Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Killers
Père : Mo Brothers
Date de naissance : 2014
Majorité : 26 novembre 2014
Type : Sortie DVD/Blu-ray
Nationalité : Indonésie, Japon
Taille : 2h07 / Poids : NC
Genre : Thriller, Horreur
Livret de famille : Oka Antara (Bayu), Epy Kusnandar (Robert), Rin Takanashi (Hisae), Kazuki Kitamura (Nomura), Ray Sahetapy (Dharma), Mei Kurokawa (Midori)…
Signes particuliers : Un thriller choc et ultra-violent venu d’Indonésie et du Japon, soutenu par les producteurs de The Raid 2 et réalisé par un tandem japonais frappadingue. Âmes sensibles s’abstenir.
CUISINE ASIATIQUE : VOUS ALLEZ DÉGUSTER !
LA CRITIQUE
Résumé : A Tokyo, un serial killer assassine des femmes et poste ses crimes sur la toile. A Jakarta, un solitaire met en ligne ses meurtres pour que tout le monde puisse les voir. Un jeu du chat et de la souris, et une compétition s’ouvre entre deux monstres psychopathes en mal de notoriété. Ce n’est donc qu’une question de temps avant que ces deux tueurs ne s’affrontent. L’INTRO :
Le cinéma asiatique a toujours été habité par une certaine forme de violence bouillonnante. Déjà dans les années 70 ou 80, on la retrouvait dans les polars de série B japonais, dans un certain pan du cinéma chinois de la Shaw Brothers ou plus tard dans les films d’action HK des années 80 puis 90. Mais depuis quelques années, en marge du cinéma trash-underground nippon, c’est la production coréenne, venue se mêler à cette effervescence stylistique, qui nous a habitué à des péloches sacrément rentre-dedans et repoussant les limites de la violence, qu’elle soit graphique, morale, frontale, psychologique ou hardcore. Avec l’arrivée furieuse de The Raid en 2011, ce fut au tour de l’Indonésie de se manifester internationalement dans le registre. Et justement, quand on parle du loup… Porté par les producteurs de The Raid 2, Killers est une coproduction entre le Japon et l’Indonésie qui aura provoqué une onde de choc au Festival de Sundance, sans doute peu préparé au déboulé de ce nouveau film des Mo Brothers (alias Timo Tjahjanto et Kimo Stamboel), auteur précédemment du très évocateur Sadistic Horror.L’AVIS :
Le tandem s’est forgé une réputation qui n’a pas été confectionnée dans la dentelle. Et Killers ne viendra certainement pas la contester. Pour faire simple, vous visualisez les The Chaser, I Saw the Devil et autres réjouissances coréennes coup-de-poing ? Dites-vous que Killers est au mieux du même acabit, sinon pire. A cheval entre deux nationalités, le nouveau film des Mo Brothers est de ces œuvres chocs qui ne laissent pas indemnes. On savait le cinéma nippon capable d’être sacrément jeté. On savait le cinéma indonésien capable d’être furieusement sec et impitoyable (on en revient à The Raid). Imaginez maintenant le mariage des deux…
Du niveau d’un Hostel question barbarie ou à placer au rang d’un J’ai Rencontré le Diable question intensité nerveuse, Killer est une boucherie horrifiante doublée d’un haletant thriller rampant sur le terrain du genre tout en se relevant parfois pour courir éperdument vers le cinéma d’action qui dépote avant de se reposer entre deux salves traumatisantes, sur le drame psychologique avec une histoire inconfortable flirtant avec les thématiques de la fascination morbide, de l’influence néfaste, du voyeurisme macabre, de la violence comme exutoire cathartique… Cruel et diabolique derrière son récit à la fois spectaculaire et machiavélique (lorgnant même par moments du côté du Se7en de Fincher), Killers n’est pas forcément le film le plus révolutionnaire de l’année, il ne hissera peut-être pas au niveau de toutes les pépites jusqu’ici évoquées, mais il fera à n’en pas douté son petit effet auprès des amateurs de séries B traumatisantes.
Mais la grande force du film des Mo Brothers est sans doute de ne pas se limiter à ses seuls appels du pied au torture porn. Killers n’est pas uniquement motivé par ses séquences abominables et insoutenables de violence graphique, mais aussi par l’histoire qui les intègre via un scénario bien ficelé, dense et équilibré, fouinant du côté du terrain psychologique dérangeant autant qu’il s’énerve à travers des fulgurances magnifiées par une réelle splendeur visuelle. Car cerise sur le gâteau, le film affiche une esthétique très léchée et formaliste qui ne manque pas de séduire et de nous conforter dans l’idée que Killers est bel et bien une petite bombe modeste… mais qui ne saura pas rester discrète. Car le sang va gicler et pas qu’un peu !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux