Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : After the Fall
Père : Saar Klein
Date de naissance : 2014
Majorité : 18 Février 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Wes Bentley (Bill), Vinessa Shaw (Susan), Haley Bennett (Ruby), Jason Isaacs (Frank), Audrey Walters (Babs), Chad Brummett (Rick)…
Signes particuliers : Un ancien monteur de Terrence Malick qui signe un très beau premier film.
PLUS DURE SERA LA CHUTE
LA CRITIQUE
Résumé : Bill, un père de famille dévoué, perd son travail du jour au lendemain. Il n’a alors pas d’autre choix que celui d’entrer, presque à son insu, dans l’illégalité. Quand il se lie d’amitié avec un inspecteur de police, c’est la double vie qui est désormais la sienne qui risque à terme d’être révélée… L’INTRO :
Curiosité du programme du dernier Festival de Deauville, il était deux anciens monteurs de Terrence Malick à venir présenter en compétition officielle leur premier long-métrage. D’un côté, A.J. Edwards (A La Merveille) proposait The Better Angels, assommoir contemplatif en noir et blanc qui transpirait la prétention et le mimétisme envers le travail de son mentor. De l’autre, Saar Klein (Le Nouveau Monde, La Ligne Rouge) qui s’en détachait tout en y cédant quelques références, pour livrer avec beaucoup plus d’humilité Things People Do, une chronique dramatique portée par Wes Bentley et abordant l’éternelle histoire d’un homme cachant à sa famille son récent licenciement, s’enfermant alors dans une spirale infernale qui ne sera pas sans conséquences. Si The Better Angels aura été complètement oublié du palmarès, Things People Do sera reparti des côtes normandes avec le Prix du 40eme Anniversaire. L’AVIS :
Armé de sa lucidité sur la société américaine et protégé par le bouclier de sa sensibilité à fleur de peau, Things People Do est un drame amer, labourant un terrain pourtant mainte et mainte défriché, mais le faisant avec une justesse bouleversante. Cette thématique, c’est celle de la société capitaliste qui écrase les vulnérables en position de faiblesse et poussent les gens au pire quand ils sont acculés, dos au mur, face au piège du précipice qui les tient en joue, prêt à tirer pour les mettre à terre. De son aveu, Saar Klein voulait explorer la question de la morale dans nos sociétés modernes. Ou comment un homme honnête vrille des sentiers de sa vertu, par instinct de préservation de sa famille face à un système aux allures de bourreau oppresseur. Things People Do n’invente rien, ni ne réinvente rien. Il apporte juste sa pierre à l’édifice du travail critique envers notre système qui ne tend plus la main, qui pense « rendement » avant de penser « humain », qui opère comme un sable mouvant engloutissant sans cesse davantage, ceux qui luttent pour s’en sortir. Et qu’importe si Saar Klein enfonce des portes ouvertes, il le fait avec sincérité, clairvoyance et intelligence.Essentiellement adossée aux épaules d’un excellent Wes Bentley en père et mari aimant confronté à une tragédie moderne tristement banale, cette petite réussite au triomphe modeste déroule son récit avec une véritable élégance, tant dans la mise en scène aérienne de Saar Klein, qui pose un regard tendre et sans jugement sur son histoire et son personnage, que dans le glissement discret de petits symboles qui en disent long, mais avec finesse et sagacité (la métaphore de la piscine à la clarté changeante). A l’image d’un film qui fait preuve d’une magnifique poésie dramatique sans jamais que son auteur ne se veuille poseur ou nombriliste, toujours au service de sa chronique mélancolique, croquée avec acuité et beauté.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux