Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Vivi o, preferibilmente, morti
Père : Duccio Tessari
Date de naissance : 1969
Majorité : 05 mai 2015
Type : Sortie DVD
(Éditeur : Artus Films)
Nationalité : Italie
Taille : 1h59 / Poids : NC
Genre : Western, Comédie
Livret de famille : Giuliano Gemma (Monty), Nino Benvenuti (Ted), Sydne Rome (Rossella), George Rigaud (Mr Scott), Antonio Casas (Barnds), Chris Huerta (Jim)…
Signes particuliers : Avec la comédie Mort ou Vif, De Préférence Mort, Artus Films réédite une petite pépite du western bis à l’italienne. A découvrir sans modération.
QUAND LE WESTERN RENCONTRE LE BUDDY MOVIE BURLESQUE
LA CRITIQUE
Résumé : Afin de toucher l’héritage de son oncle, Monty (Giuliano Gemma), joueur et flambeur, doit vivre pendant 6 mois avec son frère Ted, un fermier bougon et solitaire. Peu enclin à vivre l’aventure de l’ouest, mais poussé par l’impatience de ses créanciers, Monty part rejoindre la ferme de Ted. Alors que tout sépare les deux frères, ils vont devoir apprendre à se connaître, et faire équipe pour affronter une bande de pillards. L’INTRO :
Artus Films poursuit sa longue exploration du cinéma d’exploitation italien et espagnol en nous ressortant les perles savoureuses (et souvent méconnues) des grandes heures du cinéma de genre transalpin et ibérique. Aujourd’hui, c’est au tour de Mort ou Vif… de Préférence Mort d’être mis sous le feu des projecteurs. Connu également sous les titres La Chevauchée de l’Ouest ou Sundance Cassidy and Butch the Kid, ce western comique coproduit entre l’Italie et l’Espagne, est l’œuvre de l’un des plus prolifiques artisans de la série B à l’italienne de l’époque, l’inénarrable Duccio Tessari, réalisateur transversal qui se sera frotté à un peu tout et n’importe quoi, du péplum (Les Titans) au film de cape et d’épée (le Zorro avec Alain Delon, c’était lui) en passant par le film d’action (Les Durs en 1974 avec Lino Ventura), le policier ou le western, un registre dans lequel il aura été très actif à l’image de Un Pistolet pour Ringo, Le Retour de Ringo etc… Avec Mort ou Vif… de Préférence Mort, Duccio Tessari s’acoquinait une nouvelle fois avec son acteur fétiche, l’éclectique Giuliano Gemma, associé ici à Nino Benvenuti, boxeur champion du monde qui se sera essayé à la comédie mais dont le talent ne dépassait pas le bout de son nez. La belle américaine Sydne Rome, l’acteur-footballeur espagnol (si, si, véridique) Antonio Casas, le colosse portugais Cris Huerta (Django) ou encore le franco-argentin George Rigaud complètent la distribution internationale de cette farce sortie en 1969.L’AVIS :
Avec Mort ou Vif… de Préférence Mort, c’est tout un pan de la riche histoire du western italien des années 60-70 qui est à l’honneur. Parallèlement aux spaghetti et leur violence graphique devenue culte sous l’impulsion d’un Sergio Leone et de quelques autres, le cinéma d’exploitation transalpin fut également très actif dans le registre du western comique, auquel Terrence Hill et Bud Spencer ont donné ses lettres de noblesse. Un sillon prenant la tangente des atmosphères sombres et mélancoliques, davantage destiné à un public plus populaire à la recherche de bonne humeur. Un sillon également emblématique du déclin du genre en Italie.Délicieusement kitsch et quasi-burlesque, Mort ou Vif… de Préférence Mort avait justement profité du succès populaire naissant du célèbre duo qui deviendra incontournable avec la saga des Trinita, pour s’insérer dans la vague. Si comme l’on peut s’en douter, le film a vieilli aujourd’hui en plus de ne pas être resté dans les annales, il n’en demeure pas moins pour autant une curiosité pleine de charme, qui saura séduire les amateurs de ces délicieuses fumisteries transalpines. A cheval entre la drôlerie décalée et le grotesque gesticulateur tout en se voulant un pur western généreux en aventure, en action et même en romance, Mort ou Vif… de Préférence Mort est une comédie délirante, presque cartoonesque, comme si Blake Edwards rencontrait Lucky Luke sous la plume des plus grands tâcherons producteurs de nanars d’exploitation à l’italienne, le tout pour parfaire une comédie cabotine et farfelue aux gags grossiers imitant le cinéma clownesque, tant des comiques américains à la Mack Sennett ou Buster Keaton (auquel le film fait un clin d’œil via la découverte du cinématographe), que du tandem Spencer/Hill. Succès populaire à l’époque dû à son ambiance bon enfant et hautement sympathique, le film avait été en revanche, fermement descendu par la critique, en même temps jamais tendre avec cette veine du cinéma en forme de pied de nez à la culture élitiste et artistique. Entertainement gentiment couillon et plutôt réservé aux fans (les autres pourraient bien être dépités par la lourdeur de la chose qui passera vite pour de la médiocrité), Mort ou Vif… de Préférence Mort est une joyeuse balade abondant en séquences truculentes (la scène du bain, l’incendie de la maison, l’attaque de la diligence ou tout le passage dans le plâtre) mais aussi généreux en spectacle, mis en scène avec efficacité par un habile Tessari à l’image de toute l’attaque du train. Pour la finesse, il faudra repasser ou se diriger vers d’autres horizons, mais pour l’amusement, le film de Tessari est un attachant buddy movie fraternel qui aurait presque pour effet de nous replonger en enfance, quand gamin l’on découvrait ces comédies westerniennes rigolotes qui nous poussaient à aller jouer au cowboy dans le jardin.
LE TEST & LES SUPPLÉMENTS
Comme à son habitude, Artus Films ne se contente jamais d’une édition où figure simplement le film édité, sans aucun à-côté. L’éditeur trouve toujours le moyen de nous dénicher un talent passionné qui viendra apporter son regard éclairé sur l’œuvre présentée et parfaire nos connaissances cinéphiles sur le cinéma bis. Cette fois-ci, c’est Curd Ridel qui intervient pour nous parler de Mort ou Vif… de Préférence Mort. Particulièrement affable et fin connaisseur de son sujet, le célèbre dessinateur de BD (également musicien) converse pendant 46 minutes s’attardant essentiellement sur le casting, témoignant au passage de sa passion pour la carrière de Giuliano Gemma dont il raconte longuement la vie, à la force de d’un florilège d’anecdotes savoureuses, comme la provenance de cette cicatrice qui sera l’une des marques de fabrique de son physique identifiable. De son enfance à ses nombreux talents en passant par sa rencontre totalement hasardeuse avec lui à Paris, Ridel régale. Il brossera ensuite le portrait du boxeur Nino Benvenuti, évoquant son amitié de jeunesse avec Gemma et son arrivée sur le projet. Puis ce sera au tour des principaux seconds rôles, la belle actrice-mannequin Sidne Rome, l’atout charme du film qui jouait là dans son premier film italien (Ridel évoquera rapidement sa liaison orageuse avec Gérard Lenorman), Antonio Casas aussi, ex-footballeur de l’Atlético Madrid reconverti comédien très prolifique ou encore le trapu Cris Huertas. Pour chacun, Ridel les présente, fait un bref portrait de leur carrière et évoque leurs principaux films. Passionnant.Concernant l’édition, on notera que le master utilisé est propre, loin de certaines éditions DVD miteuses que l’on peut trouver dès que l’on se penche sur le cinéma d’exploitation italien. Désireux de mettre en Bis en valeur, Artus Films fait toujours l’effort d’avoir recours à des copies de bonne qualité, ce que l’on ressent à la découverte des films. On vous conseillera au passage la VF, le débat sur la VO n’ayant pas lieu d’être puisque le film a été tourné en anglais et que la plupart des comédiens sont donc doublés dans la version italienne. La VF nous permettra surtout de profiter de la voix de notre Roger Carel national ainsi que de celle de Claude Giraud, le célèbre doubleur français qui aura fréquemment prêté sa belle voix à Robert Redford, Alan Rickman, Roger Moore, Tommy Lee Jones, Harrison Ford dans Indiana Jones mais aussi parfois, à Mel Gibson, Patrick Stewart, Tom Selleck ou Liam Neeson. Autre petit détail amusant de la VF, des changements de noms et prénoms, notamment celui du personnage de Sidne Rome, Rossella devenant Scarlet, ce qui aura pour effet d’amener quelques petites blagues cinéphiles dont on vous garde le plaisir de la découverte.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux