Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Félix et Meira
Pères : Maxime Giroux
Date de naissance : 2014
Majorité : 4 février 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Canada
Taille : 1h45 / Poids : 500.000$
Genre : Drame, Romance
Livret de famille : Martin Dubreuil (Félix), Hadas Yaron (Meira), Luzer Twersky (Shulem), Anne-Elisabeth Bossé (Caroline), Benoît Girard (Théodore), Melissa Weisz (Ruth)…
Signes particuliers : Une romance qui a volé la vedette au Mommy de Xavier Dolan au dernier Festival de Toronto.
UNE HISTOIRE D’AMOUR PAS BANALE
LA CRITIQUE
Résumé : Tout oppose Félix et Meira. Lui mène une vie sans responsabilité ni attache. Son seul souci, dilapider l’héritage familial. Elle est une jeune femme juive hassidique, mariée et mère d’un enfant, s’ennuyant dans sa communauté. Rien ne les destinait à se rencontrer, encore moins à tomber amoureux. L’INTRO :
Félix et Meira faisait partie des grosses attentes du début de l’année 2015, pour la simple et bonne raison que présenté au dernier festival de Toronto, le film de Maxime Giroux s’est tout bonnement adjugé le Prix du Meilleur Film Canadien, au nez et à la barbe du fabuleux Mommy de Xavier Dolan. Rien que ça. Un bel accueil faisant écho à ceux reçus du côté d’autres prestigieuses manifestations cinématographiques, à Chicago, San Sébastian, Hambourg, Sarlat ou Varsovie. Et ce n’est là qu’un échantillon des nombreux festivals qu’il aura sillonné. Troisième long-métrage du cinéaste (après Demain et Jo pour Jonathan), Félix et Meira s’attache à la rencontre improbable d’un sans attache insouciant et d’une jeune femme juive hassidique, mariée et mère d’une fillette en bas âge. Il manque d’un but dans la vie, elle s’ennuie dans sa communauté devenue une source d’étouffement et de tristesse.L’AVIS :
Sur le papier, Félix et Meira avait un très gros potentiel. De premier abord, il se confirme avec une approche pudique et délicate de son triangle amoureux dramatique auquel s’adjoint Shulem, le mari de Meira. Le problème, c’est que « dramatique » sera le terme idéal pour qualifier le film de Maxime Giroux. Le cinéaste fait preuve d’une incapacité totale à exploiter correctement les enjeux qui sous-tendent son entreprise. Au fil de ses scènes manquant autant d’âme, que de force, de passion et de caractère, Félix et Meira s’enlise doucement mais sûrement. Dans l’ennui et la redondance, dans la vacuité de son propos, dans l’artificialité de son drame amoureux et existentiel aussi, comme incapable de transcender son récit pour l’amener vers une quelconque réflexion dominante, sombrant lentement au lieu de cela, dans les clichés qu’il cherchait à déjouer et dans un vide faussement inapparent.La justesse, l’émotion et l’intelligence visées, Maxime Giroux les effleurent au détour d’une maigre poignée de séquences éparses. L’avant-dernière centrée sur Shulem et glissant un subtil soubresaut d’émotion, ou la dernière, plus intelligente que formellement réussie, à la fois mélancolique et en un sens terriblement tragique et désespérée. Pour le reste, Félix et Meira est un tâtonnement permanent. Des personnages grossièrement dessinés, une évolution narrative maladroite, des scènes et situations inlassablement manquées, un ton insaisissable, quelques résurgences étonnantes laissant circonspects (un clip de Sister Rosetta traversant le film, une séquence comique absconse où deux espagnols échangent devant un bar sur les deux protagonistes)…Grave et sérieux, Félix et Meira trébuche souvent, trop souvent, et engendre une sorte de drôlerie involontaire opérant à ses dépends. On ne pourra même pas se raccrocher à sa subtilité en réalité factice, à sa mise en scène impersonnelle ou à une interprétation brillante, car même si le couple Martin Dubreuil/Hadas Yaron s’efforce d’être convaincant, la prestation des deux comédiens demeure bien quelconque. Félix et Meira est une amère déception, un film à l’équilibre branlant, certes animé d’une évidente sincérité, mais globalement, raté. D’autant plus dommage que pendant une bonne moitié, on se prête encore à y croire. Mais rien de salutaire ne vient.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux