 50. Fatigué le Boorman ? Pas du tout !
UNE CHARMANTE BALADE NOSTALGIQUE
LA CRITIQUE
Résumé : 1952. Bill Rohan a 18 ans et l’avenir devant lui. Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ? Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée. Bill se lie d’amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide Sergent Major Bradley. Tous deux parviennent néanmoins à oublier un peu l’enfermement et la discipline à l’occasion de rares sorties. Mais leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme soeur ? L’INTRO :
John Boorman est aujourd’hui un vieux monsieur octogénaire. Celui qui a jadis livré aux cinéphiles et à l’histoire du cinéma, des classiques tels que Point Blank, Délivrance ou Excalibur, n’a plus forcément l’excellence, l’impétuosité, les ambitions ou la rage d’antan, mais il n’est pas mort. Loin de là. Et comme quelques très grands de son calibre, de Bergman à Antonioni, qui ont tourné jusqu’au bout, à un rythme moindre mais qu’importe, le père de La Forêt d’Emeraude a su conserver toute sa passion, son intelligence, sa verve. Aujourd’hui, le metteur en scène irlandais est de retour sur son fauteuil de maestro pour une comédie dramatique auto-biographique. Disons plutôt que Queen & Country brasse des souvenirs de jeunesses colorés et sans doute nappés dans la touchante distorsion du temps et de la douce nostalgique, même s’ils sont tous authentiques comme se plaît à prévenir l’artiste conteur.L’AVIS :
Absent des plateaux depuis plus de huit ans et The Tiger’s Tail avec Brendan Gleeson (un inédit en France de 2006), John Boorman brise une fausse retraite qui aurait pu être bien méritée après une carrière riche, longue et variée, pour une salve bravache offerte comme un cadeau merveilleux, humble fable à la fois personnelle pour les souvenirs qu’elle confie, et universelle pour les thématiques qu’elle déploie. Avec beaucoup de tendresse et de drôlerie, le réalisateur revisite une partie de sa vie, couchant sur pellicule ses mémoires de jeunesse de l’époque de son service militaire. Après nous avoir évoqué son enfance durant la guerre avec le délicieux Hope & Glory (1987), Boorman part en 1952, dans une Angleterre changeante, coincée entre deux époques, la fin du glorieux Empire britannique d’un côté, et la nouvelle jeunesse d’un simple pays insulaire rivé sur le bord de l’Europe, de l’autre. Deux ans de service obligatoire, la guerre de Corée en toile de fond, un poste d’instructeur dactylo, des passions, des bêtises, des rencontres, un officier-supérieur rigide amusément sorti de Full Metal Jacket… Boorman parle de sa post-adolescence avec un conte initiatique qui fait l’effet d’une balade bucolique chaleureuse et souriante. Petite douceur accouchée avec passion et sincérité par un cinéaste qui regarde derrière lui, en direction d’une époque chère à sa mémoire et son cœur pour d’innombrables raisons, Queen and Country est l’occasion pour le metteur en scène de signer une ode émouvante à l’amitié, à l’ivresse de la jeunesse, aux premiers émois amoureux, à la naissance des idéaux… Le vétéran revisite son passé, livre des réminiscences qu’il confesse véridiques en dépit d’une sensation de joyeux embellissement et Queen and Glory charme, délicate virée amusante, émouvante, romantique, capable d’une folle légèreté vagabonde et dans le même temps d’une fine acuité malicieuse, capable d’un académisme rétro proprement agréable et d’une inventivité fougueuse. Point d’aigreur réac venant d’un vieux bonhomme qui radoterait en ressassant son vécu, point de lourdeur engluée dans la naphtaline, point de moralisme ou de cynisme pesant, Boorman revit, régale, partage, et nous fait succomber à son joli moment de poésie plein de grâce et fleurant bon le parfum aigre-doux du bonheur nostalgique.
LES SUPPLÉMENTS
En guise de complément à la délicieuse pépite signée John Boorman, l’édition concoctée par France Television Distribution propose un petit making of fort sympathique d’environ 23 minutes, nous invitant à pénétrer dans « les coulisses du film » non sans beaucoup d’humour (faut voir Pat Shortt se présenter, assigné aux basses besognes comme cirer les chaussures du cinéaste !). Drôle, enlevé, pertinent, monté avec rythme et fraîcheur, ce reportage en immersion sur le plateau entremêle images du tournage et interviews de l’équipe à même le tournage. John Boorman, bien sûr, qui évoque l’idée générale de son film et sa genèse, les comédiens ensuite, qui leurs personnages (David Thwelis, Richard E. Grant, Callum Turner, Caleb Landry Jones, F. O’Brian, Pat Shortt, Aimee-Ffion Edwards etc…). Le chef décorateur revient sur le travail de reconstitution etc… Un supplément très agréable à regarder. Et pour en savoir plus sur le film, retrouvez ici la rencontre avec John Boorman au Forum des Images, à laquelle nous avions été.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux