A l’occasion de la sortie du film Discount (actuellement au cinéma), l’un de nos coups de coeur de la semaine, nous avons eu la chance de pouvoir nous entretenir avec Louis-Julien Petit, le jeune réalisateur de ce premier film passionné et porté par un réel engagement, un réel propos, une réelle vision de la société. Il est revenu avec nous sur la genèse du film et sur tout ce qu’il appelle, à son modeste niveau. A l’heure où l’on sur-entend la rengaine « Le changement, c’est maintenant », Discount pousse dans ce sens là. On en profite pour vous le redire, mais allez le voir ! C’est drôle, c’est émouvant, et c’est aussi beau que porteur d’un élan de solidarité magnifique et fort.
Comment vous est venue l’idée du film ? Est-ce que c’était en constatant par vous-même le gaspillage alimentaire dans les grandes surfaces ?
Non, pas du tout. L’idée du gaspillage est venue bien après. J’avais envie de faire un film sur les rébellions positives, sur les personnes qui prennent leur destin en main dans une société en laquelle ils ne croient plus, et qui arrivent à trouver des solutions alternatives. Ca, c’était l’idée de départ. De confronter la crise à des personnages qui pourraient en rire et qui pourraient trouver une autre solution. Ensuite, j’ai rencontré Anne-Marie Costa, une dame qui avait été caissière dans un supermarché en Lorraine. Elle avait été licenciée pour faute grave parce qu’elle avait « volé »… un coupon de promotion ! C’était un coupon pour avoir trois produits pour le prix de deux. Elle a été licenciée pour « faute grave »… Donc je l’avais rencontré mais on ne s’est pas attardé sur ce vol absurde. Parce que c’était quand même juste un ticket de promotion. Je me suis retrouvé face à une nana qui avait une énergie positive énorme, qui riait de tout cela parce qu’elle me disait qu’elle recevait énormément de lettres et de tickets de promotions depuis ! C’était beau tout ça, cet élan de solidarité des gens qui lui envoyaient des lettres de soutiens, qui lui proposaient de partir en vacances, qui lui envoyaient des tickets resto, parfois même de l’argent. Et à ce moment là, j’avais trouvé la tonalité du film, je voulais en faire une comédie sociale, une comédie qui rassemble autour de valeurs auxquelles on croit comme l’entraide et la solidarité, en recoupant tout cela avec mon histoire sur le hard discount. Qu’est-ce que c’est que le discount aujourd’hui… Car tout le monde va être discount bientôt, vous, moi, tout le monde. On sera remplacé par des machines ou par des gens plus jeunes, plus performants, moins chers. C’est une réalité économique. Alors, qu’est-ce qu’on fait à ce moment-là ? Est-ce qu’on baisse la tête et on prend la porte de sortie ou est-ce qu’on se relève et on essaie de trouver une solution alternative. Ca c’était important. Et je fais partie d’une association qui s’appelle MIAA, Mouvement d’Intermittent d’Aide aux Autres, qui lutte contre le gaspillage sur les plateaux de tournage. Parce que j’étais assistant-réalisateur pendant dix ans et c’est ma meilleure amie qui a fondé cette association. On récupère à la fin des tournages, les costumes, les décors, les accessoires, pour faire des braderies. Il y en a deux par an et en une journée, on arrive à faire plus de 15.000 euros soit 100 repas par jour qui sont distribués à des personnes en précarité. Pas que des SDF mais aussi des gens qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Ce n’était pas une volonté de faire de l’argent mais de trouver un moyen d’être solidaires. Y’a pas de fierté à l’être, il fallait l’être avant le film, pendant le film et après le film. Voilà, c’était un peu ça l’idée de base. Après, il y a plein de choses qui m’ont poussées à écrire, mais surtout, c’était de parler d’une rébellion positive, de ne pas accepter un système qui pousse à l’individualisme et à l’isolement. De s’entraider. Pourquoi le discount est le seul endroit où il n’y a pas de comité d’entreprise et de syndicats en interne ? Le seul moyen de lutter contre cette déshumanisation et l’individualisme, c’est de se regrouper dans l’entreprise.
Vous avez répondu à plein de questions en même temps !
Comme ça, on va passer de la question une à la question douze directement ! Pour revenir au gaspillage alimentaire, je ne suis pas un politique, je suis juste un réalisateur, je n’ai que 31 balais et c’est mon premier film. C’est la première fois que j’ai le droit de m’exprimer. Tout ça est assez militant. J’ai mis cinq ans à monter ce film. Pour l’histoire du gaspillage, ce qu’il y a dans les bennes des supermarchés, c’est du vol. De prendre dans les bennes. Il y a un éveil de conscience de la part des enseignes, c’est clair, mais il n’y a pas d’interface entre les associations qui collectent et les enseignes. Il y a un manque de moyens humains et techniques pour aller chercher tous les jours ces produits qui sont jetés. Et d’un autre côté, il y a les enseignes qui aimeraient donner mais qui ne peuvent pas parce qu’elles sont responsables de la qualité des produits. Être responsable, ça signifie être responsable de l’acheminement etc… Et dans leur logique, donner, ça coûte de l’argent. Parce qu’il faut trier les produits, ça veut dire camions frigorifiques pour amener les produits aux associations. Aujourd’hui, cette interface ne se fait pas. Donc si le film participe un petit peu à éveiller les consciences sur ce souci d’intermédiaire qui ne se fait pas, ce serait magnifique.
Justement à l’instant, vous parliez de la tonalité du film. On l’a souvent rapproché du cinéma de Ken Loach en Angleterre. C’est une référence que vous assumez ?
Alors oui mais pas que. C’est proche du Ken Loach des années 90, qui était assez drôle. Mais les plus belles comédies anglo-saxonnes ont été faites post-Thatcher. Finalement, les cinéastes anglais avaient réussi à rire de la crise, à rire de la précarité. Aujourd’hui en France, on n’accepte pas ça. On est aveugle par rapport à cette précarité. Alors oui, il y a du Ken Loach, mais aussi du Stephen Frears comme The Van, du Full Monty, du Pride plus récemment. Little Miss Sunshine aussi (qui est américain – ndlr). Ca m’intéressait de faire un film d’aventure avec des personnages humains qui, à un moment, disent non. Quand on confronte la crise avec des personnages qui réagissent, sachant que ce sont des héros faillibles et anonymes, avec chacun leur bagout et leur personnalité, ça créé des situations comiques. Comiques et réalistes. C’est ça qui m’a attiré, travailler sur un réalisme drôle. Une absurdité en fait. Et c’est assez jouissif quand on a des super acteurs comme j’ai eu. C’était intéressant.
Un mot sur le casting… On sent une réelle volonté d’aller chercher des acteurs qui dégagent quelque-chose de vrai, d’authentique, plutôt que de grandes stars…
Voilà, vous l’avez dit. Moi je suis plus spectateur que cinéaste. C’est mon premier long-métrage. En tant que spectateur, j’en ai un peu marre qu’on me montre une star à qui il arrive une histoire improbable. Moi, j’ai envie de personnes vraies, d’acteurs travailleurs, qui pensent plus à leur personnage qu’à leur image. J’ai envie de ça. On a mis cinq ans à monter ce film, l’engouement de la presse et des spectateurs ces derniers jours, montre qu’on ne peut plus prendre les spectateurs pour des cons, franchement. Moi je suis spectateur et j’ai envie de voir des personnages, de croire en eux, j’ai envie d’un cinéma qui me donne des frissons, qui me fait rire, pleurer. Discount a été long à monter justement parce qu’aujourd’hui, on met tout dans des cases. On m’a demandé vingt fois : « Est-ce que c’est une comédie ? Est-ce que c’est un drame ? Ah mais c’est drôle, ok. Ah, mais ils sont pauvres ? Donc, c’est un drame ? » Heureusement, on y est arrivé grâce à ma productrice Liza Benguigui qui m’a dit à 25 ans, on va y arriver, ne lâche rien. On a tous les deux commencé le projet, on avait 25 ans. On en a 30 aujourd’hui. « On ne lâche rien, on va y arriver », c’est tout ce qu’elle m’a dit. Il faut de l’espoir de toute façon. Le cinéma est un divertissement mais ce n’est pas parce qu’on fait du divertissement, que l’on ne peut pas avoir un propos dans lequel on croit. Monter un film, surtout pendant cinq ans, c’est de l’énergie. Il faut bien qu’il y ait du sens à tout cela.
En parlant de sens, c’est très frappant de voir que dans votre film, il y en a beaucoup. Il y a beaucoup de thématiques qui le traversent. Le cynisme du système, le gaspillage, la course au rendement, l’exploitation du petit prolétariat, la logique de rentabilité au détriment des clients et des employés, la déshumanisation du monde professionnel… C’est presque ce que l’on pourrait appeler un « grand petit film » dans le sens où c’est une petite oeuvre en terme d’exposition médiatique mais très grande par tout ce qu’elle brasse et dit…
Merci. Je ne sais pas quoi répondre à partir « merci » et rougir. Oui, il y avait plein de choses à dire sur nos sociétés un peu pressurisées. Je me suis servi du hard discount mais des gens qui sont pressurisés à tous les niveaux, il y en a partout. C’est en cela que pour moi, Discount est un film universel. Cette histoire n’est pas particulière à chacun des personnages dans le groupe. Et c’est d’ailleurs ce qui les sauve car au final, il ne pense pas à eux personnellement mais ils pensent au groupe et à leurs idées. Moi je crois que leur combat est juste. Et pour revenir aux comédies anglo-saxonnes, ce sont souvent des personnages qui se battent pour des causes justes. C’est important cette justice. C’est de la désobéissance civique et civile. C’est mal mais il faut le faire. Souvent, on parle de Robin des Bois. Mais pour moi, ce ne sont pas des Robins des Bois. C’est pas « On prend aux riches pour donner aux pauvres ». C’est plus complexe, notre société est plus complexe. D’ailleurs, eux, ils prennent pour survivre. Ils ne veulent pas gagner plus pour acheter une maison, un yacht etc. Ils veulent juste conserver ce qu’ils ont déjà. Je trouve ça universel parce qu’en France, je crois qu’il y a énormément de familles qui se battent pour arriver à joindre les deux bouts. Pas pour avoir plus.
Pour rebondir sur les personnages, un autre détail frappant dans votre film, c’est qu’il ne verse jamais dans le manichéisme. Même le personnage de la responsable campée par Zabou Breitman, n’a rien de la patronne tyrannique et méchante. On sent juste qu’elle aussi est prise au piège elle-aussi du système, à son niveau…
Bien sûr. Ce sont les témoignages que j’ai eu. Les directeurs juste méchants, ça n’existe pas. A l’instar du personnage de Romain, le vigile qui arrive dans le dernier tiers (interprété Romain Limpens – ndlr), qui lui est plus radical, qui ne se pose aucune question, qui ne réfléchit pas et exécute. Cela rejoint un peu la question d’avant. Les personnages au final vont se battre pour survivre et ouvrir la voie à d’autres auxquels on ne donne pas, ou plus, la parole. C’est ce que l’on appelle « la majorité silencieuse », un terme souvent utilisé par les politiques, ces gens qui ne s’expriment pas ou qui s’expriment à des moments donnés. Elle est là, la solidarité. Et moi je crois que ces personnages, au final, leur combat les dépasse. Il est répandu par madame « Tarama », par le petit jeune qui dit « solidaire » tout le temps. Le combat devient plus large. Dieu seul sait ce qu’il va leur arriver après, c’est à la libre interprétation de chacun. En tout cas, on n’a pas fait atteinte à leur dignité, ils ont gardé ça. Et ils sont heureux d’avoir fait ça, d’être ensemble, d’être libres en étant enfermés, alors que le personnage de Zabou Breitman est encore enfermée, mais dehors. C’est ce que je pense, on a tous un peu le choix. Christiane (Corinne Maserio), elle a le choix de faire de la désobéissance civique. Parce qu’elle est accusée d’avoir pris un ticket de promotion quand même… Mais elle relève la tête. Et pour moi, Christiane a gagné, le groupe a gagné. Quand on accepte cette société qui pousse à l’individualisme, on s’isole, c’est comme la déshumanisation. Ces machines, au lieu de parler avec quelqu’un, on est tout seul comme un con devant une machine. On ne se parle plus, on ne prend plus le temps. C’est peut-être utopiste ou naïf ce que je dis mais j’y crois. J’ai envie de dire à mes enfants qu’il y a de l’espoir. Il y a une sorte de prise de conscience depuis les événements qui se sont passés qui est claire. Il faut prendre le temps maintenant, se regarder dans les yeux et peut-être dire et accepter ce qu’on oblige à dire à nos caissiers. C’est-à-dire sourire, dire bonjour et puis un peu plus tard au-revoir et merci. C’est con, mais c’est de moins en moins employé ça.
De toute façon, la société n’avancerait pas, si les gens qui la font avancer n’avaient pas une forme d’utopisme et de naïveté.
J’espère. Le père de mon meilleur ami qui joue dans le film, est venu me voir à Aix-en-Provence. Il est Marseillais et avec son gros accent, il me dit : « Tu sais Ju, mon père me disait toujours que pour vivre, il faut être utopiste et fou. Et toi, tu es les deux ! Et ça c’est beau, on le voit dans ton film. » Ca m’a fait vraiment plaisir. Vous savez, pour parler un peu de l’histoire du film, c’est une première projection, un premier film. On n’avait même pas de distributeur au départ, on ne savait même pas si le film allait sortir en salles. On a signé avec Wild Bunch trois semaines avant le Festival d’Angoulême. On est sélectionné au Festival, c’est la première fois qu’on le montre au public, Zabou Breitman, Pascal Demolon le découvrent là-bas et là, on a le Prix du Public ! Les gens dans la rue criaient « solidaires ! », c’était fou ! On a le même prix que Les Garçons et Guillaume, à Table !. On est reconnu dans le Festival qui a découvert Intouchables. Moi j’y crois quoi, j’étais heureux. On a fait 50 dates après, dans toute la France, pour dire « On n’est pas tout seul, vous n’êtes pas tout seuls, on va y arriver, on y croit ». Donner la banane aux gens, en leur disant « vous allez être divertis, mais ça va être beau ». On va rire mais oui, il ne faut pas se cacher qu’aujourd’hui ça va mal, qu’il y a des situations tristes. Moi je pense à la scène avec la nounou, que j’adore. J’adore cette scène, avec Sarah Suco et la nounou, quand elle va chercher son gamin, c’est quand la précarité regarde la précarité. Elles sont face à face, elle peuvent se disputer, on a tous les moyens de se séparer, d’être tout seul, de s’isoler et en fait non, « A demain. Oui, à demain madame ». Ces moments-là sont les plus durs.
Malgré la dureté du sujet, il se dégage presque un côté « feel good movie » de Discount, vous n’appuyez jamais sur le pathos et au contraire, il s’en dégage une vraie luminosité et un certain optimisme, plein d’énergie… C’est un ton que vous recherchiez ?
Le feel good movie, pour moi, la première fois que je l’ai entendu en argument marketing, c’était sur Little Miss Sunshine. Et moi, le feel good movie, ce que j’aime, c’est qu’on soit ému, qu’on pleure de joie, qu’on pleure de rire et qu’on rit jaune. Parfois, quand je suis spectateur, j’ai envie de ressentir, d’être ému. Et surtout, le feel good movie, c’est un film d’aventure, c’est un film où on rentre dans une aventure avec des gens ordinaires, des hommes, des femmes ordinaires, à qui il arrive des choses extraordinaires. Une aventure quoi ! Un film d’aventure. Oui, c’est juste ce que vous dites.
Vous pouvez nous parler des décors qui font très réels ? Pour le supermarché, est-ce une reconstitution ou une enseigne vous a prêté des locaux ?
C’était une reconstitution. Tous les décors étaient vides. Pour l’enseigne de hard discount, on a acheté à une banque alimentaire, les produits et on a acheté à A.N.D.E.S. (Association National Des Epiceries Solidaires), des fruits et légumes. Ensuite, on a redonné les produits consommables aux banques alimentaires. On a fait plein d’actions solidaires. Je ne sais pas si vous avez entendu parler de la bande-annonce solidaire sur Allociné. C’est le premier partenariat avec Les Restos du Cœur, depuis la création des Restos. J’en suis trop fier, mais vraiment très fier. Et on essaie de gérer au mieux cette campagne : plus on partage cette bande-annonce, plus le don aux Restos sera important, via Allociné. L’intégralité des revenus générés par les publicités ira aux Restos.
C’était une très belle idée.
Quand on fait la tournée, il y avait énormément de restaurants locaux qui ont fait des caddies, pour récupérer des produits pour les personnes dans le besoin. On a fait aussi des séances solidaires « 1€ de plus ». Vous payez 5€ votre place de cinéma, 1€ de plus et on a fait une séance gratuite pour les gens en précarité. On a même donné le film en projection unique à Uzès via La Croix Rouge, pour des personnes qui ont été sinistrées lors des intempéries. À Uzès, il y a énormément de gens qui ont perdu leur logement et voilà, on a récolté des fonds pour eux. On ne fait pas que du cinéma. Faut arrêter d’entendre dire « Je me mets en danger, je prends des risques ». Non. J’entends parfois des comédiens, des réalisateurs dire ça, ça me rend fou. On fait que du cinéma, on ne sauve pas les gens. On n’est pas pompier, on n’est pas chirurgien-cardiologue, on n’est pas sauveteur en haute montagne. Et si le film n’est pas qu’un film, s’il devient quelque chose de plus grand et de plus beau, et bien là on aura réussi. Pour moi, il est là le sens de tout ça.
Justement, on ressent une humilité incroyable dans votre projet, dans votre façon d’en parler. Malgré cela, quelque part au fond de vous, vous aimeriez qu’il participe à faire peut-être bouger les choses à ce niveau-là ?
Je ne suis pas le sauveur du monde non plus, je ne suis que réalisateur. Comme je vous le disais tout à l’heure, essayer de faire l’interface. Vous savez, le jour des attentats, on devait être reçus par François Hollande, qui a fait appeler son Cabinet pour s’excuser. J’ai dit, mais attendez, qu’est-ce qu’on en a foutre de faire une projection à l’Elysée !? C’est tellement plus grave ce qu’il se passe. Je ne suis pas le sauveur du monde, mais en tout cas, je suis très fier du film. Souvent on me dit : « Mais t’es content ? ». Non je suis très fier. Je suis très fier, car j’avais écrit quelque chose, un éveil du conscient citoyen. Ca, c’est déjà ça. Et si les spectateurs viennent en nombre, eh bien ça serait super, et s’ils prenaient conscience du débat, du propos avec humour, eh bah ça serait encore mieux, ça serait génial. Je vais vous donner des noms : Eqosphere, OptiMiam et Checkfood. Ce sont des interfaces personnelles qui luttent contre le gaspillage alimentaire de manière quotidienne, soit en faisant l’interface entre les enseignes et les associations, ou avec des gens qui peuvent transformer des produits qui sont censés être gaspillés. Et OptiMiam et Checkfood, ce sont des applications smartphone pour être géolocalisées pour lutter contre le gaspillage chez nous. C’est important. Je vois à la télé les comédiens qui parlent du film, je suis ultra fier d’eux. Parce que, putain, ils en parlent, c’est tellement juste ce qu’ils disent, la manière dont ils s’expriment, l’authenticité, je crois qu’on a un vrai virage. Je n’ai plus envie en tant que spectateur d’être pris pour un con, je n’ai pas du tout envie de vendre ça, j’ai envie de dire ce qu’on fait et ni plus, ni moins, et pas avoir de médaille pour dire « chouette, j’ai fait quelque chose de formidable ». On a juste fait un film qui rassemble. Si les gens viennent demain (sortie le 21 janvier), j’en serai heureux.
Nous vous le souhaitons !
Merci.
Quelle était l’ambiance sur le tournage ? Ressentiez-vous cet élan social qui porte le film ?
Oui, oui ! Tout le monde. J’avais envie de créer une sorte de famille, un peu comme dans Le Roi Lion, un dessin-animé comme ça, où on les voit tous, quand il y a le papa, la maman, le fils, la fille qui va tomber amoureuse, le petit frère… C’était ça. Je crois que ça se voit. On est authentiques, ils le sont, et on est devenu très amis. Parce qu’on a vécu des moments très forts. On a vécu un moment très fort le 26 juin, quand je leur ai montré pour la première fois. On a vécu des moments très beaux sur le tournage, on a vécu un moment très beau à Angoulême le 26 août, et on a vécu un moment très beau le 12 janvier, le lendemain de cette marche solidaire où on avait su à ces deux moments précédents, que ce n’était plus du tout notre film. Mais le 12, c’était sûr que ce n’était plus du tout notre film, qu’il y avait des valeurs dedans qui avaient été perçues déjà en avant-première à Aix-en-Provence, comme un souffle de rassemblement. C’était beau ! Il y a un réalisateur qui a dit : « Moi je suis la voix des sans-voix, des personnes à qui on ne donne plus la parole, qu’on n’écoute pas, qu’on n’écoute plus ». Et en fait, les spectateurs sont aujourd’hui les porte-voix du propos. La presse le fait très bien aussi, ça j’en suis très fier.
Vous aussi en tant que réalisateur, parce que tout à l’heure vous disiez que vous n’étiez « qu’un réalisateur ». Mais en même temps, il y a des tas d’hommes qui ont fait avancer la société, on aurait pu dire qu’ils étaient que des écrivains, etc.
C’est vrai. Mais c’est une manière d’être très pragmatique, parce que j’ai essayé d’apporter ma vision à un moment donné, j’ai essayé de monter des projets auxquels je crois, et de donner du sens à tout ça.
Interview réalisée en association avec MissBobby du site MissBobby.net
Un grand merci à Louis-Julien Petit, ainsi qu’à l’agence Bubbling Bulb, Natacha et Alexandra en particulier.